Dans ce billet éducatif, la consommation de tabac durant la grossesse sera abordée. La prise de cannabis durant la grossesse a déjà été traitée, mais il est important de s’arrêter également à l’usage spécifique de la cigarette durant cette période. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) vient de mettre à jour la fiche santé concernant le tabac et la grossesse, et il a été jugé pertinent de partager ces informations.
Avec les explications qui suivent, il n’y a aucune intention de culpabiliser qui que ce soit. L’objectif est simplement de fournir des informations correctes, de sensibiliser et possiblement d’aider à modifier les habitudes en ce qui concerne la consommation de la cigarette. Ceci est bénéfique pour la santé des mamans, celle du bébé à venir et celle de tous les membres de la famille. Dans le cadre de la mission d’enseignement, il est essentiel de partager les bonnes pratiques pour maximiser la santé d’une mère et de son bébé. En faisant cela, il est bien reconnu qu’il s’agit de s’attaquer à des accoutumances dont il n’est pas facile de se départir, mais qui en valent néanmoins tous les efforts.
L’usage du tabac durant la grossesse en chiffres
Est-ce que vous saviez qu’une femme sur dix avoue avoir fumé dans le dernier trimestre de sa grossesse? Bien sûr, on comprend que ce nombre est en réalité bien plus élevé considérant que plusieurs futures mamans préfèrent cacher leur prise de tabac par désirabilité sociale. Ce n’est pas cool de dire qu’on fume avec un ventre rempli d’un bébé en grand développement. On n’aime pas l’image que ça donne dans notre entourage.
De plus, il ne faut pas oublier que plusieurs femmes enceintes vivent avec leur amoureux qui fume dans la maison. Les différentes composantes de la cigarette se retrouvent alors dans l’air, dans la poussière et aussi sur différentes surfaces de leur environnement. La femme enceinte peut alors inhaler ou être en contact régulièrement, sans le vouloir, avec les produits chimiques qui composent la cigarette.
La fumée secondaire
Inhaler la fumée secondaire de tabac dans l’environnement peut aussi avoir des répercussions sur la santé. C’est pourquoi les futurs papas et les visiteurs ont eux aussi une responsabilité à cet égard. L’implication de ceux-ci est primordiale afin qu’ils cessent eux aussi leur consommation de cigarettes dans le meilleur des cas. Ou, à tout le moins, qu’ils fument dehors loin des ouvertures de la maison pour éviter la fumée secondaire.
Le couple doit travailler en équipe pour se soutenir mutuellement afin de réaliser leur objectif commun d’écraser pour de bon et de favoriser le meilleur environnement possible pour eux et leur bébé en construction.
Les impacts de la consommation de la cigarette
Pour toute personne, peu importe le moment de sa vie, il y a de possibles impacts de la consommation de la cigarette. Pour toute la population, la cigarette peut être un facteur de risques très important et causer plusieurs problématiques en santé. On parle entre autres de plusieurs types de cancers, des pathologies respiratoires et cardiaques.
La cigarette et la femme enceinte
Pour la femme enceinte, la différence réside dans le fait que la répercussion peut également toucher le bébé qu’elle porte dans son utérus, puisque le placenta n’est pas impénétrable. Malheureusement, les composantes inappropriées contenues dans une cigarette peuvent traverser le placenta, via le flux sanguin de la mère vers son bébé, et exposer le fœtus directement à ces facteurs pouvant nuire grandement à sa croissance et son développement.
Le contenu d’une cigarette peut compter jusqu’à 7000 substances chimiques différentes et celles-ci peuvent avoir un impact à 3 niveaux : sur la santé de la femme enceinte, sur l’issue de la grossesse et aussi sur la santé du bébé.
Les impacts de la cigarette pour la femme enceinte
Vous le savez, la grossesse est une phase de vie où le métabolisme de la femme est en grande accélération pour subvenir aux besoins croissants de son bébé en formation. C’est la femme enceinte qui approvisionne son bébé en nutriments essentiels et en oxygénation nécessaire à son plein potentiel de développement, et ce, très rapidement après la conception.
La femme enceinte qui fume verra une diminution de sa capacité à absorber certaines vitamines comme les folates, la vitamine C et B6, ce qui la rendra plus vulnérable aux infections puisque son système immunitaire sera affaibli.
