Avoir un enfant différent

Accouchement, Conseils santé, Postnatal

Je vous présente aujourd’hui un sujet délicat. Vivre avec un enfant différent est un thème qui n’est pas toujours évident à traiter, surtout lorsqu’on s’adresse à un couple qui attend un bébé ou qui vient de vivre une naissance.

Même si les suivis de grossesse se font de façon très rapprochée comparativement à jadis et qu’il y a plusieurs tests de dépistage prévus durant la gestation, il n’en demeure pas moins que l’on se sent souvent bien impuissant devant les mystères de la vie et de la nature humaine.

Jamais on ne peut garantir quoi que ce soit aux parents concernant le devenir de leur enfant. Tous les parents se préparent à l’arrivée d’un bébé en santé. Vivre l’arrivée d’un bébé différent soulève toutes sortes d’émotions et d’incompréhension. C’est pourquoi j’ai décidé de parler franchement et ouvertement de cette possibilité afin de sensibiliser le plus possible l’ensemble de la population.

Même si certains bébés naissent et grandissent avec une apparence extérieure particulière, il faut dire que la grande majorité aura un développement physique tout à fait normal. Au niveau psychosocial, il aura des défis à surmonter, tout comme ses parents. Souvent les nouveaux parents anticipent l’acceptation de leur enfant dans l’entourage, dans leur milieu. Ils craignent les regards posés sur lui, l’intimidation et ils ont peur qu’il soit rejeté.

Pour les parents, avoir un enfant différent est un cheminement adaptatif qui demande du temps.

Photo : Billet de blogue enfant différent, Famille Fejes
Source de la photo : Éric Plante. La Famille Fejes.

Durant la grossesse, on se fait une image de l’être en devenir et de la vie que l’on partagera avec lui. On essaie tant bien que mal d’imaginer son allure, son caractère et comment la vie en famille se déroulera après sa venue. Jour après jour, on essaie de se préparer du mieux possible, selon nos connaissances, afin de donner toute les chances qui favoriseront le plein potentiel de développement du bébé en formation. Néanmoins, la destinée en a parfois décidé autrement.

L’annonce

L’échographie morphologique de la vingtième semaine de grossesse permet souvent de découvrir plusieurs anomalies chez le fœtus. Avant même la naissance, la femme enceinte et le couple seront référés à une équipe de spécialistes qui sera en mesure de leur parler de ce qui les attend pour le reste de la grossesse, lors de la naissance et le suivi, la prise en charge du bébé après son arrivée.

Le choc

Il faut le dire, lorsqu’on apprend que notre enfant souffre d’une problématique, c’est un immense choc pour les parents.

Selon les parents, il y a un avant et un après l’annonce. Le avant, avec la joie de la venue de leur enfant et le après, avec les inquiétudes et les questionnements.

Durant la grossesse, il est souvent difficile, pour les équipes de soins spécialisés, de donner des détails précis sur le bébé et son devenir, surtout si la problématique que présente l’enfant n’est pas claire. Pour certains syndromes, ça peut prendre des années avant d’être diagnostiqué de façon plus spécifique, laissant ainsi les parents dans l’attente et l’inconnu.

Plusieurs parents deviennent très anxieux à la lecture de tout ce qu’ils trouvent sur Internet. Les situations présentées ne sont pas nécessairement associées à la condition réelle de leur bébé.

Ce n’est pas facile pour personne de vivre dans le doute au quotidien. Mais le bébé n’a pas choisi d’être différent et il n’est pas responsable de la situation. Comme les autres bébés, il a besoin de soins, d’amour et de vous.

Lorsque les parents apprennent la nouvelle durant la grossesse, plusieurs se demandent : Comment vais-je l’accueillir? Comment je vais réagir en le voyant? Et si je ne le trouvais pas beau! Et si je pleure! Est-ce que je serai en mesure de m’attacher à mon bébé? Tant de questions peuvent se poser suite à l’annonce.

Laissez la place à votre réaction. Pardonnez-vous la façon de vous exprimer au moment venu, puisqu’il est impossible de se préparer à 100 %, même si vous avez appris la nouvelle lors de la grossesse. La réaction anticipée est souvent très différente de la réaction vécue. Laissez exprimer votre peine, votre spontanéité vers la libération de toute cette émotion liée au choc.

Lors de la naissance, les parents anticipent de voir l’apparence de leur bébé mais on oublie souvent qu’ils vivront la première rencontre avec leur enfant dans toute son entité. Ils verront de leurs yeux leur bébé dans son ensemble pas juste dans sa différence.

Lorsque les parents pleurent à la naissance, ils pleurent la condition de leur enfant mais pas l’enfant lui-même. On peut être heureux d’avoir notre enfant et triste à la fois de prendre conscience de sa différence. Il faut se laisser du temps pour s’y adapter.

Vivre le deuil d’un enfant dit normal.

Vivre l’arrivée d’un bébé différent dans sa vie, c’est faire face à une nouvelle réalité, c’est vivre un deuil, le deuil d’un enfant dit normal, de l’enfant attendu et désiré.

Un deuil, ça prend du temps pour le vivre et pour passer au travers. Chaque personne le vivra selon son rythme puisque le deuil est un cheminement très personnel et intime, car il touche l’être en profondeur.

