Tout parent s’inquiète de la santé de son bébé et souhaite le meilleur pour lui. Aussi, quand arrive l’étape de l’introduction des solides, plusieurs questions viennent afin de s’assurer que le bébé ait tout ce qu’il lui faut pour bien grandir et se développer.
En ce qui concerne le moment idéal pour intégrer les aliments et par quoi on devrait commencer avec les petits trucs pratico‑pratiques, nous vous référons au billet plus détaillé sur le sujet : L’alimentation de bébé : quand introduire les aliments solides? Ce présent écrit mettra plutôt l’accent sur les besoins de fer d’un bébé dans le temps et selon sa croissance.
À quoi sert le fer?
Le fer est un élément essentiel pour tout individu. Le fer est un minéral qui favorise la croissance normale du cerveau, transporte l’oxygénation dans le sang vers toutes les cellules du corps et constitue une partie importante de l’hémoglobine (composante du sang, des globules rouges). À long terme, une carence de cet élément aura à coup sûr une répercussion sur certaines structures, sur différents systèmes du corps humain et même sur le fonctionnement d’organes. L’impact peut être autant au niveau moteur que neurologique et quand on considère la croissance rapide d’un bébé dans sa première année de vie, on comprend vite que les risques sont encore plus grands d’être en carence de fer à ce moment précis de son évolution.
Les recommandations nutritionnelles en fer
Même si la maman allaite toujours son bébé à 6 mois de vie, Santé Canada et l’Institut national de santé publique du Québec recommandent d’introduire des aliments riches en fer, car les bébés ont épuisé leurs réserves de fer reçues de leur mère à leur naissance. Leur forte croissance nécessite un apport grandissant de fer que leur mère ne peut combler avec uniquement son lait (Santé Canada sur la nutrition du nourrisson né à terme et en santé de 0 à 6 mois (2012)). Pour un nourrisson de 6 à 12 mois, la quantité de lait maternel ou de préparation commerciale pour nourrisson doit correspondre à environ 720 à 960 ml (24 à 32 oz) par jour. Pour le bébé nourri avec des préparations commerciales, la formule doit contenir une teneur en fer d’au moins 10 à 12 mg/litre et même plus dans certaines conditions.
Sachant cela, est-ce que vous comprenez pourquoi, après 6 mois, on vous recommande d’ajouter rapidement la viande dans l’alimentation de votre bébé? Ce groupe alimentaire est définitivement celui qui aura le plus d’impact pour faire grimper rapidement le taux de fer sanguin de votre bébé, en plus de lui procurer une source de protéines, des vitamines et aussi du zinc. En plus de la viande, on peut compter également sur les substituts de la viande comme les œufs, le tofu et les légumineuses. Aussi, les céréales pour nourrissons qui sont enrichies de fer demeurent un choix judicieux dès l’introduction des solides pour combler les besoins nutritionnels associés à la croissance rapide du nourrisson.
Santé Canada approuve même la viande comme premier aliment à donner à un bébé qui débute son alimentation solide à 6 mois. Même si cette pratique est valorisée depuis quelques années pour augmenter le niveau de leur fer et qu’elle est très bien tolérée par les bébés, cette recommandation n’a toutefois pas encore la cote chez les parents qui sont culturellement plus habitués à débuter par les céréales, les légumes ou les fruits. Comprenez bien que si vous débutez les solides pour votre bébé entre 4 et 6 mois, se sont les céréales enrichies de fer, les fruits et les légumes qui seront valorisés et aussitôt qu’il aura 6 mois, la viande ou ses substituts feront vite leur entrée.
Les aliments riches en fer
Les aliments riches en fer sont multiples. Les meilleures sources de fer sont les suivantes. Sachez que la vitamine C (agrumes, fraise, cantaloup, tomate, brocoli, poivron) aide l’absorption du fer dans le système humain comme le fait également la combinaison de viande et légumineuses ou poisson ou œufs.
Voici en ordre décroissant (de la plus élevée à la plus faible) la teneur en fer des aliments :
- La viande (bœuf, porc, veau, agneau et plus, le viande brune a plus de fer que la blanche);
- La volaille (la dinde contient 70 % plus de fer que le poulet);
- Le poisson (aiglefin, saumon, morue, tilapia et plus). N.B. : la teneur en fer de l’aiglefin est de 0,7 mg de fer pour 4 c. à soupe vs 0,2 mg pour la même quantité de saumon et de la plupart des autres poissons);
- Les céréales pour bébés enrichies de fer. Les céréales contiennent de 5 à 7 mg de fer pour 5 cuillères à soupe.