Elle aura probablement des symptômes relatifs à des problèmes respiratoires amplifiés. L’effet de rétrécissement des vaisseaux sanguins aura un impact au niveau respiratoire. Les échanges cardio-respiratoires seront plus difficiles à effectuer pour libérer d’une part, le gaz carbonique qui est le déchet à expulser pour la mère et, d’autre part, de se réapprovisionner en oxygène.
Problèmes cardiaques et haute pression
On remarque également, conséquemment à cette situation, une fréquence cardiaque augmentée chez les femmes enceintes qui fument. Encore une fois, le rétrécissement des vaisseaux sanguins sous l’effet de la nicotine n’est pas étranger à ce phénomène. Le cœur compense en augmentant la fréquence pour arriver à satisfaire un flot sanguin nécessaire au fonctionnement de l’organisme. Finalement, la charge cardiaque est plus grande, c’est-à-dire que l’effort du muscle cardiaque pour faire son travail est accru et au-delà qu’il ne le devrait.
Le tabagisme pour la femme enceinte augmente ses risques personnels de vivre de l’hypertension gravidique ou de grossesse. Cela correspond à une élévation de la tension artérielle au-delà du paramètre souhaité lors d’une grossesse. Cette complication peut avoir, sans qu’on le veuille, un impact négatif sur le développement pondéral du bébé (bébé de petit poids) et sur l’issue de la grossesse également.
Les impacts du tabagisme sur l’issue de la grossesse
Chez la femme enceinte qui fume, on remarque une tendance à vivre davantage de complications de grossesse. Parmi les problématiques les plus courantes recensées, on parle ici de plus d’avortements spontanés (fausses couches), plus de grossesses ectopiques (dans la trompe), plus de placentas praevia (placenta couché dans l’ouverture du col de l’utérus), plus de ruptures de la poche des eaux de façon prématurée, plus de naissances prématurées et plus de retards de croissance.
Dans le pire des cas, un danger augmenté pour la vie du bébé avant de naître ou dans les heures ou jours qui suivent son arrivée avec le syndrome de mort subite du nourrisson.
Ce n’est pas banal, il faut y penser!
Les impacts au niveau du bébé
Au niveau du bébé, sachez que la nicotine peut avoir des conséquences sur le développement du cerveau des bébés in-utéro et aussi au niveau des vaisseaux sanguins inclus dans le cordon ombilical qui seront susceptibles d’être contraints à se rétrécir.
Ajouter à cela l’accumulation du monoxyde de carbone dans son sang qui réduit ses apports en oxygène et les nombreux autres produits chimiques auxquels il est exposé. Cela peut avoir un impact réel et dangereux à court, moyen et long terme pour lui. Malheureusement, lors de la naissance, on ne pourra pas vous indiquer dans quelles mesures votre bébé sera touché.
On compte plusieurs répercussions possibles, comme un faible poids à la naissance, un tempérament souvent plus difficile. À plus long terme, des troubles d’apprentissages, des retards de langage, des diagnostics accrus de déficit d’attention et d’hyperactivité (TDAH), plus de troubles de comportement et plus d’asthme. On peut aussi voir une prédisposition à consommer également des produits du tabac et autres substances à long terme.
Après la naissance, vous vous demandez peut-être s’il est recommandé ou pas d’allaiter votre bébé si vous fumez? Et bien, nous vous l’expliquerons dans la prochaine section.
Le tabac et allaitement
Même si la femme enceinte a consommé des produits du tabac durant la grossesse, l’allaitement maternel demeure le meilleur choix pour nourrir le bébé après l’accouchement.
Malgré le fait que la nouvelle mère fume, les avantages du lait maternel restent supérieurs aux effets de la nicotine chez le bébé. Toutefois, il est évident que des consignes de base demeurent pour amoindrir le transfert au bébé lors de l’allaitement. Comment?
- En favorisant le fait de fumer après la tétée.
- Si possible, en attendant 2 ou 3 heures après la consommation de cigarette pour allaiter à nouveau.
- En évitant en tout temps de fumer lors de la tétée pour prévenir la fumée secondaire pour le bébé.
- En demandant de l’aide pour mettre de l’avant des démarches pour cesser le tabac.
Pour connaître les options qui peuvent vous aider à cesser de fumer, consultez la prochaine partie.
Quelles sont les options pour faire face à ma dépendance au tabac?
