Peut-être avez-vous entendu parler récemment ou dans les dernières années du courant éducatif axé sur la parentalité positive? Cette dernière propose une éducation bienveillante, axée sur l’empathie, l’écoute et le développement de la confiance de l’enfant.
L’émergence de ce concept est arrivée au Québec davantage depuis le 21e siècle, mais bien avant, plusieurs théoriciens, sages et auteurs avaient ressorti cette approche comme modèle d’éducation à valoriser. Même Gandhi en 1970 disait qu’il valait beaucoup mieux résoudre les conflits par la paix, l’empathie et la communication bienveillante. Cette approche s’adapte, certes, au niveau de compréhension de l’enfant selon son âge et son développement, et même si j’interviens davantage en périnatalité, sachez qu’on peut initier notre action parentale positive très tôt dans la vie de notre enfant afin de développer un attachement sécurisant qui permettra à ce dernier d’avoir confiance en lui-même et en son environnement. Et il faut se le dire, petit deviendra grand!
Il faut toutefois rester alerte à ne pas tomber dans l’excès comme dans toutes choses, car il n’y a aucun parent parfait, ni de parentalité positive parfaite!
Qu’est-ce que la parentalité positive?
La parentalité positive est une approche philosophique qui veut mettre de l’avant une éducation axée sur la bienveillance, l’empathie, la coopération, l’encouragement et le respect mutuel. Le parent reste l’autorité, mais l’exerce avec douceur.
On vise par cette façon de faire une attention particulière vers l’écoute des besoins de l’enfant, ses émotions et les respecter. Au lieu de réprimander, punir, crier, on doit plutôt entendre l’émotion sous-jacente, avoir l’ouverture d’accueil vers lui, le guider au lieu d’essayer de contrôler afin de favoriser au mieux le dialogue et l’expression de celle-ci.
Dans le concept global, l’enfant apprend à être en confiance, parler de ce qu’il ressent, communiquer avec respect et être ouvert au ressenti des autres qui l’entourent. Tout ça l’amène, chemin faisant, à être plus autonome et responsable de ses actes.
Comment garder l’équilibre?
La parentalité positive ne doit pas être un dogme parental, mais plutôt une aspiration! Quand les écrits présentent la parentalité positive comme étant la seule et la meilleure façon d’éduquer nos enfants « N’est-ce pas un peu extrémiste? » me direz-vous.
J’entends déjà les parents qui se questionnent sur leur manière de faire avec leur enfant et se disent :
« Oh! Oh! Je ne suis pas toujours dans l’ouverture et dans l’écoute sans réagir! »
« J’ai parlé un peu fort hier devant le petit. »
« Cet après-midi je me suis fâchée, car je répétais la consigne depuis plus d’une demi-heure. »
« J’ai claqué la porte en partant la semaine passée, car j’étais à bout. »
Et on pourrait en énumérer bien d’autres encore, qui, comme celles-ci, mettent à rude épreuve la tolérance, la patience et le contrôle de nos réactions comme parent dans le quotidien familial.
Avec la conception de la parentalité positive, si un enfant se comporte mal, c’est qu’il veut exprimer quelque chose qu’il n’est pas en mesure de dire avec des mots. C’est alors le rôle du parent d’aider son enfant à l’exprimer autrement que par un comportement désobligeant. Le parent essaie de se mettre à la place de l’enfant, dans un mode d’écoute complet, et prend le temps de voir la situation qui l’occupe pour en ressortir le sentiment derrière, non exprimé. Comme par exemple, s’il vit une frustration, une déception ou une tristesse, le parent l’aidera à mettre des mots sur son senti.
On se comprend bien ici, même si l’on met de l’avant le plus possible les principes de la parentalité positive, il y a et il y aura toujours des crises et des conflits. Un parent bienveillant n’accepte pas tout ce que fait son enfant et il doit, bien évidemment, mettre des règles, des limites, mais le tout doit se faire sans confrontation et punitions, davantage en faisant participer et collaborer l’enfant à la solution.
Comment pratique-t-on cette approche concrètement?
Comment démystifier la parentalité positive en exemples concrets sans tomber dans la rigidité du concept ou dans l’excès de performance de la méthode?
On peut par exemple:
Axer nos interventions sur le positif
Remplacer les négations pour encourager le comportement attendu. Comme exemple, on pourrait changer « Il ne faut pas se lever constamment quand on mange » pour « On s’assoit pour manger ». Même pour un petit qui, dans sa chaise haute, cherche à se lever continuellement. On peut répéter cette consigne positive pour encourager sa collaboration dans la mesure de sa compréhension. On est axé sur l’action souhaitée, et non pas sur celle que l’on veut voir disparaître. Dans cet exemple, l’action qui reste en tête de l’enfant est de s’asseoir et non pas de se lever.
Selon l’âge de l’enfant, valoriser sa coopération
Ça peut-être en lui demandant comment lui, il voit les choses. « Qu’en penses-tu toi? » ou « Que ferais-tu dans la même situation? » afin de le faire réfléchir.
La collaboration d’un jeune enfant peut aussi aller jusqu’à lui laisser choisir lui-même l’activité, avec quelques choix proposés. En prenant le temps de l’impliquer dans des petites décisions, on augmente son estime de soi et on le rend fier de lui, tout en respectant les limites parentales.
Quand un enfant exprime une émotion, l’aider à la reconnaître
En la nommant, le parent aide l’enfant à pouvoir le faire par lui-même par la suite, autant positivement que négativement.
