Pour lire la partie précédente, consultez le billet Les différences entre un accouchement à terme et un accouchement prématuré.

À quoi s’attendre si bébé est en néonatalogie? Quand la situation le permet, il arrive que le personnel médical en place puisse offrir aux futurs parents de visiter la néonatalogie avant que la mère accouche du bébé pour mieux les familiariser, mieux les préparer à ce qui s’en vient.

Voir son bébé dans un incubateur, branché avec plusieurs tubulures un peu partout sur un corps si petit est très impressionnant pour les parents.

On peut s’attendre à quoi comme technologie lorsqu’on voit notre bébé de grande prématurité pour la première fois en néonatalogie?

• Certains auront besoin d’un respirateur artificiel pour compenser leur immaturité, tandis que d’autres auront plutôt besoin d’une tente à oxygène.
• Les bébés dans ces conditions sont toujours monitorés, c’est‑à‑dire qu’ils auront des électrodes sur leur thorax connectés à un moniteur afin d’enregistrer leur rythme cardiaque et respiratoire. Le personnel surveille en tout temps les moniteurs de tous les bébés.
• Un appareil appelé saturomètre est très précieux et on l’installe le plus souvent sur le pied du bébé. Il sert à calculer, par un infrarouge, le taux d’oxygénation du bébé dans son sang. Ces mesures permettent d’ajuster en tout temps le taux d’oxygène administré au bébé afin d’éviter les complications de trop en donner ou pas assez.
• Les bébés de grande prématurité ont toujours un soluté. Il faut toujours une voie veineuse ouverte pour donner rapidement une médication ou hydrater le bébé. Le soluté est souvent installé sur la tête du bébé, puisque la veine est plus visible et de bon calibre comparativement à son pli du coude. Mais on peut aussi installer le soluté au bras et au pied au besoin.
• Les bébés ont tous des prises de sang de contrôle, une radiographie des poumons presque de routine et d’autres tests spécifiques au besoin.
• Les bébés grands prématurés ne sont pas en mesure de coordonner les mouvements de téter, respirer et avaler en même temps. Afin de les nourrir, il est parfois nécessaire d’y aller, pour un certain temps, par voie intraveineuse ou par gavage. Un gavage veut dire qu’un très petit tube souple est installé directement dans l’estomac du bébé via son nez ou sa bouche qui sert de canal pour acheminer le lait. Ainsi, le bébé n’a pas d’effort à faire pour se nourrir et peut ainsi garder son énergie pour continuer sa croissance. Puis, viendra le jour où on pourra le mettre au sein ou le nourrir par biberon.

Le vécu des mamans quand la naissance est prématurée

Que d’émotions vivent les mamans!

En général, les nouvelles mères ont hâte de voir leur bébé mais elles peuvent aussi craindre et redouter en même temps ce moment. Il y a un vide flagrant quand le bébé sort de son utérus et qu’il est emporté à toute vitesse, sans contact, disparu d’un seul coup, la laissant seule et vide!

Le sentiment est profond et lourd. Tout semble irréel, comme dans un rêve!

Encore affaiblie par le travail et l’accouchement (vaginal ou par césarienne), la maman peine souvent à se déplacer. Si elle est hospitalisée dans le même centre que bébé, elle se rend à la première rencontre avec bébé soit à la marche, en chaise roulante ou même sur civière.

Celles qui ont été séparées de leur bébé dès la naissance pour un transfert d’urgence vers une néonatologie peuvent souvent compter plusieurs jours avant de pouvoir voir leur bébé. Les contacts téléphoniques ou avoir une personne de confiance auprès du bébé aide la nouvelle mère à supporter cette attente.

La néonatalogie est un univers très technologique, très impressionnant pour des profanes dans le domaine médical. La vision de l’ensemble peut faire bien peur à des nouveaux parents et créer beaucoup de stress et d’anxiété, surtout si le bébé est dans une situation de santé précaire et instable ou sa survie est encore incertaine.

