Devenir parent, c’est accepter qu’un petit être dépende de soi en permanence et de se dévouer afin de répondre le mieux possible à ses besoins.

Dès la mise au monde d’un enfant, on apprend vite qu’un ajustement sera nécessaire pour lui faire de la place, ainsi que pour définir notre nouveau statut social : celui de parent. Dès lors, nos pensées incluent le nouvel arrivant dans la maisonnée à travers toute l’organisation du quotidien, laquelle rassemble les différentes sphères de la vie: celle familiale (proche et élargie), du travail et sociale.

À travers ce changement, il devient nécessaire d’anticiper certains besoins de notre bébé pour s’y préparer et y répondre. C’est-à-dire de dispenser des soins autant physiques que psychologiques pour son bon développement, ainsi que de maintenir des liens forts dans le couple et de rester en équilibre dans le reste de notre vie d’adulte. Considérant toutes ces adaptations, on peut dire que la transition au parentage est l’une des phases développementales les plus importantes dans la vie d’un adulte. Tous ces engagements peuvent surcharger les nouveaux parents et les confronter à la charge mentale parentale.

Comment conserver l’équilibre?

Qu’est-ce que la charge mentale?

C’est le fait non pas de tout faire, mais de penser à tout. Elle peut référer à la charge de gestion familiale (ex: planifier les repas, déléguer les tâches ménagères), à la charge cognitive (ex: se souvenir des rendez- vous, prendre les décisions) ou à la charge émotionnelle (ex: s’inquiéter du bien-être de tous). Dans la famille, la charge mentale concerne tout le monde.

Tous devraient contribuer à un effort commun au mieux-être à la maison. Toutefois, il n’est pas rare de voir une personne dans le couple prendre une grande partie des responsabilités concernant le bébé et les tâches domestiques sur ses épaules. C’est pourquoi pour prévenir le déséquilibre, la frustration grandissante, la fatigue accumulée et les non-dits, on suggère dès la grossesse de discuter de la redistribution des tâches à la période postnatale. C’est-à-dire d’échanger ensemble, de prévoir la suite et de convenir d’un plan d’action en équipe permettant l’entraide selon les forces et limites de chacun. Ainsi, grâce à une communication efficace, chaque personne impliquée dans le changement pourra contribuer à sa façon dans le partage de la charge de gestion familiale. Ainsi, plus il y a d’épaules à porter l’ensemble des responsabilités, moins cela pèse lourd pour chacun!

Quels sont ses impacts?

Les personnes victimes de la charge mentale se retrouvent avec très peu de temps pour soi. Cela entraîne un déséquilibre dans la vie quotidienne où la majorité du temps est investie dans les tâches productives, c’est-à-dire les tâches visant à préserver les revenus, à maintenir le foyer et la famille ou à rendre service aux autres. S’ensuivent alors des conséquences sur la santé de la famille comme des tensions et des conflits, ainsi que sur la personne concernée, telles que du stress, des troubles du sommeil, de l’irritabilité et des risques d’épuisement. Ainsi, il importe d’adresser la charge mentale dans la famille afin de limiter ses répercussions.

Comment l’adresser?

Établir un horaire

Établir un horaire permet de décharger sa conscience et de mieux répartir les tâches entre les membres de la famille. Ceci permet d’être conscient de l’horaire de chacun et de réserver du temps pour des activités de son choix. Par exemple, un calendrier familial positionné à un endroit stratégique, à la vue de tous les membres de la famille, est un moyen intéressant à explorer. De cette façon, chacun peut en prendre connaissance et y faire des ajouts au besoin. Si vous êtes plutôt avant-gardiste, il existe aussi des applications technologiques permettant de partager un agenda et de planifier des rappels.

Prévoir un moment en couple à chaque semaine pour planifier un horaire hebdomadaire peut également s’avérer une stratégie gagnante pour bien répartir les tâches du quotidien, tout en considérant les besoins de chacun (voir l’outil pratique).

Il est important de planifier un horaire réaliste et qui laisse du temps pour les imprévus. Celui-ci devrait permettre des moments pour recharger sa batterie d’énergie, sans la vider complètement. Par exemple, il est pertinent de répartir une tâche en plusieurs étapes, de prévoir des pauses ou encore de varier les tâches exigeant une grande dépense énergétique avec celles qui en demandent moins.

