Recevoir un diagnostic de diabète gestationnel, ou diabète de grossesse, peut être source d’inquiétude pour les futures mères et leurs proches. Pourtant, cette condition touche entre 3 % et 20 % des femmes enceintes, selon les critères utilisés.
Qu’est-ce que le diabète gestationnel?
Pendant la grossesse, les hormones modifient la façon dont le corps gère le sucre sanguin. Le diabète gestationnel correspond à une tolérance au glucose réduite, causant un taux de sucre trop élevé (hyperglycémie), détecté pour la première fois durant la grossesse. Le pancréas ne produit pas assez d’insuline pour compenser cette hausse.
Les changements au fil de la grossesse
Le premier trimestre
Au début de la grossesse, la production d’insuline augmente souvent, ce qui peut faire baisser le taux de sucre sanguin. Cela entraîne parfois fatigue, étourdissements, faim, soif excessive, irritabilité, maux de tête et envies fréquentes d’uriner.
Le glucose est le principal carburant du bébé, transmis par le placenta, mais l’insuline maternelle ne le traverse pas. Dès 10 semaines, le bébé produit sa propre insuline pour gérer le glucose reçu. Si la glycémie maternelle augmente, celle du bébé augmente aussi, ce qui stimule sa production d’insuline.
Deuxième et troisième trimestre
Au deuxième trimestre, les hormones rendent le corps moins sensible à l’insuline, ce qui augmente naturellement la glycémie. Cette adaptation vise à fournir plus de glucose au bébé.
Le pancréas maternel doit produire jusqu’à trois fois plus d’insuline pour compenser. Si ce mécanisme ne suffit pas, un diabète gestationnel est diagnostiqué.
Le dépistage
Entre 24 et 28 semaines, un test de dépistage consiste à boire une boisson contenant 50 g de glucose, suivi d’une prise de sang après une heure. Si la glycémie dépasse les seuils, un test HGPO (hyperglycémie provoquée par voie orale) est recommandé.
Le test HGPO
Le test diagnostique du diabète de grossesse s’appelle l’HGPO (hyperglycémie provoquée par voie orale). La femme enceinte doit être à jeun et boire un liquide contenant 75 ou 100 g de glucose, selon la prescription. Deux prises de sang suivent : une après 1 heure, puis une seconde après 2 heures, afin d’évaluer si le pancréas produit assez d’insuline pour contrôler la glycémie.
Avant le test, la femme doit maintenir une alimentation et un niveau d’activité normaux pendant au moins 3 jours. La caféine est à éviter, car elle peut faire augmenter la glycémie.
L’HGPO est le test de référence pour poser un diagnostic. Si deux résultats dépassent les seuils établis, on confirme un diabète gestationnel. Par exemple :
- Glycémie à jeun > 7 mmol/L
- Glycémie 2 heures après 75 g de glucose > 11,1 mmol/L
- Glycémie aléatoire (peu importe le moment du repas) > 11,1 mmol/L
Si un seul résultat est anormal, on parle plutôt d’intolérance au glucose.
Le test de glycémie capillaire
Un autre outil de dépistage est le test de glycémie capillaire. On demande alors à la femme enceinte de mesurer sa glycémie en se piquant le bout du doigt 4 fois par jour pendant une semaine : à jeun le matin, puis 1 heure après chaque repas.
Les résultats sont notés dans un carnet pour être analysés avec un intervenant. Les cibles à respecter sont généralement :
- À jeun : entre 3,5 et 5,2 mmol/L
- 1 heure après un repas : entre 7,1 et 7,7 mmol/L
Ce suivi quotidien permet d’observer les fluctuations de la glycémie sur une période plus longue, offrant un portrait plus complet du contrôle glycémique.
Classification du diabète gestationnel
Classe A-1
Le diabète gestationnel de classe A‑1 concerne une femme enceinte avec des résultats anormaux au test HGPO, mais une glycémie à jeun normale. Un suivi médical avec un médecin, un endocrinologue et une nutritionniste est alors mis en place pour équilibrer l’alimentation et stabiliser la glycémie.
Dans la majorité des cas, un régime adapté suffit, ajusté au fur et à mesure que la résistance à l’insuline augmente pendant la grossesse.
Classe A-2
Le diabète gestationnel de classe A‑2, touche 20 % des femmes enceintes qui font du diabète de grossesse. Celles‑ci doivent prendre une médication pour maintenir leur glycémie. Dans cette classe, les modifications à l’alimentation ne suffisent pas à stabiliser la situation.
Traitement et suivi
Le traitement et le suivi au diabète gestationnel se fait à plusieurs niveaux.
Alimentation :
Le régime alimentaire est le plus important dans le traitement du diabète gestationnel. Une nutritionniste vous aidera à calculer les calories prises par jour et recommandées en fonction de votre âge, poids, antécédent, résultat de glycémie etc.
Exercice :
Les exercices aident à diminuer la glycémie dans le sang de la femme enceinte, puisque les muscles utilisent du sucre lors d’activités, ce qui a comme répercussion de diminuer la demande d’insuline.
Rester active aide donc à mieux contrôler la glycémie durant la grossesse. Des exercices d’aérobie et musculaires devraient faire partie de votre quotidien. Attention toutefois à un rythme trop intense ou une activité trop longue. Des collations pourraient être nécessaires.