On pourrait utiliser l’empathie et utiliser des phrases comme : « Je comprends que tu ne sois pas content… ». Mais, cela ne veut pas dire que l’on doit donner ou abdiquer à toutes les demandes de l’enfant, pas du tout. C’est simplement d’aider notre enfant à accueillir toutes les émotions, en les identifiant et en le validant.
Éviter de juger l’enfant
Éviter d’utiliser des termes à connotations négatives : tu es dérangeant, paresseux, hyperactif, lent, etc. Puisqu’ainsi, c’est le comportement dérangeant qui reste en tête de l’enfant et peut toucher le développement de son estime de lui. Cela se traduit dans l’action en intervenant sans accusation, comme par exemple, s’il fait tomber une plante en courant, au lieu d’axer notre réaction sur le bris ou le dégât, on peut lui dire « Oups! Un accident, ça arrive, mais là on doit le ramasser ensemble. »
Réparer au lieu de punir
On peut s’attendre qu’à un moment ou un autre, notre enfant soit sujet à recevoir une réprimande suite à une action que l’on considère punissable, mais vaut mieux tenter d’axer notre intervention sur la réparation au lieu de la punition.
Éduquer au lieu de sévir ou discipliner. Si notre enfant fait un acte qui porte vers un comportement non souhaitable, on peut l’amener à corriger son acte avec une demande directe qui a un lien logique avec l’acte posé en cause pour se reprendre au lieu de le punir avec une conséquence. Ainsi on espère que l’enfant ait un ressenti plus positif de lui-même, car au final, il a fait une bonne action.
Par exemple, si l’enfant a poussé son ami qui est tombé, on lui demande d’aller s’excuser directement à son ami.
Féliciter les bonnes actions
En utilisant le renforcement positif, l’enfant sera encouragé à répéter ses bonnes actions pour avoir le même retour de votre part. Même avec un jeune enfant, on peut l’applaudir, lui sourire, lui dire BRAVO!, et votre enfant sera ravi de vous faire plaisir et aura tendance à reproduire ses bonnes actions pour revivre ce plaisir.
L’importance de passer du temps positif chaque jour avec son enfant
Il est souhaitable, en tant que parent, d’éviter d’interpréter les actions de son enfant avec nos yeux d’adultes. En termes clairs, cela veut dire que l’on n’a pas à prêter des intentions, la plupart du temps négatives, aux actions ou réactions de l’enfant, comme on pourrait le constater dans l’exemple suivant : « Mon fils a mordu sa sœur, je sais qu’il veut me faire fâcher » ou lorsque votre enfant vous montre du doigt un jouet en boutique et que vous pensez automatiquement qu’il le veut et qu’il fera une crise pour l’avoir. Dans cette dernière situation, son geste peut également dire autre chose, comme : « j’en ai un similaire », « je le connais », « maman m’a déjà acheté ceci », etc. Alors, au lieu d’interpréter, on peut verbaliser l’événement dans le même sens en disant : « C’est vrai, tu en as un pareil à la maison, n’est-ce pas? » « Tu le trouves beau ce jouet! »…
L’impact chez les parents
Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a pas de recettes parfaites et miraculeuses qui conviennent à tous, et ça s’applique aussi pour la parentalité positive.
Si l’on voit l’approche de la parentalité positive de façon puriste et dogmatique, avec des balises strictes, c’est d’emblée perdu d’avance. Partir avec cette prémisse peut engendrer davantage de culpabilité et de pression parentale. Le parent peut vite ressentir de la pression de performance s’il veut adhérer en toutes circonstances à cette approche, d’être en tout temps le plus parfait possible, de rester positif en toutes circonstances dans l’interaction avec son enfant. La réalité, c’est qu’on ne peut y arriver et cela peut faire naître un sentiment d’incompétence parentale, d’échec et de se voir comme un mauvais parent. Ce ressenti peut vite avoir comme répercussion d’augmenter la charge mentale des parents, le stress, l’anxiété et laisser moins de place à la spontanéité, à l’authenticité, à l’instinct et au gros bon sens.
On peut être sécurisant pour nos enfants sans être à 100% bienveillants en tout temps!
On demande beaucoup aux parents, mais ils disposent de très peu de soutien et d’aide concrète pour les aider dans leur rôle. Les parents donnent ce qu’ils ont de disponible, et même si on ne réussit pas en tout temps, on vise à donner le meilleur de soi le plus possible en reconnaissant la personne imparfaite et humaine que l’on est au final.
Les messages à retenir
Après la revue de littérature sur le sujet, on peut ressortir les éléments clés vers lesquels on peut tendre le plus possible, comme parent auprès de notre enfant, sans se taper continuellement sur la tête :
- En donnant le meilleur de soi à nos enfants en étant le plus sécurisant, empathique et bienveillant que possible,
- Un enfant a besoin de limites pour être sécurisé et c’est aux parents d’en imposés, mais tout est dans la manière de les mettre en application,
- Être sensible à l’émotion vécue, autant pour vous que pour l’enfant,
- Être trop permissif sous prétexte qu’il ne faut pas brimer notre enfant dans ses apprentissages ou être surprotecteur pour lui éviter des frustrations le plus possible est aussi dommageable que de trop le contraindre. Un juste équilibre a toujours sa place,
- Guider sans violence, au lieu de contraindre,
- Offrir des ressources pour mieux les accompagner.
J’espère que cet article pourra vous guider vers une éducation positive pour vos enfants et répondre à plusieurs de vos questionnements sur le sujet, sans pour autant vous culpabiliser. Restez indulgent envers vous-même et pardonnez-vous vos erreurs! L’important est d’éviter de les répéter et de continuer à s’améliorer à travers le temps, et ce, durant toute votre vie avec vos enfants si chéris.
À très bientôt,
Marie