Les intolérances et les allergies alimentaires chez le jeune enfant

Postnatal

On en entend de plus en plus parler; les intolérances et les allergies alimentaires sont des sujets chauds. Force est de constater combien de parents s’inquiètent sur ce sujet et se posent des questions sur les symptômes d’allergies potentielles chez leur bébé. Toutefois, attention à l’auto-diagnostic! Ce n’est pas rare que des parents comparent leur situation avec d’autres familles, sauf que la réalité veut que chaque enfant soit différent et l’évaluation globale d’un nourrisson par un professionnel peut être tout à fait différente au final, et les recommandations peuvent aussi varier par le fait même.

Pour les bébés nourris aux formules commerciales, combien de parents changeront de formules de lait plusieurs fois sans savoir si les symptômes de leur bébé sont vraiment associés à une intolérance ou à une allergie alimentaire? Combien de mamans qui allaitent penseront que leur lait n’est pas bon pour leur bébé? Et pourtant!

Les formes d’allergies

Il y a deux formes d’allergies : la forme plus aiguë et la forme plus chronique. Il n’y a pas de quantité à absorber définie ou une fréquence d’ingestion connut pour provoquer une réaction d’intolérance ou d’allergie. Chaque personne est différente.

Forme plus aiguë

La forme plus aiguë est mieux définie et plus rare. Le bébé peut réagir dans les 4 heures qui suivent la prise du lait. Cette allergie provoque vomissement automatique, parfois de la diarrhée avec du mucus et possiblement du sang dans les selles. Mais avant de conclure à une allergie dans pareil cas, il faut, selon les dires de Dr Jack Newman, pédiatre, voir le bébé dans son ensemble et s’assurer que la baisse tardive de production de lait chez la mère allaitante n’est pas à l’origine du sang et du mucus dans les selles du bébé. Vous vous en rendrez compte en augmentant le nombre de tétées et si le sang et/ou le mucus disparaît par la suite, vous aurez la réponse.

Forme plus chronique

Il y a aussi la forme plus chronique qui est plus fréquente mais plus floue, plus vague dans le portrait clinique (symptômes). Lorsqu’on retire l’agent allergène ou de sensibilité durant 2 à 3 semaines et que les symptômes disparaissent chez le bébé, on dit alors qu’il s’agit d’une allergie de forme plus chronique.

D’abord, sachez qu’il y a très peu d’allergie aiguë au lait maternel et qu’un bébé nourri avec le lait de sa mère durant les quatre premiers mois de sa vie a beaucoup moins de risques de développer des allergies dans sa vie. Ce lait est mieux adapté au système gastro-intestinal immature d’un bébé parce qu’il est facile à digérer et à absorber.

Une diète alimentaire pour prévenir les allergies?

La femme enceinte et la mère qui allaite n’ont pas, au départ, de restriction alimentaire pour prévenir les allergies chez leur bébé. Selon les dernières recherches disponibles, il n’y a pas d’évidence scientifique en prévention des allergies avec des régimes d’éviction.

Dans de rares cas, l’allergie aux protéines du lait lui-même ou aux protéines bovines contenues dans le lait maternel peut provoquer des réactions d’intolérance ou d’allergie chez un bébé. À ce moment seulement, nous verrons le bénéfice de suggérer une diète à la mère.

L’allergène le plus fréquent demeure le lait de vache et peut donner l’allergie aux protéines bovines. Il n’est pas toujours évident de savoir quel est l’élément précis du lait qui cause une réaction. On parle souvent d’hypersensibilité à un ingrédient, à une composante du lait parfois difficile à identifier.

Dans un premier temps, la mère doit adapter son alimentation avec une diète qui éliminera les protéines provenant de produits laitiers (protéines du lait), et ce, pendant au moins 10 à 14 jours idéalement pour voir le changement chez le bébé.

Il est préférable de retirer une chose à la fois pour découvrir l’agent de sensibilité. Si on enlève trop de choses à la fois, il sera difficile d’identifier la cause possible des symptômes. Ensuite, si nécessaire, on enlèvera le soya et ensuite les œufs. À retenir que les deux premiers aliments (lait et soya) sont de loin les plus susceptibles d’être impliqués lors d’une intolérance ou d’une allergie chez un nourrisson.

Le blé, le maïs et les protéines d’origine animale de bœuf (ex. : viande de bœuf) viennent ensuite dans la liste.

Si l’intensité de la réaction chez le bébé est très importante, il se peut qu’on recommande aussi à la mère d’éviter les aliments qui contiennent de simples traces de cet ingrédient, mais seulement au besoin.

