Photo : Infertilité : Attention au surentraînement

Plusieurs facteurs peuvent influencer la fertilité

Conseils santé

Lire la partie précédente sur l’infertilité.

Il y a un certain nombre d’éléments qu’un médecin doit prendre en considération lorsqu’il a à évaluer la difficulté à concevoir chez certains couples. Il faut voir dans l’investigation ces différentes dimensions afin de déterminer l’origine possible de leur infertilité. Je vous ai ressorti ici plusieurs facteurs qui peuvent influencer la fertilité comme : l’âge, la génétique, l’anatomie, l’aspect immunitaire, les hormones, le mode de vie, l’environnement que je vais reprendre un à un pour bien vous les expliquer.

L’âge

On sait que la réserve d’ovules chez la femme diminue avec le temps, donc avec l’âge. Puisque nos statistiques nous montrent que les femmes d’aujourd’hui ont souvent leurs enfants après 30 ans, on peut prétendre que cette nouvelle réalité puisse expliquer, du moins en partie, la problématique grandissante pour certains couples à procréer. Certaines littératures nous indiquent qu’une femme de 30 ans a 12 % de ses réserves d’ovules et à 40 ans, seulement 3 %.

L’âge agit non seulement sur le nombre d’ovules disponibles mais aussi sur leur viabilité.

Les facteurs génétiques

Dans le processus de la conception, l’oeuf fécondé peut démontrer des malformations chromosomiques, des déficits ou un ovule défectueux que la nature identifie. S’en suit un rejet du corps provoquant une fausse couche ou un avortement spontané si vous préférez.

On dit qu’il y a le tiers des embryons implantés qui seront éliminés avant la 10e semaine de grossesse. Delon les articles consultés, 50 à 60 % des fausses couches seraient attribuables à des erreurs chromosomiques, à un défaut génétique non héréditaire.

5 % des femmes pourraient vivre deux fausses couches dans leur vie et seulement 1 % pourraient en vivre trois. Mais peu importe le nombre d’avortements spontanés, cela crée de l’inquiétude et des tourments, car le plus souvent, la cause reste inexpliquée.

Les facteurs anatomiques

Photo : Infertilité : Système de reproduction fémininPlus tôt, j’ai émis l’importance que les structures anatomiques des femmes et des hommes, soient en bon état pour favoriser la reproduction. Il faut des organes qui fonctionnent bien, qui encouragent d’une part chez la femme, la libération de l’ovule et chez l’homme, la présence d’un bon nombre de spermatozoïdes à la base de toute la conception.

Pour la femme, l’ovule libéré en bonne santé est un bon départ mais faut il aussi avoir des trompes de Fallope et un utérus qui favorisent les étapes subséquentes aussi essentielles. Vous comprenez que des malformations d’une structure comme l’utérus, la trompe de Fallope, de l’ovaire lui-même peuvent interférer dans la conception.

Il faut un follicule sur l’ovaire en bon état qui libérera l’ovule en bonne santé pour qu’ensuite la frange de la trompe de Fallope puisse l’attraper et l’attirer dans son canal pour accueillir le premier spermatozoïde qui sera en mesure de traverser sa pellicule très résistante pour réussir la fécondation. L’oeuf ainsi fécondé devra ensuite cheminer pendant environ 4 jours vers l’utérus pour bien s’implanter dans l’endomètre. L’endomètre étant la première couche interne de l’utérus très vascularisée qui permettra la formation du placenta et des structures nécessaires à la viabilité de l’embryon en développement.

Chez 2 à 4 % des femmes, l’oeuf fécondé s’implante malencontreusement dans la trompe, provoquant une grossesse extra-utérine appelée grossesse ectopique. Cet état ne peut malheureusement pas avoir une issue favorable à la continuité de la grossesse.

Même si l’embryon arrive à bon port et ce nid tel qu’attendu dans l’utérus, on remarque que 1 embryon sur 6 ne se développera pas et que la fausse couche viendra naturellement chez les femmes de moins de 35 ans. Après 35 ans, c’est une grossesse sur 4 et après 40 ans c’est 1 sur 2 qui se terminera par un avortement spontané.

Pour l’homme, il est aussi essentiel que ses structures soient en bon état pour la production de spermatozoïdes en quantité et en qualité avec une bonne mobilité, pour l’acheminement de ceux-ci lors de l’éjaculation puis du parcours qu’ils auront à faire ensuite pour aller à la rencontre de l’ovule afin de favoriser la fécondation.

