Lisez la partie 2 du récit de Zoé : Bonne fête des Mères!

Partie 3

Les portent de l’ascenseur se referment. Nous sommes maintenant devant l’inconnu; et l’inconnu, ça fait vraiment peur. Pour la véritable première fois de ma vie, je ne contrôle plus rien. Je dois lâcher prise. J’ai tellement peur d’accoucher maintenant. J’en suis à 27 semaines et 6 jours. C’est beaucoup trop tôt. Que va-t-il se passer? Nous n’avons même pas choisi de nom!

On arrive enfin au 5e étage. C’est fou comme le temps peut sembler relatif parfois. J’ai l’impression que tout est au ralenti. Est-ce un cauchemar? Je souhaite secrètement me réveiller rapidement. Je sens mon cœur battre vraiment fort dans ma poitrine et les larmes couler sur mes joues, mais je ne sens pas mon bébé bouger.

L’infirmière à qui j’ai parlé plus tôt nous attend. Elle est tellement calme et je sens sa grande empathie. Je pleure (encore!). Elle me dirige vers un lit et installe un moniteur pour écouter le cœur du bébé. Il n’est pas facile à trouver. Je suis inquiète. Je serre la main de mon conjoint. Je crois que je lui écrabouille la main en fait.

Bou-boum, bou-boum!

OUFFFF! Quelle joie d’entendre son petit cœur. Accroche-toi bébé, on va y arriver! J’essaye très fort de me convaincre que tout va bien aller.

Le temps passe. Les saignements ont diminué maintenant, mais je dois rester pour avoir un examen plus complet. Mon conjoint descend remplir les papiers pour mon admission.

Un résident, accompagné d’une médecin de famille que je ne connais pas, me conduit vers une petite salle privée pour inspecter mon col. Il n’est visiblement pas très à l’aise avec la procédure ni très délicat. On dirait qu’il n’a jamais vu de vagin de sa vie. Ça fait mal, je serre les dents.

De retour vers mon lit, j’aperçois enfin un visage familier. C’est Docteure F qui m’a suivie à la Clinique J-C. Elle vient me voir.

« Zoé, je dois te chicaner! Qu’est-ce que tu as oublié? »

« Euh… ? »

J’ai commis une grosse erreur : je n’ai pas mentionné aux médecins qui ont fait mon examen du col que j’avais un placenta prævia. Je dois refuser tout examen intra-vaginal. Je me sens horrible. Bienvenue dans le monde de la culpabilité, future maman! Avec l’énervement, j’ai cru que tout le monde connaissait mon cas, vu que je l’avais mentionné au téléphone avant d’arriver. Je m’en veux tellement. J’ai aveuglément fait confiance aux médecins devant moi et j’ai cru, puisque c’était des médecins, qu’ils savaient quoi faire et ce qui était bon pour moi. Je vais m’en rappeler de celle-là : rester vigilante et poser plus de questions que pas assez.

Photo - chambre d'hôpital - Zoé maman collabo Le verdict est tombé. Je vais devoir rester hospitalisée quelques jours. Nous sommes dimanche et si tout va bien, je vais pouvoir sortir mardi. On doit avoir un minimum de 48 h sans saignement.

***
Cela fait maintenant 3 semaines que je suis hospitalisée. Je suis sortie 3 fois la première semaine pour revenir quelques heures plus tard.

« Rebonjour Zoé, je crois bien qu’on va te garder jusqu’à l’accouchement, cette fois-ci. »

J’ai des saignements presque tous les jours ou aux deux jours et étrangement c’est presque devenu normal. Je connais maintenant tout le personnel. J’ai même une résidente en gynécologie préférée! Mes journées sont toutes semblables, les médecins viennent faire leur ronde, les infirmières prennent mes signes vitaux et surveillent le cœur du bébé régulièrement, les préposées apportent les repas, etc.

Il y a de bonnes comme de mauvaises journées côté moral, ou plutôt de bons comme de mauvais moments. Tout peut changer tellement rapidement. Mon humeur joue au yoyo. Je me sens un peu bipolaire. Il y a beaucoup d’émotions, parfois contradictoires, qui m’habitent. En toute honnêteté, c’est quand même déprimant d’être alitée et de ne jamais voir dehors puisque mon lit doit être près de la porte si jamais je dois partir en césarienne d’urgence (P1 dans le jargon hospitalier). Le pire pour moi, c’est de ne pas savoir ce qui s’en vient. Je me sens vulnérable et je ne gère pas bien l’incertitude. J’ai de la difficulté à m’imaginer passer tout le reste de ma grossesse comme ça. Comme toute maman, je souhaite évidemment me rendre à terme, mais j’ai quand même hâte de sortir d’ici. Je m’occupe l’esprit comme je peux en démêlant la paperasse pour les congés (chômage maladie, chômage pour enfant gravement malade, RQAP) et en écoutant Netflix (J’ai écouté 11 saisons de Grey’s Anatomy! Je trouve que ça aide à relativiser ma situation, car les personnages sont toujours en plus mauvaise posture que moi!).

Pour égayer mes journées, j’ai la chance de recevoir de la visite tous les jours de la part de ma famille et de mes amis. Ce soutien est réellement précieux, j’ai vraiment des proches en or! Le plus merveilleux dans tout ça, c’est qu’ils m’apportent de bonnes choses à manger (vive le pâté chinois, le spaghetti, les clubs sandwich, les biscuits et les cupcakes!) pour satisfaire mes cravings. Bref, je mange mes émotions en attendant d’accoucher et ça fait du bien!

***
Il est 5 h du matin. J’ai passé une très mauvaise nuit puisque j’ai un léger saignement depuis quelques heures. Habituellement, ça ne dure jamais longtemps, mais ce matin c’est persistant. C’est vraiment tannant comme situation. Ça doit être une fausse alerte. Je veux et JE VAIS me rendre à au moins 32 semaines. Je suis maintenant rendue à 30 semaines et 4 jours. Je n’accoucherai certainement pas ce matin. C’est NON. Je commence à avoir mal dans le bas du dos et dans le ventre en général. Une infirmière touche mon ventre.

« Sentez-vous cette contraction là? Elles commencent à se rapprocher. On va surveiller la situation de près. »

La suite par ici : Bon matin!

Zoé
Les opinions émises dans ce billet n’engagent que l’auteure.

Photo - Photo de maman collaboratrice journal intime de Zoé

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