En général, l’arrivée d’un nouvel enfant s’accompagne d’une très grande joie pour toute la famille, mais pour 10 à 15 % des nouvelles mères, leur nouveau statut bouleversera leur vie au point d’en faire des cauchemars. Je sais que ce n’est pas quelque chose que les femmes racontent haut et fort compte tenu que socialement, ce qui est dit « normal » lors de l’arrivée d’un enfant, c’est d’être heureux et rempli de joie! Alors, si cela ne se passe pas ainsi, cela veut dire quoi?

Le livre des psychologues Nathalie Parent et Joanne Paquet intitulé Du post-partum à la dépression, renaître après la naissance, traitant de la dépression postnatale peut vous aider à mettre des mots sur plusieurs de vos émotions et à reconnaître le vécu d’autres femmes qui témoignent de leur expérience très difficile à la suite de l’arrivée d’un enfant dans leur vie.

La société actuelle, qui projette l’image de la super mère performante, souriante et heureuse, n’est pas ouverte aux sentiments plus négatifs et on comprend ainsi pourquoi les femmes qui vivent un post-partum difficile s’isolent et se referment sur elles-mêmes. Ce n’est pas bien vu de se plaindre, d’être malheureuse après avoir eu un si beau bébé et en santé en plus!

On voit souvent dans le réseau, des mères fatiguées, épuisées de plus en plus. Elles sont multitâches et doivent arriver à tout faire et parfaitement pour montrer aux autres qu’elles sont capables et performantes puisqu’il semble que ce soit la norme sociale actuelle. On retrouve souvent les femmes un peu plus âgées, professionnelles, travailleuses autonomes avec leur conjoint qui travaille aussi et elles en prennent de plus en plus sur leurs épaules et ça devient lourd en responsabilité avec le temps.  Les relevailles ne sont plus ce qu’elles étaient. Les femmes d’aujourd’hui acceptent moins l’aide offerte, veulent s’en tirer seules et montrer qu’elles sont capables et acceptent mal que le tout ne se passe pas comme elles le voudraient. Avec ces soucis de performances, les parents s’attendent aussi à avoir un enfant parfait! Mais non, la réalité est tout autre. Les rendez-vous pour voir différents intervenants augmentent aussi, médecin, psychologue, orthopédagogue ect… Tout cela augmente encore la charge avec les années.  On se retrouve alors dans un contexte explosif. Tout cela fait en sorte que bien souvent la mère se trouve malheureuse en lien avec son style de vie et voudrait retrouver un peu de repos, de répit. Toute la famille peut-être touchée.

Je me rends compte, dans ma pratique, que plusieurs personnes n’avaient jamais entendu parler de la dépression postnatale même pendant leur grossesse et pensent, souvent à tort, que cette situation n’arrive qu’aux autres. Avoir des sentiments négatifs et souffrir d’une dépression postnatale est pourtant possible et je trouve important d’en parler pour sortir de l’isolement ces femmes éteintes par la pression sociale et encourager celles qui n’osent pas s’exprimer à le faire. J’ose espérer que le conjoint et l’entourage pourront ainsi mieux dépister les signes démontrant que la nouvelle maman est aux prises avec un vécu trop lourd et trop difficile en « postnatal » pour le gérer seule. Il ne faut en aucun moment ignorer la détresse d’une femme enceinte ou nouvellement accouchée et ce, même si les symptômes sont plus légers car cette situation peut se détériorer et évoluer vers la dépression plus profonde qui peut avoir des conséquences sur la santé de la femme mais aussi sur le bébé et le reste de la famille.

Avoir un bébé, toute une période de stress!

Avoir un bébé touche plusieurs dimensions d’une personne :

  • niveau biologique avec les fluctuations hormonales;
  • niveau psychologique avec le bouleversement psychologique de s’imaginer comme mère;
  • niveau social qui travaille le changement de rôle, la transition socio-familiale.