Les facteurs immunitaires

On ne comprend pas toujours pourquoi certains organismes réagissent fortement devant un agent quelconque en provoquant une réaction de défense importante. On appelle ce phénomène une réaction auto-immune, c’est-à-dire, que le corps lutte contre quelque chose à l’intérieur même de son propre organisme.

Avec certaines analyses, les spécialistes dans le domaine de la fertilité sont en mesure d’identifier des réponses immunitaires qui peuvent venir agir sur les cellules elles-mêmes et contrecarrer la bonne évolution du processus nécessaire à la reproduction.

En identifiant mieux ces réactions possibles, il y a certaines interventions qui peuvent être posées pour améliorer la situation et aider à la fertilité.

Les facteurs hormonaux

Sans conteste, si les hormones de la reproduction ne vont pas, la fertilité ne va pas non plus.

Les hormones sont indispensables pour initier les étapes de la fertilité et leur influence est majeure. Ces messagers chimiques viendront tour à tour, dans une séquence bien précise, jouer leur rôle sur le milieu, le moment pour mieux favoriser la fécondation. C’est pourquoi, leur présence et leur impact sont si importants.

Les facteurs liés au mode de vie

Le poids santé

Le poids est un élément qui peut aider la fertilité. Dans le cas d’un indice de masse corporel au-delà de 30 (obésité), il y a 3 fois plus de risques chez la femme de vivre de l’infertilité, puisque le gras génère de l’oestrogène qui peut jouer indirectement un rôle contraceptif, même si ne on le souhaite pas.

Paradoxalement, pour une femme avec un poids considéré dans la maigreur, soit en bas de 19 d’indice de masse corporelle, cela influence aussi la fertilité mais plus au niveau hormonal amenant, le plus souvent, des cycles menstruels irréguliers et même une absence de cycle qui n’aide en rien la reproduction.

L’obésité pour les hommes semble avoir aussi un impact sur leur fertilité puisqu’il a été démontré que cet état peut amener une altération de la sécrétion de testostérone. La testostérone étant essentielle à la reproduction, on peut dire que le surpoids de l’homme peut aussi influencer son pouvoir à concevoir.

Le tabac

Photo : Infertilité : Éviter le tabagismeUn des pires facteurs qui influencent la fertilité, autant du côté des femmes que des hommes. La composition des cigarettes avec la nicotine, le goudron et les autres composés chimiques joue un rôle négatif sur les possibilités à concevoir. C’est pourquoi, tout intervenant mettra de l’avant des recommandations pour l’arrêt tabagique de part et d’autre pour mettre toutes les chances au couple de réaliser leur rêve d’avoir un bébé.

Le tabac peut influencer l’organisme des femmes en diminuant le nombre de follicules ovariens nécessaires à l’ovulation. Il diminue aussi la qualité des ovules, ce qui prédispose à une augmentation des grossesses ectopiques et aussi à un nombre plus important de fausses couches. Le tabac augmenterait le risque d’infertilité de 60 %.

Le tabac agit aussi au niveau de l’organisme mâle. Sous l’influence du tabagisme, on compte un nombre réduit de spermatozoïdes. Les différents éléments chimiques dans la cigarette peuvent aussi avoir un impact sur la génétique, le bagage transmis à un futur bébé.

L’alcool

Pris abusivement, l’alcool agit également négativement sur la fertilité.

Pour les hommes, la prise de 5 verres/jour diminue leur pouvoir reproducteur en agissant sur la baisse du nombre de spermatozoïdes produits, leur mobilité et aussi sur l’augmentation du cancer des testicules.

Le cannabis

Même pris de façon récréative, le cannabis peut aussi agir à long terme sur la fertilité puisqu’il s’élimine très lentement. Son impact est similaire à la prise d’alcool, mais s’il y a usage de drogues dures comme la cocaïne, ecstasy, héroïne, les réactions possibles sont encore pires. En plus d’agir sur la qualité des spermatozoïdes produits, leur impact peut aller jusqu’à la morphologie même, en créant des cellules anormales engendrées en vue de la reproduction.

La caféine

C’est aussi un facteur à considérer. Si une personne prend 5 consommations à base de caféine et plus par jour, on peut dire que cette habitude peut influencer négativement son pouvoir reproducteur.