Les études actuelles (2023) nous montrent que le fait de retirer le lait seulement chez la mère qui allaite réduit de 47% les symptômes chez le bébé après une à deux semaines. Si on enlève le soya par la suite, on règle encore un 40% de plus et après la restriction des œufs, si nécessaire, on réduit encore de 13% les symptômes chez le bébé. D’où l’importance d’y aller par étape afin d’éviter de restreindre pour rien la mère à se nourrir.

Même si une croyance populaire perdure concernant l’importance d’enlever le lactose (sucre du lait) dans l’alimentation de la femme qui allaite lors d’une intolérance chez le bébé, il n’est pas recommandé de l’éviter à moins que le bébé ait un problème hépatique diagnostiqué (problème du foie).

L’ajout d’un supplément vitaminique pour la mère peut être nécessaire afin de s’assurer de ses apports nutritionnels à elle pour éliminer des carences éventuelles si la restriction alimentaire dure plusieurs semaines ou mois : calcium, vitamine D, fer et parfois protéines. Consulter une nutritionniste qui pratique en pédiatrie est aussi une très bonne idée pour être guidée de façon personnalisée, en fonction de votre situation unique avec votre bébé. Habituellement, entre 3 et 6 semaines, on voit la différence des symptômes chez le bébé et c’est à 12 mois que la grande majorité des intolérances chez les nourrissons sont résorbées.

Imaginez un bébé qui réagit au lait de sa mère, pourtant bien plus facile à digérer, comment réagirait-il à une préparation commerciale? Il faudrait alors une formule très spéciale que le médecin pourrait prescrire pour tenter l’expérience et voir la réaction du bébé par la suite (fait d’acides aminés).

Allergie ou intolérance au lactose

Allergie ou intolérance au lactose (sucre du lait) sont très rares pour les jeunes bébés et souvent en lien avec son hérédité (histoire familiale), sa génétique. La statistique en lien est de 1 cas sur 1 million.

Dans les derniers écrits disponibles, on parle plutôt d’un déficit en lactase que d’intolérance au lactose. C’est le manque de cette enzyme, qui digère le sucre du lait (lactose), qui serait à l’origine de certaines réactions chez des nourrissons, au lieu d’une réaction de défense de son système immunitaire encore immature qu’on voit dans les cas d’allergies alimentaires plus importants. Même en donnant cette enzyme par la bouche au bébé, cela ne semble pas vraiment changer la situation au final. Vu la rareté de cette situation, la mère n’a pas à cesser son allaitement mais on peut lui suggérer de consulter pour avoir du soutien vis-à-vis son vécu d’allaitement avec son bébé et obtenir une évaluation complète.  

Des parents me contactent régulièrement pour me dire qu’ils ont changé de formule à leur bébé 3 fois en 3 semaines de vie, soi-disant parce que leur bébé serait intolérant ou allergique. Pourquoi disent‑ils cela? Parce qu’ils ont remarqué que leur bébé pleurait le soir ou que ses selles étaient un peu dures en sortant. Erreur! Il ne faut pas autodiagnostiquer une intolérance ou une allergie à un bébé et changer la préparation commerciale sans avoir une recommandation d’un professionnel de la santé. Nous remarquons que plusieurs parents changent la formule pour leur bébé mais demeurent dans la même catégorie de composition. Donc, ils ont changé de compagnie mais ils ont donné un lait équivalent au précédent.

Le système gastro‑intestinal d’un bébé a besoin de temps pour s’adapter à un lait. Autant pour le lait maternel que pour les formules artificielles, le système doit apprendre à le digérer et à l’assimiler. En général, les signes d’allergie se développent dans le temps. Il faut avoir des contacts répétés pour montrer des réactions. La plupart du temps, quelques semaines sont nécessaires avant de voir les réactions apparaître peu à peu. Est‑ce des malaises ou des réactions normales chez mon bébé? Ou bien peut‑être une intolérance ou une allergie alimentaire? Ouf! Comment les parents peuvent‑ils savoir?

Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire?

Allergie à un aliment

L’on parle d’allergie alimentaire quand il y a une réponse immunitaire inadéquate et excessive suite au contact (en le mangeant) avec une composante d’un aliment (davantage les protéines), et qui se répète par la suite à chaque fois que le l’aliment est consommé.