- Les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches et plus). Les légumineuses contiennent de 2,6 à 4,9 g de fer pour ¾ de tasse;
- Le tofu (prendre le plus ferme). Le tofu contient de 1,2 à 2,4 mg de fer pour 150 g;
- Les œufs entiers (il n’y a plus de restrictions pour les bébés de plus de 6 mois). Les œufs contiennent de 1,2 à 1,8 mg de fer pour 2 gros œufs.
Consommés de façon excessive par le bébé, le lait et les produits laitiers peuvent nuire à l’absorption du fer en raison du calcium qui interfère dans l’assimilation et l’absorption du fer. Aussi, après 9 mois, ce phénomène est encore plus vrai avec le lait de vache 3,25 % qui est faible en fer et qui donnera la sensation de satiété au bébé qui ne voudra plus manger des aliments riches en fer. Le lait de vache peut aussi provoquer des pertes sanguines gastro-intestinales chez les nourrissons, liées à une irritation intestinale et engendrer, par le fait même, une perte en fer.
Les besoins nutritionnels en fer de chaque individu varient mais il y a des recommandations nutritionnelles qui ont été établies par des instances crédibles de la santé pour rencontrer les besoins de la très grande majorité des personnes selon leur sexe et leur âge. Comme on ne peut pas savoir exactement les besoins de chaque individu, on s’assure que tous les individus atteignent l’apport nutritionnel recommandé afin de prévenir les carences, autant pour les bébés en croissance que chez l’adulte.
Pour les bébés de moins de 1 an, les aliments solides viennent complémenter le lait maternel ou les préparations commerciales pour nourrisson afin de combler les apports nutritionnels recommandés. Les sources animales de fer (ex : bœuf, dinde, poulet, agneau, veau, poisson, fruits de mer) s’absorbent plus rapidement dans le sang que celles des œufs et des sources végétales (ex : légumineuses). Il faut compter au moins 2 repas par jour avec des aliments riches en fer pour répondre à la demande d’un bébé.
Pour vous donner une idée, un bébé a des besoins en fer qui dépassent ceux d’un homme adulte en général avec ses 8 mg/jour. De 7 à 12 mois, le bébé a besoin d’un apport de 11 mg de fer/jour selon les recommandations nutritionnelles de Santé Canada (et de plusieurs autres sources). Pour un régime végétarien chez le nourrisson, la prise de fer doit atteindre le double, soit 22mg par jour. Pour les femmes, les recommandations en fer peuvent être plus élevées en considération des menstruations mensuelles soit 18 mg/jour. Encore une fois, les besoins individuels en fer peuvent être plus ou moins grands selon la personne.
La carence en fer et l’anémie chez le bébé de moins de 1 an
La carence en fer et l’anémie chez le bébé de moins de 1 an sont les carences les plus répandues. À long terme, la carence en fer résulte en anémie ferriprive.
L’Organisation mondiale de la Santé définit la carence en fer comme : « Un état dans lequel le fer est insuffisant pour maintenir la fonction physiologique normale des tissus sanguins, cérébraux et musculaires. »
Le rôle du fer :
- permet la synthèse de l’hémoglobine afin d’assurer le transport de l’oxygène dans le sang vers les tissus du corps
- permet la synthèse de l’ADN
- aide le développement du système immunitaire
- contribue au développement du système nerveux central.
La carence en fer est parfois difficile à identifier, car à la base, les symptômes sont souvent assez généraux. Une bonne alimentation peut encore, à elle seule, régler la situation et prévenir un diagnostic d’anémie. Voici quelques signes pouvant indiquer une carence en fer :
- pâleur;
- irritabilité;
- fatigue;
- manque d’appétit;
- ralentissement du développement (marche plus tard, etc.)
- moins d’attention;
- à ce stade, les courbes de croissance du poids et de la taille peuvent demeurer dans la normalité.
Causes principales de l’anémie :
- apport insuffisant
- difficulté d’absorption
- perte de sang.