Contrôle par glycémies capillaires :
Les prises de glycémie fréquentes 4 fois par jour permettent de suivre l’équilibre entre le sucre et l’insuline dans le sang de la femme enceinte. Souvent le matin à jeun puis 1 heure après les repas et parfois plus, selon la situation propre à chacune.
Médication :
Pour les femmes qui en auraient besoin, une médication orale ou par injections d’insuline pourrait être nécessaire pour garder le bon équilibre sanguin de la glycémie et prévenir les complications qui pourraient survenir autrement.
Surveillance :
- Un monitoring fœtal au moins 2 fois par semaine à partir de 32 semaines de grossesse.
- Des échographies fréquentes possibles pour suivre le poids du bébé.
- Une induction possible avant 40 semaines, en prévention de complications potentielles en fin de grossesse.
- La césarienne est indiquée seulement si la condition de la mère ne permet pas l’accouchement vaginal.
Les facteurs protecteurs pour le dépistage du diabète gestationnel
- Avoir moins de 25 ans
- Être d’origine caucasienne (ethnie blanche)
- Avoir un indice de masse corporelle inférieur à 27
- Ne pas avoir d’histoire de diabète de grossesse dans la famille ni d’intolérance au glucose
- Ne pas avoir d’histoire de diabète dans la famille au premier degré (père, mère, frère, sœur).
Les facteurs de risque de développer le diabète gestationnel
- Avoir fait un diabète gestationnel antérieurement
- Avoir plus de 35 ans
- Avoir une masse corporelle au‑delà de 30 ( surpoids)
- Grossesse géméllaire
- Membre dans la famille très proche ayant le diabète de type 2
- Être connue pour avoir des ovaires polykystiques
- Avoir accouché d’un très gros bébé (macrosomie à la naissance)
- Être traitée avec certaines médications à base de cortisone principalement
- Faire partie de la population à plus haut risque : hispanique, asiatique et africaine.
Les complications possibles du diabète gestationnel
Les complications possibles du diabète gestationnel peuvent se faire ressentir autant chez le bébé que la mère.
Chez le bébé :
- Plus d’anomalies congénitales pour le bébé quand on parle d’un diabète préexistant (avant la grossesse) comme dans 7 à 10 % des malformations cardiaques, cardiomyopathie, troubles musculosquelettiques et neurologiques. Mais dans le cas d’un diabète gestationnel, il n’y a pas d’évidence de risques d’anomalies congénitales au bébé compte tenu que le diabète se manifeste le plus souvent en fin de grossesse et que le bébé est déjà bien avancé dans son développement in utero
- Hypoglycémie fréquente à la période postnatale
- Difficultés respiratoires à la naissance
- Risque de 1/3 de récidive à une prochaine grossesse
- Dans 15 à 30 % : bébé macrosomique, c’est‑à‑dire plus gros que la moyenne
- Accouchement souvent plus traumatique lié la plupart du temps au poids du bébé
- Prématurité
- Plus de jaunisse
- Décès in utero (complication très rare avec les soins de surveillance)
À surveiller plus tard dans sa vie :
- Obésité
- Diabète
Chez la mère :
- Avoir plus de liquide amniotique (polyhydramnios)
- Risque d’hypertension artérielle et de pré‑éclampsie
- Risque à l’obésité plus tard
- Chez 10 à 60 %, plus de risques de développer le diabète dans les 20 ans qui suivent
Et après l’accouchement?
Un suivi glycémique est recommandé entre 6 et 12 semaines après la naissance (ou après l’allaitement). La femme repassera alors le test HGPO (75 g de glucose) pour vérifier si ses valeurs sont redevenues normales.
En résumé, le diabète de grossesse est une condition complexe. Ce texte visait à mieux la comprendre, sans entrer dans les détails médicaux propres à chaque situation. Si les résultats sont incertains ou préoccupants, un suivi personnalisé sera proposé avec des professionnels de la santé, pour accompagner la future mère avec bienveillance tout au long de la grossesse – et après.
L’important : faire de son mieux, un jour à la fois.
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Mise à jour : avril 2025.
Références :
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Diabète Québec. (2024). Diabète de grossesse. Repéré le 8 avril 2025 à https://www.diabete.qc.ca/le-diabete/informations-sur-le-diabete/diabete-de-grossesse/
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CHU Sainte-Justine. (2022). Bien vivre sa grossesse avec un diabète de grossesse [Dépliant]. Repéré le 8 avril 2025 à https://www.chusj.org/getmedia/0b75e5b2-78c9-4244-9796-8ada59cf58f7/depliant-F-4203-Bien-vivre-sa-grossesse-avec-le-diabete-gestationnel_web.pdf.aspx?ext=.pdf
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CHU de Québec – Université Laval. (2025). Diabète de grossesse. Repéré le 8 avril 2025 à https://www.chudequebec.ca/patient/maladies-soins-et-services/m-informer-sur-ma-maladie-ou-ma-condition/diabete-de-grossesse.aspx
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Lowdermilk, D. L., Perry, S. E., & Cashion, K. (s.d.). Soins infirmiers en périnatalité (2e éd.). Montréal, QC : Chenelière Éducation.