L’alimentation

Peut aussi contribuer à la fertilité. La consommation trop importante de mauvais gras, de sucres et de calories n’aide en rien à concevoir un bébé. On dit que la stabilité de la glycémie sanguine aide la fertilité chez les femmes. Tandis que les déséquilibres alimentaires, incluant certaines carences, peuvent être à l’origine d’un débalancement hormonal qui influe négativement sur les processus de la reproduction.

Le surentraînement

Photo : Infertilité : Attention au surentraînementPeut agir sur l’ovulation ou changer le cycle menstruel puisque les hormones qui entrent en jeu dans la fécondation sont perturbées s’il y a trop d’activité physique. On le sait, les hormones sont fragiles alors, trop d’exercices c’est comme pas assez, c’est pas mieux!

Les facteurs liés à l’environnement

L’industrialisation de notre monde moderne amène son flot de changements. Les nombreux produits chimiques qui sont dans l’air, dans la nourriture, dans diverses fournitures de tous les jours exposent le corps humain à des agresseurs avec lesquels on apprend à composer.

Le contact répété avec certains produits forts et très toxiques, selon le métier exercé ou les loisirs pratiqués, peut agir sur la diminution de la fertilité en réduisant le nombre de spermatozoïdes et en perturbant les hormones liées au cycle menstruel.

Même un pantalon porté trop serré chez les hommes peut augmenter la chaleur locale au niveau des testicules et entraîner une diminution de la mobilité des spermatozoïdes.

Les facteurs liés à des événements ou des facteurs extérieurs

Le stress important et chronique ainsi que l’anxiété peuvent influencer sur le processus ovulatoire de la femme. Une forte émotion peut aussi altérer le cycle menstruel. C’est dire comment le psychologique peut aussi avoir un impact sur le physique et la reproduction.

En fonction des facteurs potentiellement nuisibles à la fertilité cités ci-haut, vous vous posez peut-être la question « Mais que dois-je faire dans un premier temps pour m’aider à mettre toutes les chances de mon côté pour que les efforts à concevoir se concrétisent? »

Voici quelques conseils santé de base provenant des pros en fertilité à mettre de l’avant pour aider votre cause.

La suite : Conseils de pro pour aider la fertilité pour les femmes et les hommes.

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Miniature vidéo suivi de grossesse