La période de grossesse est une partie de vie où les femmes sont plus que jamais ouvertes et sensibilisées à cesser leur consommation de tabac, pour le bon déroulement de leur grossesse, mais surtout pour la santé de leur bébé. Dans le meilleur des mondes, vous arriverez à cesser de fumer.
Si malheureusement vous n’êtes pas en mesure d’écraser pour de bon la cigarette durant la grossesse, quelles sont vos possibilités de traitements?
Les thérapies de remplacement de la nicotine (TRN)
Il existe des thérapies de remplacement de la nicotine (TRN), mais ces méthodes ne permettent pas d’éliminer complètement la nicotine puisqu’elles en contiennent de façon calculée, mais en moindre quantité que la fumée de cigarette. Si le médecin vous prescrit cette formule, c’est qu’il a évalué votre situation et a jugé qu’il y avait plus de bénéfices pour vous et votre bébé d’en faire usage que d’inconvénients.
Les différentes thérapies de remplacement de la nicotine peuvent passer par des pastilles, des timbres à coller sur votre peau, des vaporisateurs et des gommes à mâcher. Avec un suivi approprié et une guidance, l’objectif ultime à poursuivre ensuite sera de réduire progressivement la concentration de nicotine à un certain rythme, pour sevrer progressivement l’accoutumance et la dépendance à la cigarette, à la nicotine.
Les cigarettes électroniques
Prenez note que les cigarettes électroniques (vapoteuses) ne sont pas indiquées chez les femmes enceintes et les femmes allaitantes pour cesser de fumer.
Santé Canada souligne que, même si les produits de vapotage contiennent moins de substances chimiques que la cigarette, il n’en demeure pas moins qu’ils comportent des risques pour la santé de la mère et/ou du bébé, comme la nicotine peut le faire.
De plus, on peut également questionner les composantes des émanations de substances provenant de la vapoteuse (la teneur de produits toxiques contenue dans la vapeur) que nous ne pouvons décrire concrètement pour l’instant, au niveau des connaissances scientifiques.
Cela dit, les recherches pédiatriques sur le sujet nous montre clairement que l’exposition à la fumée secondaire de la cigarette et/ou aux aérosols en suspension de la vapoteuse fragilise les jeunes enfants en raison de leur immaturité et les rendent ainsi, plus sensibles à développer des problèmes importants au niveau respiratoires principalement ( asthme, bronchite etc..). L’exposition répétée et soutenue peut également occasionner des retards de croissance et de développement chez certains enfants ( SOGC)
Rien n’est facile, une dépendance c’est une dépendance. Il faut d’abord être bien entouré de gens qui veulent vous aider en vous encourageant dans vos efforts, dans vos victoires quotidiennes. Surtout, épargnez-vous d’être confrontée à des gens qui fument sous votre nez.
Si vous avez besoin d’une aide spécialisée, les centres d’abandon du tabagisme (CAT) peuvent être très aidants et sont tout à fait gratuits pour la guidance dans une démarche de réduction de la consommation de la cigarette. Pour un soutien en tout temps, il y a aussi des lignes téléphoniques, plusieurs ressources en ligne et un service d’assistance par messages textes au lien suivant smat.ca.
Encore une fois, il est espéré que l’information fournie sur la consommation de tabac durant la grossesse et l’allaitement ait été bien comprise. Toujours dans un esprit d’éducation, il est également souhaité que cette information ait semé une petite graine qui, avec le temps, pourra porter ses fruits et encourager une démarche de cessation du tabagisme.
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Mise à jour de l’article : mars 2025.
Références :
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https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/tabagisme-et-tabac/vapotage/risques.html#a
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Guide pratique sur le vapotage, 2021 https://cps.ca/uploads/clinical/VapingTool-FR.pdf
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La protection des enfants et adolescents contre les risques du vapotage, 2021 https://cps.ca/fr/documents/position/la-protection-des-enfants-et-des-adolescents-contre-les-risques-du-vapotage
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INSPQ : Vivre dans un environnement sans fumée https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/sante/bebe-en-securite/vivre-environnement-sans-fumee
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SOGC : Grossesse et Vapotage https://sogc.org/fr/fr/content/featured-news/declaration-de-la-sogc-le-vapotage-et-la-grossesse.aspx?
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Québec sans fumée: la fumée du tabac augmente les risques de problèmes de santé chez les jeunes enfants. https://www.quebecsanstabac.ca/je-minforme/dangers-sante/risques-accrus-pour-les-enfants