Il y a beaucoup de questions face à la vie avec un bébé aux besoins particuliers, mais pas toujours de réponses :

  • Comment vivra-t-on avec notre bébé?
  • Comment pourra-t-il faire ses différents apprentissages?
  • Qui deviendra-t-il?
  • Sera-t-il autonome un jour?
  • Les projets d’avenir?
  • Son espérance de vie?

Sans le vouloir, les parents se projettent souvent à long terme avec leur enfant qui grandira. Ils voient loin en avant avec des attentes pas toujours réalistes.

Vivre le deuil d’un enfant dit normal, c’est vivre un mélange d’émotions. Il y a différentes phases qui se bousculent lorsqu’on se retrouve devant un vécu difficile, un mur qui nous déstabilise :

  • le choc;
  • la culpabilité;
  • la peur;
  • la colère;
  • le découragement;
  • la tristesse;
  • la dépression;
  • et finalement l’acceptation.

Ces étapes ne sont pas linéaires et peuvent parfois se chevaucher, s’interchanger à travers le temps et les événements.

Le passage au travers des phases du deuil est lié à l’état du bébé lui-même, selon la gravité de son état. Ce passage est aussi influencé par les capacités personnelles des deux parents à faire face à ce genre de réalité et du réseau de soutien dont ils disposent dans leur environnement. Tout cela jouera sur la durée et la résolution du deuil. Il y aura toujours des gens qui vous diront qu’ils n’ont jamais accepté la situation à laquelle ils font face, mais qu’ils ont néanmoins appris à vivre avec et à composer avec cette réalité.

Photo : Billet de blogue enfant différent, Famille St-Onge
Famille St-Onge

La culpabilité

La culpabilité est très présente lorsque le bébé naît avec une problématique en santé. Le premier réflexe est souvent de chercher la cause, le pourquoi et à qui la faute. Qu’est-ce qu’on a fait pour que cela nous arrive?

Le plus souvent, l’état du bébé est la résultante de circonstances incontrôlables où les parents et le bébé lui-même sont malheureusement les victimes de la nature et du hasard de la vie.

Bien qu’on ne puisse pas apaiser complètement les sentis des parents, on peut dire que dans la grande majorité, un soutien approprié aide les gens à évoluer à travers cette expérience de vie, même si elle demeure difficile à vivre au quotidien.

Les impacts de l’arrivée d’un bébé différent

Il y a plusieurs variables ou facteurs qui peuvent aider ou nuire à l’adaptation de tous les parents, comme :

  • la relation de couple existante;
  • les ressources personnelles devant un changement;
  • les connaissances;
  • le revenu;
  • la présence ou non d’un réseau de soutien.

Imaginez quand on a un bébé aux besoins particuliers!

Impact sur le parent individuellement

Comme père ou mère, on peut facilement se remettre en cause lors d’une expérience difficile à vivre. Selon les personnes, quelques éléments pourront plus ou moins aider à traverser les différentes étapes du deuil avec l’arrivée d’un enfant différent :

  • la capacité personnelle à traverser des drames;
  • le tempérament;
  • le bagage d’expériences accumulées.

Plusieurs personnes auront besoin de temps pour se retrouver. Avoir du temps à soi pour faire le bilan du vécu, libérer les émotions, les tensions et voir à retrouver bien-être et équilibre.

Ce n’est pas parce que les deux parents vivent la même situation qu’ils la vivent de la même manière.

Se sentir dépourvu

Plusieurs parents se sentiront dépourvus dans leurs habiletés parentales. Vais-je être capable de lui inculquer une bonne image de soi? Comment vais-je lui donner confiance en soi quand j’ai moi-même encore de la difficulté à l’accepter?

Plusieurs parents iront consulter afin d’obtenir un suivi psychologique pour aider leur adaptation. Demander de l’aide n’est pas une faiblesse, mais plutôt une grande force. Un parent bien soutenu sera en mesure de se sentir mieux et de donner davantage à ses enfants. Et ce, sans pour autant abdiquer à ses propres besoins.

Impact sur la relation avec le bébé

La relation avec un nouveau bébé est à créer pour chaque parent. L’attachement à développer pour son enfant peut aussi être touché par les circonstances entourant sa condition.

Il se peut que le bébé ait besoin de maintes technologies, d’être hospitalisé à plus long terme, d’avoir des soins très demandant, avec peu ou pas de contact direct possible avec lui. Tout cela peut rendre difficiles le développement de la relation et toute la notion d’attachement.

Craindre la mort de son enfant ou ignorer son demain est aussi un sentiment qui peut freiner les élans du parent vers sa progéniture. Inconsciemment, le parent peut se dire : « et s’il mourrait, je serais mieux de pas trop m’y attacher, car je vais avoir encore plus mal ». Au final, pour mieux se protéger, il préfère se tenir plus loin ou fuir la situation au lieu d’y faire face.

Photo : Billet de blogue enfant différent, Famille Dignard
Famille Dignard

Impact sur la relation de couple

En règle générale, on dit qu’avoir un bébé ne rapproche pas un couple. Parce qu’il y a là un changement majeur à vivre et un ajustement à réaliser pour faire évoluer la relation de couple à travers la dimension d’être parents.

La notion de couple est beaucoup touchée lorsque l’un ou l’autre ou les deux parents doivent assumer des tâches ou responsabilités qui sont bien au-delà des indications, des attentes habituellement rencontrées.