La dépression périnatale (autour de la naissance) touche bon nombre de femmes selon la période et les facteurs de risques. On compte 11 % des femmes qui seraient touchées dans le premier trimestre de la grossesse, 8,5 % durant le deuxième trimestre, 8,5 % dans le troisième trimestre et 22 % en postnatal, cette dernière statistique que nous pensons sous-estimée.

La période postnatale est une phase de grands bouleversements, les changements hormonaux y sont très importants. En effet, l’hormone œstrogène qui donne de l’énergie durant la grossesse est à la baisse après l’accouchement et la progestérone amène une augmentation de la fatigue et un effet “anti-anxiété” (anxiolytique) ce qui peut amener à la longue des symptômes dépressifs. Aussi, la cortisol entre en jeu. La cortisol est cette hormone qui se dégage face à un stress. Dans la vie de tous les jours, cette hormone produite modérément est aidante et reste utile pour s’adapter aux différents stress du quotidien, toutefois, libérée en trop grande quantité, peut produire des signes d’anxiété et de dépression chez une nouvelle mère en regard des stress et responsabilités innombrables qu’elle fait face. Cette situation ajoutée au manque de sommeil et à la réorganisation du quotidien peut entraîner chez 60 à 80 % des femmes une déprime passagère qu’on appel communément les “baby blues”. Dans la majorité des cas, cette période sera de courte durée, c’est-à-dire de 2 à 4 semaines postnatales, mais pour un certain nombre, les symptômes de pleurs, d’humeur variable, d’impatience, de fatigue, de manque d’intérêt du plaisir et en général, d’un sentiment d’incompétence qui persiste, d’une impression d’avoir du mal à établir un lien avec son bébé, symptômes qui s’intensifieront avec le temps et évolueront vers des troubles de sommeil, d’alimentation, de pensées intrusives (obsédantes), des habitudes de vie en générale, puis vers la dépression.

Aider les femmes en dépression

Aider les femmes en dépression n’est pas chose facile. Plusieurs mères retrouveront leur équilibre graduellement grâce à leur entourage, tandis que d’autres auront besoin de plus. Selon maintes recherches sur le sujet, la combinaison d’une psychothérapie ou psychoéducation et du traitement pharmacologique semble donner les meilleurs taux de guérison. Que la mère soit écoutée, prenne soin d’elle, marche (activité physique), pratique le yoga, s’offre des séances d’acupuncture, écoute mieux les limites de son corps semble aussi aider à réduire l’intensité des symptômes de la dépression et sa durée. La luminothérapie, une intervention conjugale, la thérapie de gestion du stress, la prise d’oméga-3 sont d’autres alternatives intéressantes à explorer.

Le choix des traitements proposés sera en lien direct avec la sévérité des signes et symptômes de la personne et de ses choix personnels.

Il y a des ressources pour vous!

Il y a des ressources spécialisées qui peuvent aider une femme, un couple et la famille a retrouvé leur équilibre. Demandez à votre intervenant les références locales pour vous qui pourraient vous venir en aide et ce, avant de vous enfoncer davantage et de ne plus être capable de fonctionner dans votre vie de tous les jours.

Je répète souvent à de nouvelles mères que prendre soin d’elles, c’est prendre soin de leur bébé et de leur famille, car une mère en santé et bien dans sa peau rayonne sur le reste de sa famille. Même si pour la majorité des femmes, la venue de leur enfant restera l’événement le plus heureux de leur vie, gardez toujours en tête qu’avoir besoin d’aide est parfois nécessaire pour se sortir d’une dépression et avoir une vie meilleure.

Vous pouvez visionner la vidéo en direct sur la dépression périnatale que j’ai réalisée avec la psychologue Nathalie Parent.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

 

Photo - livre Du post-partum à la dépression Paquet, J., Parent, N. 2014. Du post-partum à la dépression, Renaître après la naissance. Québec : Québec-Livres.

Multi Ressources Québec

 

 

 

 

 

Mise à jour de l’article : octobre 2024.

 

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