Suivi de grossesse

Vous avez passé un test de grossesse et c’est positif? Bravo! Maintenant, quelles sont les étapes et les examens qui
(Musique) Marie Fortier : Bonjour les parents, je suis contente d’être avec vous aujourd’hui. En fait, je vais vous parler d’un sujet délicat aujourd’hui, celui d’accueillir un enfant différent dans sa vie. Même si aujourd’hui on bénéficie d’un suivi de grossesse très très rapproché, qu’on a plusieurs tests diagnostic de dépistage de maladies. Il n’en demeure pas moins qu’on peut se retrouver bien impuissant devant les forces de la nature qui sont devant nous. Et je vous comprends, quand on attend un bébé, on se prépare à l’arrivée d’un bébé en santé. Pour la grande grande majorité, c’est un événement heureux d’accueillir un bébé dans sa vie et là, quand on retrouve devant l’évidence qu’un bébé différent va naître ou qu’il est déjà arrivé, ça l’amène tout son lot d’émotion et d’incompréhension. C’est sûr qu’aujourd’hui, moi je veux ouvrir sur le sujet, je veux vraiment qu’on passe ces tabous-là, pour parler de ce sujet-là, même si c’est touchant, je pense que c’est important de savoir que ça se peut et pour cela, j’ai invité des personnes qui vont être là qui travaillent, qui côtoient au quotidien des familles, des enfants qui vivent ce drame. Alors, je vous les présente à l’instant: Stéphanie Santos, toi tu es infirmière, coordonnatrice, et Marie Roberge toi, tu es travailleuse sociale, toutes deux êtes dédiées à l’équipe cranio-faciale ici au CHU Sainte-Justine. C’est bien cela? Écoutez peut-être en entrée de jeux, je vous demanderais, pourquoi vous trouvez cela important d’être ici aujourd’hui pour vraiment parler aux parents d’accueillir un bébé différent, pourquoi c’est important pour vous? Peut-être Stéphanie? Stéphanie : En fait, je suis infirmière depuis 13 ans et ça fait quand même 10 ans que je suis en cranio-facial. Avant de travailler ici, j’avais plus ou moins conscience de, c’est quoi avoir un bébé différent et en cranio-facial, encore un petit peu plus qu’ailleurs, je trouve que c’est important d’en parler pour faire connaître cette réalité-là pour que les parents se sentent moins seuls et que les enfants se sentent moins isolés et pour déstigmatiser un petit peu tout cela avec la population en général. Marie Fortier : C’est bien, et toi Marie? Marie Roberge: Moi ça fait environ 9 ans que je suis travailleuse sociale et j’ai toujours été ici. Ça été un choix de venir en cranio-facial parce que pour moi, ce qui est intéressant c’est de voir que c’est les conditions médicales qui ont un impact au niveau social parce que c’est une différence qui est faciale et donc, pour moi, c’était important d’accompagner les parents dans des situations avec des conditions qu’on ne connaît pas au préalable et aussi le fait d’avoir cet impact au niveau psycho-social de faire connaître aussi au public et aux gens pour changer un peu, le regard que les gens peuvent avoir sur ces enfants qui sont différents Marie Fortier : Exactement merci! C’est bien. C’est sûr que d’apprendre qu’on a un bébé différent peut se faire à différents moments. Il y a durant la grossesse ou après l’accouchement ou plus tard avec le développement aussi avec des maladies métaboliques comme le diabète, aussi des malformations, des syndromes neurologiques divers alors, par rapport à l’annonce, c’est sûr que quand on sait, l’impact comme tu disais et le réseau de soutien, on va tout parlé de cela, mais, avec vos expériences respectives, votre expertise, comment vous annoncer ça, des exemples concrets, ça se passe comment habituellement? Stéphanie : En fait, il y a plusieurs moments comme vous dites ou l’annonce du diagnostic peut se faire des fois c’est en anténatal, souvent à l’échographie à 20 semaines, la fameuse échographie où on pense apprendre le sexe du bébé exclusivement et qu’on se rend compte qu’il y a un petit quelque chose qui ne fonctionne pas au niveau du visage ou autres. Nous c’est plus au niveau du visage, mais à ce moment-là, souvent les radiologues ou les gynécologues ont tendance à rester très discrets et à pas trop donner d’informations pour ne pas déformer les informations aux parents et réfèrent plutôt, aux médecins spécialistes qui vont prendre l’enfant en charge quand l’enfant vont naître, dans notre cas, c’est les chirurgiennes plasticiennes en fait qui s’occupe de voir les enfants. On les rencontre le plus rapidement possible pour ne pas laisser les parents dans ce stress épouvantable là. On leur montre des photos, on leur explique c’est quoi qui arrive à court, long terme et à quoi ils doivent s’attendre. On leur dit qu’on est là, et qu’on va être là quand le bébé va