Les soins à donner à un bébé aux besoins particuliers peuvent occuper une grande place dans le quotidien et laissent peu de temps au couple pour maintenir une relation amoureuse vivante au travers de tous ces bouleversements. Le focus est plus orienté vers le bébé et la relation de couple n’est pas toujours évidente à prioriser et à retrouver après la naissance. La communication et le dialogue restent primordiaux.

L’intimité

L’intimité peut être très touchée. La sexualité, la libido, la peur et l’angoisse d’être enceinte à nouveau et que la situation se reproduire pour un autre enfant. Le drame vécu peut avoir un impact direct sur le désir d’enfanter à nouveau.

La relation de couple est très souvent fragilisée. Avoir un bébé différent est une épreuve qui augmente la difficulté d’être parents. Il faut qu’ils apprennent à rester sensibles l’un envers l’autre et à se soutenir mutuellement selon le vécu de chacun.

Le futur du bébé

La crainte face au devenir du bébé augmente le stress et l’angoisse au quotidien, avec un impact direct sur la qualité de la relation de couple. Le bébé prend beaucoup de place, autant dans la tête que dans le quotidien. Essayer de vivre le plus normalement possible, sans cacher le bébé, reste à établir.

Pour certains parents, cette épreuve sera le point tournant de leur relation, la fin du couple avec le besoin de s’isoler, de fuir. Le non-dit, l’éloignement entre les deux peut possiblement et malheureusement évoluer vers une séparation temporaire ou définitive.

Impact sur le budget

Le budget peut être grandement affecté par l’arrivée d’un bébé qui nécessite des soins spécialisés. Il est parfois nécessaire que l’un des parents quitte son emploi pour veiller à donner tous les soins à l’enfant, ce qui a un impact direct sur le revenu et le niveau de vie de toute la famille.

C’est un stress de plus à gérer dans le quotidien et encore plus si la famille comptait déjà d’autres enfants.

Imaginez-vous les dépenses liées à une hospitalisation prolongée ou fréquente ou aux suivis médicaux avec le bébé :

  • le transport;
  • l’hébergement;
  • les coûts de stationnement;
  • les frais d’alimentation;
  • les frais de garde pour les autres enfants.

N’oubliez pas également que certains aménagements sont parfois nécessaires au niveau de la voiture ou de la maison pour mieux adapter l’espace aux besoins de l’enfant.

On doit parfois se procurer certains équipements spécialisés. Cela ajoute une lourdeur sur la capacité financière du couple à payer toutes ces dépenses de base non prévues.

Il est facile de voir l’impact possible sur l’aspect monétaire d’une famille lorsqu’arrive un enfant aux besoins particuliers. Impact qu’il est impossible à chiffrer à court, à moyen et à long terme.

Lors du suivi à l’unité spécialisée, les parents peuvent recevoir des références pour accéder à des programmes gouvernementaux. Certains programmes donnent des allocations afin de soutenir les parents dans une certaine mesure. Rien de miraculeux, mais cela peut aider monétairement à assumer toutes ces responsabilités.

Impact sur les autres enfants de la famille

Selon l’âge des enfants, avoir un nouveau frère ou sœur à la maison n’est pas un passage simple. Les réactions de la fratrie sont normales et peuvent être très diversifiées avec un bébé sans particularité. Imaginez avec un enfant différent. La condition du nouveau bébé entraînera un chamboulement émotif dans la famille, mais aussi un chamboulement organisationnel. Si le bébé demeure hospitalisé vu son état, que la famille habite loin, qu’il y a des absences répétées des parents dans la famille, tout cela ne se passe pas sans remous.

La réaction des enfants plus âgés

Certains enfants plus âgés pourront voir ou mieux comprendre la différence si elle est visible chez le bébé. Ils peuvent questionner la situation. Ils peuvent être touchés par des commentaires entendus par rapport à leur frère ou sœur différents. Certains voudront même taire leurs propres ressentis de peur d’ajouter au poids et à la douleur de leurs parents.

Il faut dire que les enfants sont aussi très sensibles aux émotions de leurs parents. S’ils sentent le désarroi chez les parents, leurs réactions pourraient être plus vives, surtout chez les plus jeunes enfants, afin d’attirer leur attention et retrouver leur sécurité.

Les parents peuvent être présents physiquement mais dans l’incapacité de se donner entièrement au reste de la famille lorsqu’ils vivent le choc, le drame de l’arrivée d’un enfant différent.

Donner du temps aux autres enfants

Même si le couple sait qu’il ne faut pas oublier leurs autres enfants, qu’il doit être présent pour eux aussi et rester sensible et à l’écoute de leur souffrance. Répondre à ce mandat parental s’avère souvent difficile à surmonter pour eux après l’annonce. Par le fait même, la culpabilité peut être très grande vis-à-vis les autres enfants de la famille.

L’adaptation prend du temps, la vie continue pour la famille. C’est un travail de tous les jours d’apprendre à vivre de façon la plus ordinaire possible et d’atteindre le meilleur équilibre qui soit dans les circonstances.

Impact sur l’entourage

Les réactions de l’entourage, de la famille élargie et des amis peuvent être très variées. On peut voir des gens très intimidés par la situation qui se sentent très mal à l’aise devant la détresse des nouveaux parents. Ils ne savent pas comment réagir et certains préfèrent s’éloigner plutôt que d’affronter leur malaise.