Priorisation des tâches

Quoi penser de ces fameuses listes de tâches ? Celles-ci peuvent être un outil efficace pour se décharger la tête et ne rien oublier. Toutefois, elles peuvent devenir interminables et promouvoir un sentiment d’urgence pour l’ensemble des tâches, ce qui peut exacerber les effets de la charge mentale. Ainsi, il peut s’avérer efficace de prioriser les tâches en les classant à l’aide d’un système, par exemple la matrice d’Eisenhower. Ce système classant les tâches selon leur niveau d’urgence et d’importance, permet de mettre en évidence les tâches prioritaires, à remettre à plus tard, à déléguer ou à abandonner. Par exemple, les parents pourraient classer « faire le lavage » comme une tâche prioritaire et « faire l’épicerie » comme une tâche à déléguer, ou vice-versa (voir l’outil pratique). Avec ce système de priorisation des tâches, il devient plus facile d’établir un équilibre dans ses occupations, notamment dans celles qui nous apportent du bien-être.

Prendre du temps pour soi

Une conséquence bien trop fréquente de la charge mentale est l’oubli de soi. En effet, il est facile de se laisser de côté afin de répondre aux besoins de la famille. Cependant, prendre du temps pour soi est un facteur essentiel pour prévenir le déséquilibre dans la vie quotidienne. Il s’agit de faire une activité qui fait plaisir (ex : prendre une marche, faire de la lecture ou partager un repas entre amis) et de la prioriser dans l’horaire. Ce qui importe, c’est de décider de s’octroyer du temps. Cela peut paraître difficile, surtout lorsque l’horaire familial est déjà rempli ou que la culpabilité fait surface. Malgré cela, la pratique d’activités signifiantes est une façon de contrer la charge mentale. Elle promeut une santé mentale saine et permet aux parents d’être plus disponibles pour leurs enfants. De plus, prendre soin de soi permet aussi de prendre soin de son couple. Cela dit, il est aussi important de se réserver des moments pour connecter ensemble et se retrouver dans son rôle d’amoureux(se).

Ne pas oublier, un parent heureux et épanoui en fait profiter ses enfants et son amoureux(se)!

Bien communiquer ses besoins

La charge mentale ne peut diminuer si les besoins de chacun ne sont pas bien communiqués. Ainsi, il importe de faire une demande claire et précise à partir du « Je ». Toujours dans un esprit de collaboration, utiliser des concepts tels que « j’ai besoin » ou « cela me rendrait service » souligne l’importance de la demande et la rend opérante sans brusquer l’autre.

Au contraire, des propos vagues ou trop directifs tels que « il faut », « tu devrais » ou « pourquoi ne fais-tu pas ceci ou cela » n’invitent pas l’autre à collaborer et engendrent davantage la fermeture, la réaction et la frustration.

Bien que la bonne communication soit primordiale, il est aussi important que les parents se planifient un moment en tête à tête pour discuter des évènements de la journée et prendre le pouls du fonctionnement familial. Ce moment de couple leur offrira une opportunité d’exprimer leurs émotions et de trouver des solutions possibles face aux embûches du quotidien. Ce moment pourra aussi servir à remercier l’autre et à lui démontrer notre gratitude face à son aide et ses bons coups. Bien entendu, ce remerciement peut se faire entre les deux parents, mais aussi en collaboration avec les autres enfants de la famille.

Peu importe les stratégies qui seront utilisées, prendre un moment en couple et en famille pour discuter de la charge mentale est la première étape vers un changement du fonctionnement familial et du mieux- être. Tout changement prend du temps et des efforts, donc faites preuve de bienveillance dans
l’exploration de ce qui fonctionnera le mieux pour vous et votre famille.

Téléchargez gratuitement l’outil d’aide à l’allégement de la charge mentale

Article écrit en collaboration avec :
Alexa Brind’Amour Riffou, Justine Lebeau, Élodie Mailloux, Delphine Joyal, Shany Brouillette et Anne-
Julie Fontaine, étudiantes à la maîtrise en ergothérapie à l’Université de Sherbrooke

Pour en savoir plus sur la charge mentale :

•  Afeas. Guide sur la charge mentale. (Août 2022). Repéré à https://afeas.qc.ca/outil/guide-sur-la-
  charge-mentale/
• Schneider, A. (2018). La charge mentale des femmes … et celle des hommes : mieux détecter pour
  prévenir le burn-out. Larousse.