Marie, mon nom est Annie-Claude et je souffre depuis quelques années d’une maladie inflammatoire chronique, plus précisément la maladie de Crohn. J’aimerais beaucoup avoir des enfants, mais je sais que ma maladie peut progresser de façon importante à cette période, peux-tu m’en dire plus? Merci pour l’information et j’espère sous peu vous suivre pour une grossesse en santé.
Annie-Claude
Bonjour Annie-Claude,
Je comprends très bien tes inquiétudes vis-à-vis les répercussions possibles d’une grossesse sur ta maladie. Toutefois, cela ne veut pas dire que tu ne peux pas réaliser ton souhait de concevoir un enfant dans ta vie. Je sais que bon nombre de femmes vivants avec une maladie chronique choisissent de ne pas avoir d’enfant, de peur de transmettre leur problème de santé à leur progéniture.
J’imagine que tu as un spécialiste qui te suit au niveau médical et cette personne est la mieux placée pour te connaître et savoir si ta condition actuelle est propice ou pas à entrevoir une grossesse à court ou moyen terme.
En pré-conception
Avant même de penser à une éventuelle grossesse, il faut à priori, Annie-Claude, que ton médecin voit avec toi plusieurs choses en pré-conception. Comme par exemple, la méthode de contraception que tu prends actuellement. Ensuite, évaluer ta fertilité, voir si ta maladie est bien contrôlée, que ta médication est appropriée et bien tolérée et que tu as autour de toi, toutes les personnes nécessaires pour ton suivi.
L’infertilité et les maladies chroniques
Il peut y avoir un impact de la maladie inflammatoire chronique sur la fertilité. Comme tu sais, le fait de vivre avec une inflammation importante au niveau de l’intestin peut, entre autres, te mettre à risque d’avoir également de l’inflammation au niveau des trompes de fallops et avoir des douleurs sexuelles, ce qui peut influer sur la fertilité. C’est pourquoi, une investigation à ce niveau est recommandée dès l’idée d’avoir un bébé. Selon la situation de chaque femme, les recommandations vont varier.
Les médicaments
Est-ce qu’il faut arrêter certains médicaments? Ou les remplacer en prévision d’une grossesse? Ou ajuster cette dernière afin de favoriser le plus possible une grossesse en santé?
Car il faut le dire, il y a des médications utilisées pour traiter des maladies chroniques qui sont absolument contre-indiquées pour une grossesse et/ou l’allaitement, considérant leurs risques de malformations pour le fœtus ou d’atteintes neurocognitives ou développementales.
Les suivis
Il est certain que si la maladie est stable depuis un bon bout de temps, que tu tolères bien la médication et que ton système répond bien aux traitements, il est plus facile d’imaginer une grossesse. Il se peut, au mieux, que l’activité de la maladie de Crohn soit moindre lorsque tu seras enceinte, mais il se peut également qu’il y ait des activations de la maladie. À chaque visite de suivi, le médecin évaluera les symptômes possibles de la maladie et le développement du fœtus.
Lorsque la maladie est stable, il y a moins de complications obstétricales. Par exemple, moins d’accouchements prématurés, moins de bébés avec un petit poids, moins de retard de croissance in-utéro. Dans l’autre extrême, si la maladie est en phase active, on dénombre plus de fausses couches au premier trimestre, une augmentation de la formation de caillots (thrombus) et une dénutrition possible avec un faible gain de poids durant la grossesse, relié à une malabsorption intestinale. C’est pourquoi, durant une grossesse, une équipe interdisciplinaire (médecins spécialistes, nutritionniste, etc.) verra à t’offrir un suivi plus rapproché pour suivre l’évolution de la maladie à travers le temps, voir au bon développement du bébé in-utéro (échographie de contrôle, le décompte des mouvements in-utéro), revoir la médication au besoin (modifier ou changer) et surveiller la prise de poids et ton état nutritionnel. L’on pourrait te suggérer une supplémentation en acide folique à haute dose, en calcium et vitamine D, en fer et parfois en d’autres vitamines.
L’accouchement et après
La naissance du bébé peut se faire par voie vaginale ou par césarienne. Tout dépend de chaque situation. Mais, on peut dire qu’il y a, selon les statistiques actuelles, deux fois plus d’accouchements par césarienne avec une histoire de maladie inflammatoire chronique chez la mère.
L’allaitement est possible aussi selon la médication de la maman. L’on verra aussi à surveiller en post-partum le rétablissement du système, l’état de la maladie suite à la naissance. À noter que l’on remarque une influence positive de la grossesse à long terme sur la maladie. Souvent moins de chirurgies, moins de crises actives, ce qui augmente la qualité de vie à plus long terme.
Voici Annie-Claude un petit résumé d’informations à la suite à ta question et j’espère que cela t’encouragera à bien prendre soin de toi pour réaliser ton rêve de devenir maman.
Porte-toi bien surtout et à bientôt,
Marie