Vivre les différentes réactions

Les parents qui ont vécu l’arrivée d’un enfant différent vous diront qu’ils ne savent pas comment en parler à leur entourage. Ils craignent leur réaction et leur jugement. Ils ont souvent senti la peine, la tristesse, la désolation et même la pitié dans les yeux, dans le regard de ceux qui les entourent. L’incompréhension et la méconnaissance amènent parfois la sortie de certains commentaires désobligeants portés maladroitement vers le bébé et cela peut affecter et blesser les parents.

Toutefois, il y a maintes familles et amis qui seront là à se serrer les coudes pour apporter le plus de soutien possible à la nouvelle famille. D’amoindrir, dans la mesure qu’ils le peuvent, l’impact de vivre cette expérience traumatisante. Que ce soit :

  • par leur écoute;
  • leur soutien psychologique;
  • leurs encouragements;
  • en gardiennage
  • pour l’aide-domestique;
  • en offrant des plats cuisinés;
  • en offrant du transport;
  • avec de délicates attentions pour les parents.

Tout ce soutien venant de l’entourage et du réseau personnel des parents fait du bien à toute la famille, autant pour ceux qui donnent que pour ceux qui reçoivent.

Au besoin, il y aura également les ressources plus spécialisées.

En conclusion

Je pense que la vie nous réserve bien des surprises et disons qu’il y en a des plus faciles que d’autres à prendre. On a souvent tendance à penser aux pires choses pour la vie de notre enfant différent. Ce qu’on oublie souvent, c’est que le chemin parcouru comme parent, même s’il est parfois parsemé d’embûches, nous amène également de la joie et de très belles surprises. Il y a tant de beauté dans leur différence.

C’est au contact de ces petits êtres que l’on apprend à voir l’essentiel, qui n’est pas toujours visible à l’œil nu. Voir au-delà des apparences, du physique et de la différence. Derrière ce visage, cette déformation, cette différence, se cache un être exceptionnel qui aura toujours quelqu’un sur sa route pour l’aimer comme il est sans condition.

Il faut accepter nos réactions, notre déception vis-à-vis la condition de notre enfant rêvé et faire attention de ne pas se juger trop sévèrement.

C’est difficile d’accueillir un enfant différent dans sa famille, puisque cela touche notre vie de façon majeure. Il faut rechercher un certain équilibre, en respectant nos limites et nos capacités. N’oubliez jamais que vous n’êtes pas seuls. Il y aura toujours de bonnes personnes qui seront présentes pour vous accompagner à traverser cette grande épreuve dans les moments où on se perd, où on doute, où on craint. On ne peut pas changer le monde, mais on peut tenter de le rendre plus ouvert pour que chaque personne trouve sa juste place.

Marie Fortier,
La spécialiste des bébés

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Accouchement en maison des naissances