arriver. C’est en anténatal et les parents peuvent vivre cela avant la naissance et à la naissance parfois et le même problème n’a pas été dépisté avant la naissance et oups! On voit ça, le choc est différent. On est impliqué de la même façon à ce moment-là, et il y a certaines anomalies, en ce qui nous concerne cranio-facial et plusieurs autres maladies infantiles qui apparaissent plus tard donc, l’enfant est correct et grandi bien puis, oups, tout d’un coup, quelque chose qui s’installe et ça aussi c’est vécu différemment par les parents. Le processus est toujours le même, on fait une référence tout de suite assez rapidement auprès des médecins pour le suivi Marie Fortier : Pour avoir le suivi en conséquence. Stéphanie : et le support. Marie Roberge : Oui c’est sûr, des fois, certains parents qu’ils le savent à la naissance ou plus tard et disent, j’aurais aimé le savoir avant, j’aurais pu me préparer. Mais en même temps, c’est à deux tranchants, souvent les parents qui on eu le diagnostic en anténatal, vont me dire, c’est comme si j’ai une partie 1 et une partie 2 dans ma grossesse. La première partie, on est tellement contents, on va avoir notre petit bébé, tout cela, et là…..c’est comme s’il y avait une bombe à 20 semaines à cette fameuse écho. Et comme dit Stéphanie, souvent le médecin référent arrive à référer vers les spécialistes, vers les chirurgiennes plastiques, ils ne vont pas trop s’avancer et les parents vont avoir le réflexe, qu’on a tous, d’aller sur internet, d’aller googler et y vont voir pleins de conditions qui ne ressemblent pas nécessairement à leur enfant, donc, plus un stress énorme aussi par rapport à cela et le stress de vouloir préparer à tout prix, parce que c’est ça, on va se dire, comment je vais réagir parce que c’est quelque chose de visuellement différent. Est-ce que je vais m’attacher à mon bébé? Est-ce que je vais le pleurer et même pour les mamans la culpabilité de dire durant la grossesse, est-ce qu’il le sent que je suis triste. Marie Fortier : Est-ce qu’il y a quelque chose que j’ai fait qui n’était pas correct? Marie Roberge : Oui on rejoint exactement, tout ce que j’ai mangé, j’ai fait, les exercices que j’ai faits. Marie Fortier : Une responsable. Marie Roberge : Souvent, il n’y en a pas de cause... Mais, dans cette injustice-là, on veut trouver une responsable, c’est sûr dans ces dimensions-là, il y a des choses qu’on peut préparer durant la grossesse, mais qu’il faut préparer les gens et leur laisser leurs réactions à la naissance parce que c’est important de dire, oui, je me prépare le plus que je peux, mais je réagirai comme je réagirai. Et ce que je dis souvent, toujours aux parents, c’est que ce n’est pas que vous pleurer votre enfant, vous pleurer sa condition et on peut être heureux d’avoir notre enfant et de vivre la naissance de façon heureuse, mais en même temps être triste parce que c’est sûr, votre enfant n’est pas exactement comme on le souhaitait, un enfant en santé, normal, tout ça. Marie Fortier : Exact, peut-être, si on continue sur la même lignée. Quand on apprend ça, il y a tout un ensemble d’étapes qu’on doit traverser pour arriver plus je dirais pas à accepter inconditionnellement, mais je dirais, à vivre avec cette réalité-là mieux, peux-tu nous en parler plus Marie? Marie Roberge : Souvent, je dis aux parents, ce n’est pas dans un processus de deuil ou la perte, mais ce n’est pas le projet comme on l’imaginait, c’est sûr que ce n’est pas un processus linéaire, on passe pas une étape première étape, une deuxième et une troisième étape et personne ne vit pareil dans un couple comme vous dites par rapport à maman qui se sent coupable de sa grossesse parce que c’est elle qui l’a porté, il y a des choses qui ne sont pas vécues de la même façon et c’est correct. Donc, c’est sûr que toutes ces étapes là, c’est normal de pleurer, parce que ce n’est pas ce que l’on souhaitait, ça ne veut pas dire que parce qu’on est triste au début qu’on ne l’acceptera pas et ça ne veut pas dire que si on traverse tout cela et qu’on a accepté et que oui, notre enfant est différent qu’on apprend à avoir confiance que oui, nos capacités et habiletés parentales qu’on peut lui inculquer une estime de soi et tout cela que peut-être le jour précédent l’entrée à la maternelle, qu’on n’aura pas cette espèce de boule, cette crainte-là qui nous revient, ce n’est pas qu’on recule en arrière, c’est une étape de vie. Marie Fortier : Qui se chevauche. Marie Roberge : Qui se chevauchent, c’est normal, je dis souvent aux parents que le premier regard, le regard des autres “ C’est les parents “. C’est normal au début, on n’a pas la confiance de dire, est-ce que je pourrai