Chaque mère réagira à sa façon lors du premier contact avec son bébé. Certaines trouveront leur bébé très beau. D’autres diront qu’il est laid, avec son apparence extérieure qui laisse paraître un être très vulnérable, petit, maigre avec une peau rouge.

Le choc émotif est incontestable. C’est vivre, d’une certaine façon, un deuil, le deuil d’une grossesse et d’un accouchement normal et sans histoire. Les étapes de deuil se succèdent :

• la négation;
• la peur;
• la perte de contrôle;
• la désorganisation;
• la colère et l’agressivité;
• la culpabilité;
• la tristesse et la déception;
• la frustration.

Leur intensité et leur durée dépendent de chaque personne qui vit le deuil.

Le vécu des papas quand bébé est prématuré

Lors d’un accouchement à terme et sans complication, un père vit souvent du stress devant tout l’inconnu qui l’entoure. Mais imaginez lorsque son bébé naît prématurément.

Dès le travail, on avise souvent les parents qu’il est probable qu’un intervenant parte rapidement avec le bébé après sa naissance pour le transporter aux soins intensifs. Adieu le désir de sortir le bébé à la naissance. Adieu le peau à peau tant désiré pour vivre les premières minutes de vie extra‑utérine avec le bébé. Où est la chaleur de cette expérience? Où est le sens de la vie si fragile? Comment s’y retrouver comme papa?

Le père joue souvent le rôle primaire auprès de son bébé puisqu’il peut, la plupart du temps, le suivre dès l’accouchement vers la néonatalogie. Il peut observer son bébé et l’environnement et venir ensuite donner un compte rendu à la mère en attente de pouvoir aller à la rencontre de son bébé à son tour. C’est très rassurant pour une nouvelle maman de savoir que son amoureux est en présence de leur bébé. Mais cette position qui revient au père peut aussi être très difficile quand les nouvelles sont plus ou moins bonnes concernant l’état de santé du petit. Le papa est coincé dans sa peur pour son bébé et son désir de continuer à soutenir son amoureuse qui a besoin de lui aussi.

Le papa vit aussi le deuil de l’enfant à terme et en santé, mais le rythme est différent de la femme. Les émotions se bousculent et leur expression reste variable selon la personnalité de l’individu au départ : pleure, angoissé, agressif, colérique, stupéfait, bouche‑bée (garde tout pour lui), fuyant, absent (souvent se donne davantage dans son travail) en sont des exemples.

Les pères aussi ont besoin d’être rassurés, écoutés et soutenus. L’équipe médicale de la néonatalogie tente du mieux qu’elle peut de ne pas l’oublier.

Les réactions des familles élargies

Socialement, bien que la venue d’un bébé soit vécue, le plus souvent, comme un événement très heureux, on note cependant que le fait d’avoir un bébé de grande prématurité plonge souvent les familles autour des nouveaux parents dans l’incompréhension.

La prématurité est mal connue par ceux qui n’ont jamais été collés de près à cette réalité. Plusieurs parents sont mal à l’aise d’annoncer la naissance trop précoce de leur bébé à leurs familles et amis, de peur de recevoir plusieurs commentaires désobligeants ou d’avoir à gérer différentes réactions possibles.

L’entourage ne sait pas non plus comment réagir devant la détresse des parents. Malheureusement, la réaction spontanée dans pareille circonstance est souvent de s’éloigner. Ce qui fait que souvent, les nouveaux parents reçoivent peu de félicitations, de fleurs ou de cadeaux. L’ambiance est souvent plus triste, bien loin me direz‑vous, de ce que l’on attend habituellement lors de l’arrivée de notre bébé.

Que dire maintenant du retour à la maison. Le vide, l’absence et le fait d’être séparé de son bébé rendent la vie bien difficile aux parents qui doivent se mobiliser quotidiennement pour voir leur bébé à l’hôpital puis revenir à la maison le soir avec les bras vides.

Pour continuer la lecture, rendez-vous à la suite, L’attachement et la prématurité.