Accouchement en maison des naissances

Marie assiste à l’accouchement du 4e enfant de Amy et Greg. Le couple a choisi la maison des naissances pour donner
(Musique) Marie Fortier : Bonjour les parents, je suis contente d’être avec vous aujourd’hui. En fait, je vais vous parler d’un sujet délicat aujourd’hui, celui d’accueillir un enfant différent dans sa vie. Même si aujourd’hui on bénéficie d’un suivi de grossesse très très rapproché, qu’on a plusieurs tests diagnostic de dépistage de maladies. Il n’en demeure pas moins qu’on peut se retrouver bien impuissant devant les forces de la nature qui sont devant nous. Et je vous comprends, quand on attend un bébé, on se prépare à l’arrivée d’un bébé en santé. Pour la grande grande majorité, c’est un événement heureux d’accueillir un bébé dans sa vie et là, quand on retrouve devant l’évidence qu’un bébé différent va naître ou qu’il est déjà arrivé, ça l’amène tout son lot d’émotion et d’incompréhension. C’est sûr qu’aujourd’hui, moi je veux ouvrir sur le sujet, je veux vraiment qu’on passe ces tabous-là, pour parler de ce sujet-là, même si c’est touchant, je pense que c’est important de savoir que ça se peut et pour cela, j’ai invité des personnes qui vont être là qui travaillent, qui côtoient au quotidien des familles, des enfants qui vivent ce drame. Alors, je vous les présente à l’instant: Stéphanie Santos, toi tu es infirmière, coordonnatrice, et Marie Roberge toi, tu es travailleuse sociale, toutes deux êtes dédiées à l’équipe cranio-faciale ici au CHU Sainte-Justine. C’est bien cela? Écoutez peut-être en entrée de jeux, je vous demanderais, pourquoi vous trouvez cela important d’être ici aujourd’hui pour vraiment parler aux parents d’accueillir un bébé différent, pourquoi c’est important pour vous? Peut-être Stéphanie? Stéphanie : En fait, je suis infirmière depuis 13 ans et ça fait quand même 10 ans que je suis en cranio-facial. Avant de travailler ici, j’avais plus ou moins conscience de, c’est quoi avoir un bébé différent et en cranio-facial, encore un petit peu plus qu’ailleurs, je trouve que c’est important d’en parler pour faire connaître cette réalité-là pour que les parents se sentent moins seuls et que les enfants se sentent moins isolés et pour déstigmatiser un petit peu tout cela avec la population en général. Marie Fortier : C’est bien, et toi Marie? Marie Roberge: Moi ça fait environ 9 ans que je suis travailleuse sociale et j’ai toujours été ici. Ça été un choix de venir en cranio-facial parce que pour moi, ce qui est intéressant c’est de voir que c’est les conditions médicales qui ont un impact au niveau social parce que c’est une différence qui est faciale et donc, pour moi, c’était important d’accompagner les parents dans des situations avec des conditions qu’on ne connaît pas au préalable et aussi le fait d’avoir cet impact au niveau psycho-social de faire connaître aussi au public et aux gens pour changer un peu, le regard que les gens peuvent avoir sur ces enfants qui sont différents Marie Fortier : Exactement merci! C’est bien. C’est sûr que d’apprendre qu’on a un bébé différent peut se faire à différents moments. Il y a durant la grossesse ou après l’accouchement ou plus tard avec le développement aussi avec des maladies métaboliques comme le diabète, aussi des malformations, des syndromes neurologiques divers alors, par rapport à l’annonce, c’est sûr que quand on sait, l’impact comme tu disais et le réseau de soutien, on va tout parlé de cela, mais, avec vos expériences respectives, votre expertise, comment vous annoncer ça, des exemples concrets, ça se passe comment habituellement? Stéphanie : En fait, il y a plusieurs moments comme vous dites ou l’annonce du diagnostic peut se faire des fois c’est en anténatal, souvent à l’échographie à 20 semaines, la fameuse échographie où on pense apprendre le sexe du bébé exclusivement et qu’on se rend compte qu’il y a un petit quelque chose qui ne fonctionne pas au niveau du visage ou autres. Nous c’est plus au niveau du visage, mais à ce moment-là, souvent les radiologues ou les gynécologues ont tendance à rester très discrets et à pas trop donner d’informations pour ne pas déformer les informations aux parents et réfèrent plutôt, aux médecins spécialistes qui vont prendre l’enfant en charge quand l’enfant vont naître, dans notre cas, c’est les chirurgiennes plasticiennes en fait qui s’occupe de voir les enfants. On les rencontre le plus rapidement possible pour ne pas laisser les parents dans ce stress épouvantable là. On leur montre des photos, on leur explique c’est quoi qui arrive à court, long terme et à quoi ils doivent s’attendre. On leur dit qu’on est là, et qu’on va être là quand le bébé va arriver. C’est en anténatal et les parents peuvent vivre cela avant la naissance et à la naissance parfois et le même problème n’a pas été dépisté avant la naissance et oups! On voit ça, le choc est différent. On est impliqué de la même façon à ce moment-là, et il y a certaines anomalies, en ce qui nous concerne cranio-facial et plusieurs autres maladies infantiles qui apparaissent plus tard donc, l’enfant est correct et grandi bien puis, oups, tout d’un coup, quelque chose qui s’installe et ça aussi c’est vécu différemment par les parents. Le processus est toujours le même, on fait une référence tout de suite assez rapidement auprès des médecins pour le suivi Marie Fortier : Pour avoir le suivi en conséquence. Stéphanie : et le support. Marie Roberge : Oui c’est sûr, des fois, certains parents qu’ils le savent à la naissance ou plus tard et disent, j’aurais aimé le savoir avant, j’aurais pu me préparer. Mais en même temps, c’est à deux tranchants, souvent les parents qui on eu le diagnostic en anténatal, vont me dire, c’est comme si j’ai une partie 1 et une partie 2 dans ma grossesse. La première partie, on est tellement contents, on va