lui inculquer une belle image de soi, on a de la misère nous-mêmes de l’accepter, il faut se donner le temps, et ensuite, après ça, on gagne confiance en nous dans tout ce processus-là avec notre enfant. Marie Fortier : Ce qu’il faut comprendre, c’est une évolution, ça prend du temps. Il n’y a rien qui va venir tout seul et que cette situation-là, cette réalité-là amènent un impact partout dans la vie des gens comme, pour le parent lui-même individuellement, mais il y a des couples aussi qui sont souvent fragilisés aussi dans une situation comme cela et l’entourage, la famille et quand il y a d’autres enfants, les familles encore plus désorganisées, vous voyez cela souvent? Stéphanie : Oui, déjà, je pense que l’arrivée d’un enfant, quand c’est un premier, c’est le premier, il faut s’adapter à toute cette réalité-là et en plus, il y a un petit défi supplémentaire avec un enfant différent. Déjà d’être parent en soi, avec la venue d’un enfant 1er, 2e ou troisième, il faut déjà se réorganiser un petit peu et là, il y a une situation qui fait en sorte qu’il faut se réorganiser encore plus et ça l’a effectivement un impact sur l’entourage, des fois des couples et comme disait Marie tantôt, dans le couple, ils ne perçoivent pas la chose de la même façon, ça arrive pour n’importe quelles sortes de situations dans la vie là, mais là, c’est notre enfant et des fois, il y a des choses à travailler, à éclaircir. Il faut communiquer beaucoup, beaucoup, beaucoup, l’impact sur les autres enfants, la culpabilité que ça donne de plus aux parents, de dire, ce n’est pas que nous qui sont pénalisés dans la situation, je ne peux pas me séparer en 4, il faut que je sois à l’hôpital avec un et j’ai l’autre qui m’attend à la maison. Et j’irais jusqu’à dire avec l’entourage, on a pu observer à quelques reprises quand même les grand-mamans, les grands-papas, les oncles, les tantes voudraient être là, mais ne savent pas comment réagir, ils ne savent pas quoi faire. Marie Fortier : Quoi faire? Stéphanie : On a un malaise et des fois, puis, qu’ils ne savent pas comment réagir, ils se retirent et ce n’est pas pour mal faire, c’est juste qu’on n’est pas outillés pour supporter et on pense qu’on ne sera pas supportant et on se retire un petit peu. Marie Roberge : Oui effectivement, il y a des fois un malaise, normal de nos jours qu’en on a un enfant. Marie Fortier : C’est la joie! Marie Roberge : C’est la joie, on veut le partager, on met toutes nos photos de présentation sur Facebook “Voici notre petit bébé”. Pour ces parents, il y a un questionnement, est-ce qu’on le fait? Les gens vont réagir, est-ce qu’ils vont être mal à l’aise de dire “Félicitations”, mais en même temps, ils ne savent pas trop quoi faire et en même temps, ces enfants en cranio-facial avec leurs malformations au niveau, souvent, il y a des difficultés d’alimentation, ou au niveau respiratoire. C’est des enfants qui restent hospitalisés souvent, ça prend des services surspécialisés donc, on n’est pas dans notre région et surtout comme disait Stéphanie, ils ont d’autres enfants, ils sont à la maison. Marie Fortier : Ils sont éloignés. Marie Roberge : On est ici, on vit dans cette bulle-là. Stéphanie : Maman ne peut pas retourner faire dodo à la maison et revenir demain, il faut que maman reste là. Marie Fortier : Et même, j’ai des parents que j’ai côtoyés qui disait, même au niveau du budget familial! Marie, la maman qui avait laissé son emploi pour se dévouer entièrement à tous les soins de son enfant. Toutes les dépenses reliées à l’hébergement, au transport, toutes les investigations répétées, les soins ultra-spécialisés qui devaient se déplacer ça et là, a un impact sur tout le devenir des parents à quelque part. Marie Roberge : Oui, c’est des choses qu’on ne pense pas, mais c’est sûr qu’on dit que c’est des conditions plus rares qui nécessitent des soins spécialisés. Pour nous au niveau de la clinique cranio-facial, c’est ici à Montréal. Donc, on a des familles qui viennent de partout, la Gaspésie, de l’Abitibi donc, comme vous dites, c’est des frais, de l’organisation familiale. C’est sûr qu’il y a des choses qui peuvent venir en aide par rapport à tous les déplacements, des conditions des fois par le gouvernement. Marie Fortier : C’est très important les ressources, il en faut. Il y en a beaucoup qui pensent qui sont laissé pour compte. Ok, il y a des soins, mais qu’est-ce qu’on va faire, comment on va faire pour joindre les 2 bouts? Stéphanie : Il n’y a rien de miraculeux, je pense que des ressources, il y a une amélioration. Marie Roberge : Il y a toujours des limites, mais c’est sûr qu’il faut le savoir. Quand on doit aller dans une autre