Mise à jour du billet le 27 février 2020
Parler de la fausse couche, c’est un sujet chaud puisqu’il touche une corde sensible et, peut-être, un vécu douloureux. Pourtant, je pense important, comme intervenante auprès des couples, de démystifier certains aspects de la fausse couche pour aider à libérer les personnes qui s’en sentent tellement responsables.
Vous êtes-vous déjà demandé, dans une réunion de filles, combien d’entre vous aviez perdu un bébé, une amie, une sœur? Allez, essayez cela, et vous verrez la réponse… Il est surprenant de constater le nombre impressionnant de femmes (et de conjoints) qui ont vécu cette perte sans en avoir parlé ou presque. On entend par fausse couche le décès d’un embryon ou d’un fœtus non viable pesant moins de 500 g et survenant avant la 20e semaine de grossesse.
environ 15 à 20 % des grossesses se termineront par une fausse couche
Les fausses couches représentent le décès périnatal le plus fréquent et les statistiques sur le sujet nous informent qu’environ 15 à 20 % des grossesses se termineront par une fausse couche. En fait, ce nombre est certainement plus élevé compte tenu des femmes qui en font une sans savoir qu’elles sont enceintes. Bien que l’on ne puisse identifier les causes de ces décès, dans la majorité des cas, certains facteurs de risque peuvent augmenter la possibilité que ce phénomène se produise, mais pas causer le décès directement. Voici quelques facteurs relevés dans la littérature : l’âge plus avancé de la mère (35 ans et plus), le tabac, l’alcool (pris régulièrement), la drogue (ex. : la cocaïne et l’héroïne), certaines situations de santé chez la mère (obésité, diabète mal contrôlé, trouble de la glande thyroïde et autres maladies).
Il y a 4 situations rencontrées dans une fausse couche ou avortement spontané :
- La menace : avortement spontané avec des saignements et un col de l’utérus fermé;
- L’inévitable : avortement spontané lié à des saignements, crampes et col de l’utérus dilaté;
- L’incomplet : qui fait référence à des saignements, crampes et col dilaté mais où il reste des produits de fécondation dans le col ou l’utérus;
- La grossesse arrêtée (arrêt de croissance), où on ne trouve pas de cœur fœtal.
Après la fausse couche :
S’il y a toujours des produits de conception à l’intérieur, il est primordial que le médecin intervienne, afin de prévenir toutes complications possibles tels les saignements et l’infection. Les options thérapeutiques sont diverses : dilatation et curetage, l’utilisation d’une prostaglandine (cytotec) soit vaginale, orale/sublinguale ou continuer d’évaluer la situation sans intervenir spécifiquement.
Habituellement, le médecin effectue un suivi post fausse couche 7 à 14 jours plus tard pour vérifier l’état général de la femme. Probablement qu’il demandera une prise de sang de contrôle des B-hCG pour valider l’absence de l’hormone de grossesse dans le sang. L’échographie de contrôle est très rare sauf si indication de la pratiquer.
Il est souvent indiqué au niveau médical d’administrer le vaccin « Winrho » (se sont des immunoglobulines) à la femme qui a un rhésus négatif à son groupe sanguin (ex: B -) lors d’une fausse couche ou de saignements importants afin de prévenir la passation des anticorps entre la mère et son foetus.
L’entourage :
Souvent, les gens pensent que quand on perd un bébé au début de la grossesse, ce deuil est moins pire à vivre puisqu’on n’a jamais vu l’enfant, jamais vécu avec lui. Toutefois, il est clair dans les recherches que la perte d’un bébé peut être très lourde à porter, et ce, à n’importe quel moment de la grossesse. Aucun parent n’est préparé à perdre un enfant, ni avant sa naissance, ni après. La perte est encore plus grande selon le désir à la base d’avoir un bébé, ce que cette grossesse signifiait pour le couple, le temps qui a été nécessaire pour concevoir, le lien d’attachement déjà créé, etc.
L’entourage est souvent mal à l’aise de parler du sujet et puisqu’ils n’ont pas connu l’enfant, ils sont peu conscients de l’impact de cette perte sur un couple. Cet évènement est presque irréel : pas de souvenir tangible, pas de bébé, donc beaucoup d’hésitation à en discuter librement. Les parents passeront à leur rythme, à leur façon, à travers des réactions émotionnelles qui constituent les différentes phases du deuil. Le choc, la révolte, la désorganisation, le désespoir et l’adaptation sont les cinq phases que l’on retrouve habituellement comme réactions courantes face à tout deuil.
Pour une femme, le lien d’attachement à son bébé est plus précoce (même avant la grossesse) que pour les hommes en général (davantage aux 2e et 3e trimestres de la grossesse), ce qui fait que l’expression des émotions liées à la perte est très distincte. En début de grossesse, le père intellectualise qu’il sera père (« enceinte » dans sa tête), tandis que la mère vit cette nouvelle expérience plus émotionnellement.
Je vous invite à poursuivre la lecture sur les différentes réactions hommes/femmes en situation de deuil, les répercussions sur le couple et le reste de la famille et le vécu lors d’une future grossesse dans le billet Réactions à la fausse couche.
Je vous attends pour la suite afin de mieux vous accompagner.
À bientôt!
Marie
La spécialiste des bébés
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