avoir notre petit bébé, tout cela, et là…..c’est comme s’il y avait une bombe à 20 semaines à cette fameuse écho. Et comme dit Stéphanie, souvent le médecin référent arrive à référer vers les spécialistes, vers les chirurgiennes plastiques, ils ne vont pas trop s’avancer et les parents vont avoir le réflexe, qu’on a tous, d’aller sur internet, d’aller googler et y vont voir pleins de conditions qui ne ressemblent pas nécessairement à leur enfant, donc, plus un stress énorme aussi par rapport à cela et le stress de vouloir préparer à tout prix, parce que c’est ça, on va se dire, comment je vais réagir parce que c’est quelque chose de visuellement différent. Est-ce que je vais m’attacher à mon bébé? Est-ce que je vais le pleurer et même pour les mamans la culpabilité de dire durant la grossesse, est-ce qu’il le sent que je suis triste. Marie Fortier : Est-ce qu’il y a quelque chose que j’ai fait qui n’était pas correct? Marie Roberge : Oui on rejoint exactement, tout ce que j’ai mangé, j’ai fait, les exercices que j’ai faits. Marie Fortier : Une responsable. Marie Roberge : Souvent, il n’y en a pas de cause... Mais, dans cette injustice-là, on veut trouver une responsable, c’est sûr dans ces dimensions-là, il y a des choses qu’on peut préparer durant la grossesse, mais qu’il faut préparer les gens et leur laisser leurs réactions à la naissance parce que c’est important de dire, oui, je me prépare le plus que je peux, mais je réagirai comme je réagirai. Et ce que je dis souvent, toujours aux parents, c’est que ce n’est pas que vous pleurer votre enfant, vous pleurer sa condition et on peut être heureux d’avoir notre enfant et de vivre la naissance de façon heureuse, mais en même temps être triste parce que c’est sûr, votre enfant n’est pas exactement comme on le souhaitait, un enfant en santé, normal, tout ça. Marie Fortier : Exact, peut-être, si on continue sur la même lignée. Quand on apprend ça, il y a tout un ensemble d’étapes qu’on doit traverser pour arriver plus je dirais pas à accepter inconditionnellement, mais je dirais, à vivre avec cette réalité-là mieux, peux-tu nous en parler plus Marie? Marie Roberge : Souvent, je dis aux parents, ce n’est pas dans un processus de deuil ou la perte, mais ce n’est pas le projet comme on l’imaginait, c’est sûr que ce n’est pas un processus linéaire, on passe pas une étape première étape, une deuxième et une troisième étape et personne ne vit pareil dans un couple comme vous dites par rapport à maman qui se sent coupable de sa grossesse parce que c’est elle qui l’a porté, il y a des choses qui ne sont pas vécues de la même façon et c’est correct. Donc, c’est sûr que toutes ces étapes là, c’est normal de pleurer, parce que ce n’est pas ce que l’on souhaitait, ça ne veut pas dire que parce qu’on est triste au début qu’on ne l’acceptera pas et ça ne veut pas dire que si on traverse tout cela et qu’on a accepté et que oui, notre enfant est différent qu’on apprend à avoir confiance que oui, nos capacités et habiletés parentales qu’on peut lui inculquer une estime de soi et tout cela que peut-être le jour précédent l’entrée à la maternelle, qu’on n’aura pas cette espèce de boule, cette crainte-là qui nous revient, ce n’est pas qu’on recule en arrière, c’est une étape de vie. Marie Fortier : Qui se chevauche. Marie Roberge : Qui se chevauchent, c’est normal, je dis souvent aux parents que le premier regard, le regard des autres “ C’est les parents “. C’est normal au début, on n’a pas la confiance de dire, est-ce que je pourrai lui inculquer une belle image de soi, on a de la misère nous-mêmes de l’accepter, il faut se donner le temps, et ensuite, après ça, on gagne confiance en nous dans tout ce processus-là avec notre enfant. Marie Fortier : Ce qu’il faut comprendre, c’est une évolution, ça prend du temps. Il n’y a rien qui va venir tout seul et que cette situation-là, cette réalité-là amènent un impact partout dans la vie des gens comme, pour le parent lui-même individuellement, mais il y a des couples aussi qui sont souvent fragilisés aussi dans une situation comme cela et l’entourage, la famille et quand il y a d’autres enfants, les familles encore plus désorganisées, vous voyez cela souvent? Stéphanie : Oui, déjà, je pense que l’arrivée d’un enfant, quand c’est un premier, c’est le premier, il faut s’adapter à toute cette réalité-là et en plus, il y a un petit défi supplémentaire avec un enfant différent. Déjà d’être parent en soi, avec la venue d’un enfant 1er, 2e ou troisième, il faut déjà se réorganiser un petit peu et là, il y a une situation qui fait en sorte qu’il faut se réorganiser encore plus et ça l’a effectivement un impact sur l’entourage, des fois des couples et comme disait Marie tantôt, dans le couple, ils ne perçoivent pas la chose de la même façon, ça arrive pour n’importe quelles sortes de situations dans la vie là, mais là, c’est notre enfant et des fois, il y a des choses à travailler, à éclaircir. Il faut communiquer beaucoup, beaucoup, beaucoup, l’impact sur les autres enfants, la culpabilité que ça donne de plus aux parents, de dire, ce n’est pas que nous qui sont pénalisés dans la situation, je ne peux pas me séparer en 4, il faut que je sois à l’hôpital avec un et j’ai l’autre qui m’attend à la maison. Et j’irais jusqu’à dire avec l’entourage, on a pu observer à quelques reprises quand même les grand-mamans, les grands-papas, les oncles, les tantes voudraient être là, mais ne savent pas comment réagir, ils ne savent pas quoi faire. Marie Fortier : Quoi faire? Stéphanie : On a un malaise et des fois, puis, qu’ils ne savent pas comment réagir, ils se retirent et ce n’est pas pour mal faire, c’est juste qu’on n’est pas outillés pour supporter et on pense qu’on ne sera pas supportant et on se retire un petit peu. Marie Roberge : Oui effectivement, il y a des fois un malaise, normal de