région, comme je dis, plusieurs régions, il y a des programmes qui couvrent des frais de déplacements et d’hébergement pour les parents qui vivent loin, car ils n’ont pas les services surspécialisés dans notre région donc, on peut se référer à notre hôpital de région pour avoir des frais là. Souvent aussi les enfants qui ont certaines conditions peuvent avoir un supplément pour enfant handicapé qui est une allocation familiale, ça aussi peut aider. C’est des choses limitées et ça cause un autre stress aussi sur la famille, le stress dans la famille, l’organisation familiale, séparé de la famille, s’il y a d’autres enfants et tout cela, ça fait beaucoup de chamboulement. Marie Fortier : On voit toute l’ampleur que ça peut prendre et vous assurez les suivis après, parce qu’ils ne sont pas toujours hospitalisés et vous référez, quand ils sortent, des références dans le réseau de la santé pour le suivi. Stéphanie : En fait, les enfants, parlons pour notre clinique à nous, c’est des enfants qui ont besoin de plusieurs suivis avec plusieurs spécialistes différents, c’est dur pour un parent. On en a qui sont super organisés, bon il faut qu’on aille en ORL, faut que, faut que, mais on essaie de leur organiser les choses le plus possible pour regrouper les rendez-vous et tout ça. C’est sûr que tout ce qui peut-être fait à la maison, dans leur secteur, on essaie de leur faire ça, mais en même temps, parfois, ils ont besoin de soins ultra-spécialisés ici et oui, on les organise tout cela et souvent, on les suit jusqu’à 18 ans et même au-delà, même au-delà oui. Marie Roberge : On dit souvent qu’on les adopte pour longtemps, souvent aussi en même temps, comme dit Stéphanie, il y a beaucoup de choses qu’on peut faire en région et on a une conscience de dire, on sait ce que ça fait pour une famille de devoir s’organiser, de venir ici à Montréal et tout cela, donc, regrouper les rendez-vous, faciliter tout cela dans l’organisation familiale et en même temps dans notre discours, oui, c’est important dans nos valeurs, oui, on vous adopte, oui nous votre différence, c’est notre normal. Marie Fortier : C’est votre quotidien. Marie Roberge : Oui, on a un regard différent par rapport à tout cela, c’est sûr que c’est limité, mais il y a des familles que j’aimerais suivre plus régulièrement, mais la distance géographique fait qu’on ne peut pas. C’est sûr qu’il y a des gens qui m’appellent quand il y a des situations, mais c’est limité. Il y a des suivis qu’on peut faire par des collègues dans le réseau, au CLSC, on se parle. Des fois, ça peut-être aidant de se référer à nous, on se parle, mais là, pour nous, cette surspécialité-là, ou de penser à c’est quoi, parce que des fois, les parents aiment ce côté-là différent au niveau facial, comme on dit, souvent ce n’est pas une difficulté médicale, elles ne sont pas physiques, c’est des difficultés que la situation médicale apporte qui sont psycho-social au niveau du rapport aux autres. Marie Fortier : D’où l’importance du soutien psychologique d’accompagnement pour l’enfant qui grandit et les parents. Stéphanie : Et pour l’entourage. Marie Roberge : Oui, c’est pour cela qu’on est une équipe multidisciplinaire. Moi mon rôle est beaucoup plus au niveau des parents et nous on a 2 collègues psychologues pour accompagner les enfants en même temps à travers tout cela et le cheminement d’acceptation et aussi pour prendre des décisions un petit peu plus tard par rapport à des chirurgies, qu’est-ce qu’ils veulent vraiment. Marie Fortier : La suite. Marie Roberge : La suite inclut l’enfant dans son processus. Marie Fortier : Il faut dire qu’à travers tout cela, il peuvent être très heureux. Les enfants et la famille, que ce n’est pas négatif pour le reste de la vie. Stéphanie : Il faut essayer, on dit souvent aux parents, oui, vous avez un enfant, c’est un enfant! Marie Fortier : C’est votre enfant. Stéphanie : C’est votre enfant, puis il va avoir sa vie d’enfant, oui, il a ça ça ça. Il va vous faire les mêmes niaiseries que votre plus vieux, il va vous faire une crise de bacon parce qu’il veut de la gomme dans la machine, il va faire les mêmes niaiseries que les autres enfants, c’est un enfant! Et nous autres, on est là pour aider les parents, les accompagner pour qu’ils deviennent le plus épanouis possible. Et vous seriez surpris de voir le nombre de jeunes ados, adultes, qui n’ont jamais voulu des chirurgies qui n’ont pas voulu corriger leur différence parce qu’elle fait partie d’elle. Puis, il y en a d’autres que c’est plus difficile, j’aurais tendance à dire que la majorité, ça va bien. Marie Fortier : Il faut avoir confiance. Marie Roberge : Oui, il faut se faire confiance et comme