Que ce soit durant la grossesse ou après l’accouchement, plusieurs femmes rencontreront des problèmes de constipation durant la période périnatale. Il est fréquent chez la femme enceinte de vivre des épisodes de constipation durant la grossesse, de par les nombreux changements physiologiques, et plusieurs pensent à tors que le tout sera terminé aussitôt le bébé sorti. Malheureusement, même si une femme n’a jamais eu de problématique de constipation, le rétablissement de la fonction digestive ne reprend pas à la minute même où l’accouchement est passé. Il y en a pour qui tout se passera mieux qu’attendu et pour d’autres, la constipation pourrait survenir, se continuer ou s’aggraver à la période postnatale.
Les données récentes de Santé Canada au niveau du guide pratique sur la santé post-partum mettent en évidence la constipation comme une condition assez commune en postnatal chez les nouvelles mères, condition à laquelle l’on devrait s’arrêter pour prévenir les inconforts et les complications pouvant s’y rapporter.
La constipation
La constipation est caractérisée par des selles peu fréquentes (2 selles ou moins par semaine), dures, sèches et difficiles à expulser.
Une constipation peut être d’origine organique, c’est à dire en lien avec une condition de santé particulière ou bien un effet secondaire d’un médicament, par exemple. La constipation peut aussi avoir une cause que l’on dit fonctionnelle, et cette dernière est en lien direct avec un transit de l’intestin plus lent ou un affaiblissement du plancher pelvien.
La constipation peut, en ce sens, créer des malaises abdominaux, des crampes inconfortables et peut provoquer l’apparition d’hémorroïdes avec ou sans saignements lors de l’expulsion des selles.
Pourquoi la constipation durant la grossesse?
La constipation fait bien souvent partie du vécu des femmes enceintes. Dans le premier trimestre, c’est entre 25 et 40% d’entre elles qui manifestent des problèmes de constipation. On parle alors de moins de 3 selles par semaine et d’une consistance plus ferme.
Les mouvements de l’intestin ralentissent sous l’effet hormonal. L’intestin se relâche et il devient plus paresseux. On dit qu’il y a un transit intestinal ralenti sous l’effet de la progestérone et aussi relié à la compression du contenu grandissant dans l’abdomen. Il y a aussi au niveau intestinal, une augmentation de l’absorption qui se fait tout au long de la grossesse.
De plus, l’utérus augmentera sa taille de 40 fois et son poids de 15 à 20 fois avec l’évolution de la grossesse, ce qui laisse peu de place à l’intestin pour se déployer. Il est comprimé, ce qui ne facilite pas l’élimination. On peut dire également que la consommation de fer, l’aspect mécanique changé de l’intestin et la réduction d’exercices peuvent aussi être des causes possibles de l’émergence de la constipation.
À la fin de la grossesse, le bébé plus gros peut parfois comprimer l’intestin.
Pourquoi la constipation à la période postnatale?
Plusieurs raisons peuvent être évoquées pour expliquer pourquoi une femme peut être plus susceptible d’être constipée après l’accouchement.
- Lors du travail et de l’accouchement, une femme mange moins et boit très peu lors du travail actif, ce qui peut interférer dans son hydratation générale et favoriser un assèchement des selles dans son intestin.
- Les hormones présentes durant la grossesse sont aussi présentes à la période postnatale. Certaines de ces hormones amènent un relâchement et peuvent ralentir le péristaltisme intestinal et prédisposer par le fait même au ralentissement et à la fréquence d’élimination, d’où la formation de selles plus dures et sèches. Si la selle demeure plusieurs jours au niveau de l’intestin, il peut y avoir la formation d’un bouchon que l’on nomme fécalome qui peut prendre un volume parfois très impressionnant. Pas besoin de vous dire que c’est une situation à éviter le plus possible, bien évidemment.
- Après un accouchement, le transit intestinal peut ralentir aussi compte tenu que l’intestin se déploie dans un abdomen où il y a plus de place.
- La prise de certaines médications (analgésiques, fer) durant le travail et l’accouchement ou en postnatal immédiat peuvent avoir comme effets secondaires de ralentir le transit intestinal.
- Une nouvelle accouchée qui a une déchirure au niveau du périnée et/ou des hémorroïdes peut se retenir de peur de ressentir encore plus de douleur lors de la défécation, causant ainsi de la constipation.
- Lors d’une chirurgie comme une césarienne, on compte 3 à 5 jours facilement pour que le système digestif reprenne son fonctionnement dit plus normal, comparé à 2 à 3 jours pour un accouchement vaginal.
Que faire pour prévenir la constipation durant la grossesse et en postnatal
- Manger régulièrement des aliments riches en fibres comme des pruneaux, des fruits et des légumes, des grains entiers et dans le même sens, éviter les substances qui pourraient au contraire, porter à vous constiper comme le riz, les produits laitiers et les pâtes.
- Boire de l’eau tous les jours en bonne quantité (6 à 10 verres par jour), puisque l’eau est le meilleur laxatif naturel. On peut tenter de prendre de l’eau chaude en tisane par exemple pour relâcher les tensions et aider la descente des selles dans l’intestin.
- Bouger graduellement pour activer le transit intestinal, comme avec la marche.
- Prendre des émollients fécaux (ex: Colace™, Métamucil™, Bénéfibre™, Surfak™, Prodiem™, Laxaday™) que le médecin pourrait vous prescrire afin de ramollir les selles et ainsi, faciliter leur expulsion. D’autant plus important si vous êtes déjà connues pour de la constipation fréquente. Noter qu’il faut bien boire de l’eau pour avoir un effet maximum des émollients.
Le traitement d’une constipation durant la grossesse et en postnatal
- Il y a des laxatifs doux que vous pouvez utiliser durant la grossesse et après l’accouchement, comme les suppositoires de glycérine ou les Fleet™ en lavement, et ce, même si vous allaitez votre bébé. Il n’y a pas de traitement magique malheureusement pour toutes les femmes, mais il y a plusieurs produits possibles, ne suffit que de trouver le bon pour vous.
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Hémorroïdes et plaies : Pour éviter d’avoir peur d’aller à la selle, traiter les hémorroïdes et les plaies post accouchement s’il y a lieu, pour réduire au maximum la douleur.
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Hémorroïdes : Appliquer une crème locale (ex: Anusol™, Hémocort™) et/ou un pansement d’hamamélis et de glycérine (Tuck™) au niveau rectal pour aider la résorption, le tout est compatible durant l’allaitement.
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Plaies : On traitera avec des anti-inflammatoires pris régulièrement dans la première semaine postnatale (ex: Naproxen™, Aleve™) accompagné d’un analgésique sans conséquence sur le transit intestinal, comme l’acétaminophène, pris aussi régulièrement dans les premiers jours. On peut appliquer de la glace sur le site des points pour soulager la douleur temporairement.
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- Éviter de rester debout trop longtemps pour ne pas accentuer la congestion vasculaire (enflure) au niveau du bassin et la pression sur les points (si plaie(s)) et les hémorroïdes.
Au besoin, demandez à votre pharmacien ce dont vous pouvez vous prévaloir si la constipation perdure malgré les interventions précédentes et/ou un inconfort persiste. Consultez votre médecin si vous avez du sang ou du mucus dans vos selles, des saignements abondants et/ou une douleur importante au niveau abdominal.
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Mise à jour de l’article : septembre 2024.