nos jours qu’en on a un enfant. Marie Fortier : C’est la joie! Marie Roberge : C’est la joie, on veut le partager, on met toutes nos photos de présentation sur Facebook “Voici notre petit bébé”. Pour ces parents, il y a un questionnement, est-ce qu’on le fait? Les gens vont réagir, est-ce qu’ils vont être mal à l’aise de dire “Félicitations”, mais en même temps, ils ne savent pas trop quoi faire et en même temps, ces enfants en cranio-facial avec leurs malformations au niveau, souvent, il y a des difficultés d’alimentation, ou au niveau respiratoire. C’est des enfants qui restent hospitalisés souvent, ça prend des services surspécialisés donc, on n’est pas dans notre région et surtout comme disait Stéphanie, ils ont d’autres enfants, ils sont à la maison. Marie Fortier : Ils sont éloignés. Marie Roberge : On est ici, on vit dans cette bulle-là. Stéphanie : Maman ne peut pas retourner faire dodo à la maison et revenir demain, il faut que maman reste là. Marie Fortier : Et même, j’ai des parents que j’ai côtoyés qui disait, même au niveau du budget familial! Marie, la maman qui avait laissé son emploi pour se dévouer entièrement à tous les soins de son enfant. Toutes les dépenses reliées à l’hébergement, au transport, toutes les investigations répétées, les soins ultra-spécialisés qui devaient se déplacer ça et là, a un impact sur tout le devenir des parents à quelque part. Marie Roberge : Oui, c’est des choses qu’on ne pense pas, mais c’est sûr qu’on dit que c’est des conditions plus rares qui nécessitent des soins spécialisés. Pour nous au niveau de la clinique cranio-facial, c’est ici à Montréal. Donc, on a des familles qui viennent de partout, la Gaspésie, de l’Abitibi donc, comme vous dites, c’est des frais, de l’organisation familiale. C’est sûr qu’il y a des choses qui peuvent venir en aide par rapport à tous les déplacements, des conditions des fois par le gouvernement. Marie Fortier : C’est très important les ressources, il en faut. Il y en a beaucoup qui pensent qui sont laissé pour compte. Ok, il y a des soins, mais qu’est-ce qu’on va faire, comment on va faire pour joindre les 2 bouts? Stéphanie : Il n’y a rien de miraculeux, je pense que des ressources, il y a une amélioration. Marie Roberge : Il y a toujours des limites, mais c’est sûr qu’il faut le savoir. Quand on doit aller dans une autre région, comme je dis, plusieurs régions, il y a des programmes qui couvrent des frais de déplacements et d’hébergement pour les parents qui vivent loin, car ils n’ont pas les services surspécialisés dans notre région donc, on peut se référer à notre hôpital de région pour avoir des frais là. Souvent aussi les enfants qui ont certaines conditions peuvent avoir un supplément pour enfant handicapé qui est une allocation familiale, ça aussi peut aider. C’est des choses limitées et ça cause un autre stress aussi sur la famille, le stress dans la famille, l’organisation familiale, séparé de la famille, s’il y a d’autres enfants et tout cela, ça fait beaucoup de chamboulement. Marie Fortier : On voit toute l’ampleur que ça peut prendre et vous assurez les suivis après, parce qu’ils ne sont pas toujours hospitalisés et vous référez, quand ils sortent, des références dans le réseau de la santé pour le suivi. Stéphanie : En fait, les enfants, parlons pour notre clinique à nous, c’est des enfants qui ont besoin de plusieurs suivis avec plusieurs spécialistes différents, c’est dur pour un parent. On en a qui sont super organisés, bon il faut qu’on aille en ORL, faut que, faut que, mais on essaie de leur organiser les choses le plus possible pour regrouper les rendez-vous et tout ça. C’est sûr que tout ce qui peut-être fait à la maison, dans leur secteur, on essaie de leur faire ça, mais en même temps, parfois, ils ont besoin de soins ultra-spécialisés ici et oui, on les organise tout cela et souvent, on les suit jusqu’à 18 ans et même au-delà, même au-delà oui. Marie Roberge : On dit souvent qu’on les adopte pour longtemps, souvent aussi en même temps, comme dit Stéphanie, il y a beaucoup de choses qu’on peut faire en région et on a une conscience de dire, on sait ce que ça fait pour une famille de devoir s’organiser, de venir ici à Montréal et tout cela, donc, regrouper les rendez-vous, faciliter tout cela dans l’organisation familiale et en même temps dans notre discours, oui, c’est important dans nos valeurs, oui, on vous adopte, oui nous votre différence, c’est notre normal. Marie Fortier : C’est votre quotidien. Marie Roberge : Oui, on a un regard différent par rapport à tout cela, c’est sûr que c’est limité, mais il y a des familles que j’aimerais suivre plus régulièrement, mais la distance géographique fait qu’on ne peut pas. C’est sûr qu’il y a des gens qui m’appellent quand il y a des situations, mais c’est limité. Il y a des suivis qu’on peut faire par des collègues dans le réseau, au CLSC, on se parle. Des fois, ça peut-être aidant de se référer à nous, on se parle, mais là, pour nous, cette surspécialité-là, ou de penser à c’est quoi, parce que des fois, les parents aiment ce côté-là différent au niveau facial, comme on dit, souvent ce n’est pas une difficulté médicale, elles ne sont pas physiques, c’est des difficultés que la situation médicale apporte qui sont psycho-social au niveau du rapport aux autres. Marie Fortier : D’où l’importance du soutien psychologique d’accompagnement pour l’enfant qui grandit et les parents. Stéphanie : Et pour l’entourage. Marie Roberge : Oui, c’est pour cela qu’on est une équipe multidisciplinaire. Moi mon rôle est beaucoup plus au niveau des parents et nous on a 2 collègues psychologues pour accompagner les enfants en même temps à travers tout cela et le cheminement d’acceptation et aussi pour prendre des décisions un petit peu plus tard par rapport à des chirurgies, qu’est-ce qu’ils veulent vraiment. Marie Fortier : La suite. Marie Roberge : La suite inclut l’enfant dans son processus. Marie Fortier : Il faut dire qu’à travers tout cela, il peuvent être très heureux. Les enfants et la famille, que ce n’est pas négatif pour le reste de la vie. Stéphanie : Il faut essayer, on dit souvent aux parents, oui, vous avez un enfant, c’est un enfant! Marie Fortier : C’est votre enfant. Stéphanie : C’est votre enfant, puis il va avoir sa vie d’enfant, oui, il a ça ça ça. Il va vous faire les mêmes niaiseries que votre plus vieux, il va vous faire une crise de bacon parce qu’il veut de la gomme dans la machine, il va faire les mêmes niaiseries que les autres enfants, c’est un enfant! Et nous autres, on est là pour aider les parents, les accompagner pour qu’ils deviennent le plus épanouis possible. Et vous seriez surpris de voir le nombre de jeunes ados, adultes, qui n’ont jamais voulu des chirurgies qui n’ont pas voulu corriger leur différence parce qu’elle fait partie d’elle. Puis, il y en a d’autres que c’est plus difficile, j’aurais tendance à dire que la majorité, ça va bien. Marie Fortier : Il faut avoir confiance. Marie Roberge : Oui, il faut se faire confiance et comme dit Stéphanie, au début, la peur, on pense au pire, on pense au pire. Marie Fortier : C’est le premier réflexe. Marie Roberge : C’est ça qui est différent avec des conditions comme cela. Quand on a un petit bébé, on se projette 20 ans plus tard et ce qu’on fait avec un petit bébé qui n’a pas de condition. Est-ce qu’il va avoir une blonde? Va-t-il avoir des amis, être victime d’intimidation? On ne pense pas à ça avec un bébé normalement. C’est tellement de grosses questions et on a pas de contrôle à savoir et c’est vrai qu’on rencontre des enfants ou au niveau de leur développement psycho-social c’est incroyable. Marie Fortier : Ils surprennent tout le monde. Marie Roberge : Ils surprennent tout le monde, et moi, souvent qu’on dit, je pense qu’on a le même discours moi et Stéphanie, quand on fait des retours de notre expérience, c’est vrai que dans notre clinique, dans nos familles, on a pu voir des enfants des plus beaux. Marie Fortier : Extraordinaire, vous êtes de bonnes personnes aussi pour les soutenir. Quand ils se sentent aimés et se sentent pris comme ils sont, je pense que ça leur donne du carburant pour avancer plus facilement grâce à des intervenants comme vous. Marie Roberge : On aime ça! On dit souvent la différence fait partie de leur enfant, ce n’est pas leur enfant qui est différent, il a une différence! Donc, souvent, quand je vous dis de toutes les réactions dans la grossesse et là, je leur dis, attendez, vous allez rencontrer votre enfant, là, vous pensez juste à la différence, c’est tout ce qui prend la place, prenez le temps de rencontrer votre petit bonhomme, cette petite fille et comme on dit, les enfants nous surprennent énormément dans leurs capacités d’adaptation. Marie Fortier : Écoutez, on pourrait en parler longtemps, il y a beaucoup à dire, je vous remercie beaucoup d’avoir été là, mais j’aimerais en conclusion, qu’est-ce que vous voulez laisser de part et d’autre avec votre expérience et expertise respective, un message clé si on peut dire? Stéphanie : Moi, je dirais, tout ce que vous vivez ou avec votre vécu, ou ce que vous vivrez, c’est NORMAL. Il ne faut pas hésiter à parler, à demander de l’aide, vraiment faut le dire. Il n’y a rien de ce que vous vivez qui est anormal, on a déjà vu ça, on va vous aider, vous allez trouver de l’aide autour de vous et je veux juste vous dire que je suis convaincue, que sur sa route, votre enfant va toujours trouver, trouver quelqu’un qui va l’aimer comme il est, et qu’il va le supporter, et va l’aider à faire son chemin et va vous aider aussi à travers tout cela. Marie Roberge : Comme dit Stéphanie, c’est normal, c’est normal d’avoir de la difficulté à accepter. Marie Fortier : Et qu’on l’aimera pas! Stéphanie: Ça n’a pas rapport avec l’amour. Marie Roberge : Moi, je pense qu’il faut se faire confiance dans tout ce processus, se donner la chance. Marie Fortier : Du temps. Marie Roberge : Du temps, comme dit Stéphanie, vous n’êtes pas seul. Souvent, on pense tellement qu’on est seul au monde, que personne ne connaît la condition de notre enfant, que personne ne peut comprendre et pour nous, c’est super important et même, nous on peut apporter quelque chose nous aussi, on a un souci de faire rencontrer des familles parce que souvent quand on se regroupe, moi je dis souvent, il y a une autre famille que votre différence, que tout le monde trouve tellement différente dans votre famille, qui est la normale, la réalité de quelqu’un d’autre, donc, c’est important. D’avoir foi, qu’il y a des gens à travers le parcours de votre enfant qui, comme vous, va voir les beautés de votre enfant et son unicité. Donc, c’est un message d’espoir Marie Fortier : Et moi, je vais faire la porte-parole de tous les parents que vous avez pris soin, et les enfant que déjà, vous avez pris soin et ceux à venir, pour vous remerciez pour votre beau travail. Stéphanie et Marie Roberge : Ça fait plaisir. Marie Fortier : On dit souvent que la santé est le bien le plus précieux et parfois, on l’oublie souvent quand on en bénéficie à tous les jours et ce que j’ai envie de dire en conclusion, à tous ceux qui m’écoutent, à tous ceux qui bénéficient d’un bébé en santé, restez ouverts, rester compatissants et bienveillants pour les personnes autour de vous qui peuvent vivre des réalités comme ça qui sont pas évidentes et d’essayer de les aider du meilleur de vos capacités et sur ce, je vous laisse et je vous souhaite le meilleur pour vous et à votre bébé bien sûr et on se retrouve sur mon site mariefortier.com. (Musique))

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Par Marie Fortier Temps de lecture: 14 min
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