dit Stéphanie, au début, la peur, on pense au pire, on pense au pire. Marie Fortier : C’est le premier réflexe. Marie Roberge : C’est ça qui est différent avec des conditions comme cela. Quand on a un petit bébé, on se projette 20 ans plus tard et ce qu’on fait avec un petit bébé qui n’a pas de condition. Est-ce qu’il va avoir une blonde? Va-t-il avoir des amis, être victime d’intimidation? On ne pense pas à ça avec un bébé normalement. C’est tellement de grosses questions et on a pas de contrôle à savoir et c’est vrai qu’on rencontre des enfants ou au niveau de leur développement psycho-social c’est incroyable. Marie Fortier : Ils surprennent tout le monde. Marie Roberge : Ils surprennent tout le monde, et moi, souvent qu’on dit, je pense qu’on a le même discours moi et Stéphanie, quand on fait des retours de notre expérience, c’est vrai que dans notre clinique, dans nos familles, on a pu voir des enfants des plus beaux. Marie Fortier : Extraordinaire, vous êtes de bonnes personnes aussi pour les soutenir. Quand ils se sentent aimés et se sentent pris comme ils sont, je pense que ça leur donne du carburant pour avancer plus facilement grâce à des intervenants comme vous. Marie Roberge : On aime ça! On dit souvent la différence fait partie de leur enfant, ce n’est pas leur enfant qui est différent, il a une différence! Donc, souvent, quand je vous dis de toutes les réactions dans la grossesse et là, je leur dis, attendez, vous allez rencontrer votre enfant, là, vous pensez juste à la différence, c’est tout ce qui prend la place, prenez le temps de rencontrer votre petit bonhomme, cette petite fille et comme on dit, les enfants nous surprennent énormément dans leurs capacités d’adaptation. Marie Fortier : Écoutez, on pourrait en parler longtemps, il y a beaucoup à dire, je vous remercie beaucoup d’avoir été là, mais j’aimerais en conclusion, qu’est-ce que vous voulez laisser de part et d’autre avec votre expérience et expertise respective, un message clé si on peut dire? Stéphanie : Moi, je dirais, tout ce que vous vivez ou avec votre vécu, ou ce que vous vivrez, c’est NORMAL. Il ne faut pas hésiter à parler, à demander de l’aide, vraiment faut le dire. Il n’y a rien de ce que vous vivez qui est anormal, on a déjà vu ça, on va vous aider, vous allez trouver de l’aide autour de vous et je veux juste vous dire que je suis convaincue, que sur sa route, votre enfant va toujours trouver, trouver quelqu’un qui va l’aimer comme il est, et qu’il va le supporter, et va l’aider à faire son chemin et va vous aider aussi à travers tout cela. Marie Roberge : Comme dit Stéphanie, c’est normal, c’est normal d’avoir de la difficulté à accepter. Marie Fortier : Et qu’on l’aimera pas! Stéphanie: Ça n’a pas rapport avec l’amour. Marie Roberge : Moi, je pense qu’il faut se faire confiance dans tout ce processus, se donner la chance. Marie Fortier : Du temps. Marie Roberge : Du temps, comme dit Stéphanie, vous n’êtes pas seul. Souvent, on pense tellement qu’on est seul au monde, que personne ne connaît la condition de notre enfant, que personne ne peut comprendre et pour nous, c’est super important et même, nous on peut apporter quelque chose nous aussi, on a un souci de faire rencontrer des familles parce que souvent quand on se regroupe, moi je dis souvent, il y a une autre famille que votre différence, que tout le monde trouve tellement différente dans votre famille, qui est la normale, la réalité de quelqu’un d’autre, donc, c’est important. D’avoir foi, qu’il y a des gens à travers le parcours de votre enfant qui, comme vous, va voir les beautés de votre enfant et son unicité. Donc, c’est un message d’espoir Marie Fortier : Et moi, je vais faire la porte-parole de tous les parents que vous avez pris soin, et les enfant que déjà, vous avez pris soin et ceux à venir, pour vous remerciez pour votre beau travail. Stéphanie et Marie Roberge : Ça fait plaisir. Marie Fortier : On dit souvent que la santé est le bien le plus précieux et parfois, on l’oublie souvent quand on en bénéficie à tous les jours et ce que j’ai envie de dire en conclusion, à tous ceux qui m’écoutent, à tous ceux qui bénéficient d’un bébé en santé, restez ouverts, rester compatissants et bienveillants pour les personnes autour de vous qui peuvent vivre des réalités comme ça qui sont pas évidentes et d’essayer de les aider du meilleur de vos capacités et sur ce, je vous laisse et je vous souhaite le meilleur pour vous et à votre bébé bien sûr et on se retrouve sur mon site mariefortier.com. (Musique))

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Par Marie Fortier Temps de lecture: 8 min
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