Toutefois, quand on parle d’anémie (anémie ferriprive (privé de fer)), l’atteinte est plus importante avec des effets graves à long terme sur le développement au niveau moteur, neurologique, cognitif et même comportemental. On note également, à plus long terme, plus d’épisodes d’infections et de troubles d’apprentissages et de concentration rendus au niveau scolaire. C’est en lien direct avec l’impact majeur d’un niveau insuffisant de concentration en fer sanguin. C’est pourquoi, dans le doute, pour mieux diagnostiquer l’anémie chez un bébé, des prises de sang peuvent être nécessaires, en plus de l’examen clinique, de l’histoire et des antécédents.
Quels sont les bébés à risque d’anémie?
Certains bébés seront plus prédisposés que d’autres à souffrir d’anémie. Les intervenants de la santé seront plus vigilants à dépister l’affection afin d’en amoindrir les conséquences à moyen et long terme. Voici les facteurs de risques connus d’anémie chez le bébé de moins d’un an :
- né prématurément;
- petit poids à la naissance (moins de 3 000 g);
- allaitement exclusif après 6 mois (pas d’ajout de sources d’aliments riches en fer);
- régime végétarien;
- boit une formule commerciale pour nourrisson faible en fer (moins de 7 mg de fer/1000 ml)
- boit du lait 3,25 % avant 9 mois;
- boit de trop grandes quantités de lait et ne mange pas suffisamment de solides riches en fer;
- la mère avait une carence en fer durant sa grossesse;
- la mère est diabétique;
- la mère a consommé trop d’alcool durant la grossesse.
Lors du suivi médical postnatal d’un bébé à haut risque d’anémie, en prévention, l’intervenant pourrait proposer un supplément en fer en gouttes à administrer au bébé. Puis, au moment de l’introduction des solides, l’apport alimentaire à haute teneur en fer sera valorisé, en plus du supplément, afin de compenser les besoins grandissants en fer du bébé en grande croissance. L’apport pour un nourrisson entre 7 et 12 mois est de 11 mg/jour.
Quelques trucs pour enrichir l’alimentation en fer pour un nourrisson
Il existe quelques trucs pour enrichir l’alimentation en fer pour un nourrisson. Les voici :
- remplacer la moitié de la farine dans une recette par deux fois la quantité en céréales de bébé enrichies de fer. Donc, on mettra 1 tasse de farine dans une recette de muffins et 2 tasses de céréales de bébé (pour remplacer la 2e tasse de farine demandée). Cela peut se faire aussi dans les crêpes, les biscuits et les pains aux pruneaux ou bananes, etc.;
- remplacer la chapelure par des céréales de bébé enrichies de fer dans un pain de viande ou des boulettes de viande en sauce;
- épaissir les potages avec des céréales de riz de bébé avec fer toujours;
- la meilleure source de fer dans l’alimentation est la source animale ( la biodisponibilité dans le sang est de 20% pour la redistribution à travers le corps tandis que les sources végétales sont à 5%)
- quand le bébé mange, les légumineuse, le quinoa est une bonne alternative ainsi que la prise de fruits et légumes qui contiennent de la vitamine C qui augmente l’absorption du fer.
Le traitement de l’anémie avec des suppléments de fer
Comme dans bien des traitements, il y a des effets secondaires possibles au traitement de l’anémie avec des suppléments de fer pour le bébé, en voici quelques‑uns :
- constipation;
- dents plus grisâtres;
- doit être pris à jeun;
- peut donner des troubles gastriques (malaises, gaz, ballonnements).
Ces suppléments doivent être envisagés sur une longue période, car les besoins du bébé augmentent rapidement dans la première année et qu’il n’est pas toujours très coopératif lors de la prise de la médication. De plus, le coût peut aussi jouer sur le budget familial puisque les suppléments ne sont pas toujours remboursés par les régimes d’assurances.
Voici, en résumé, l’importance du fer pour bébé et ce qu’il faut savoir sur la prévention de l’anémie. Nous espérons que ces quelques lignes auront su vous éclairer davantage sur certains aspects et vous orienter vers la prévention.
Au plaisir!
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Article mis à jour Novembre 2024.
Sources:
- Formation journée en gastroentérologie du CHU Sainte-Justine nov 2024
Dre Jessica Breton, département de gastroentérologie, nutrition et hépatologie CHU Sainte-Justine (conférence: Carence en fer et Anémie ferriprive chez l’enfant).