Quand un bébé manifeste une allergie à un aliment, c’est que son système immunitaire (défense de l’organisme que l’on identifie par les IgE-médiée) est mis en jeu. Il s’active pour combattre un envahisseur indésirable contenu dans cet aliment et provoque une réaction d’intensité modérée à sévère à chaque fois que l’aliment est ingéré. Au début, chez un jeune bébé, la réaction peut être progressive lors d’un contact répété à l’allergène. Les signes viendront ensuite plus automatiquement après un certain temps. On peut identifier aussi une allergie mixte qui met en présence des signes supplémentaires cliniques comme : une réaction cutanée (ex: eczéma), une œsophagite ou une gastrite (inflammation qui touche l’œsophage et/ou l’estomac en réaction à l’absorption de l’allergène). 

L’allergie au lait est sans aucun doute la plus fréquente chez le bébé puisque la protéine du lait est la première donnée à un nouveau-né et touche 2.5% des nourrissons.

Dans le cas d’une allergie au lait, on peut observer l’apparition des symptômes en quelques minutes à 2 heures et la réaction dure quelques heures ou moins.

Puisqu’il y a libération d’anticorps dans la circulation sanguine lorsqu’il y a une allergie, on peut diagnostiquer les allergies plus importantes, appelées à IgE médié, via une prise de sang, un test cutané (test Pick ou avec un timbre) et aussi par un test de provocation orale. Pour le test de provocation orale, on le fait souvent directement à l’hôpital, sous surveillance de l’équipe médicale afin de réagir rapidement après l’ingestion de l’aliment allergène et de documenter la réaction de l’enfant dans un milieu contrôlé.

Quand on parle d’allergie grave à un aliment avec une réaction de type anaphylactique (hypersensibilité immédiate), la réaction peut être presque automatique, dans les minutes ou les deux heures qui suivent habituellement l’ingestion et parfois au contact de l’aliment. L’évolution reste toujours imprévisible. Les réactions peuvent être de nature gastro-intestinale, bouche, voies respiratoires, système cardiovasculaire, système nerveux central, yeux et aussi au niveau cutané dans 80 à 90% des cas. Elles peuvent être très sévères et mettre la vie en danger de l’enfant. L’évitement et l’auto-injecteur d’épinéphrine sont le traitement selon l’âge de l’enfant.

Intolérance à un aliment

L’intolérance, (appelé aussi allergie de type IgE non médié ou sans médiation) fait davantage appel à des malaises ou symptômes gastro-intestinaux qui surviennent après l’ingestion de certains aliments avec une intensité variable (inconforts, diarrhée, constipation, irritabilité, mucus). Ces réactions sont à la hausse chez les bébés et demeurent embêtantes, puisqu’il n’y a pas de test pour diagnostiquer l’intolérance. La plupart du temps, ce sont l’intensité des symptômes digestifs qui nous ramènent à cette conclusion même si le système cutané et respiratoire peut aussi être impliqué. Pour le très jeune enfant, l’intolérance aux protéines du lait de vache est sans aucun doute la plus fréquente puisque c’est la première protéine étrangère introduite dans l’alimentation d’un nouveau-né.

Une intolérance ne provoque en rien le système immunitaire du bébé, comme le fait une allergie franche. Donc pas de choc anaphylactique. Mais, l’intolérance peut provoquer une réaction inflammatoire au niveau intestinal dans les heures et même les jours qui suivent l’exposition et aussi créer des malaises au bébé.

Une intolérance peut toucher seulement le gros intestin (côlon distal), situation qui arrive souvent dans les 4 à 6 premières semaines de vie chez le bébé. Celle-ci est considérée comme la forme la moins grave d’intolérance. On peut voir chez un certain nombre d’enfants une intolérance qui va continuer de progresser vers le petit intestin, et dans la pire des situations, toucher tout le système digestif, de l’œsophage à l’anus. Dans le cadre d’une intolérance, le bébé n’a pas de problème de croissance, prend du poids adéquatement et se porte bien en général.

Elle ne se détecte pas dans le sang, ni par des tests faits sur la peau du jeune enfant puisqu’il n’y a pas d’anticorps en circulation dans le cas d’une intolérance. C’est pourquoi, on tentera de trouver l’aliment qui semble créer des réactions indésirables et on tentera de l’enlever de l’alimentation de la mère qui allaite, par une diète d’éviction ou d’exclusion pendant 2 à 4 semaines pour voir s’il y a amélioration du côté du poupon. Si le bébé boit de la préparation commerciale, il faudra ajuster la formule avec des protéines partiellement ou fortement hydrolysées pour aider la digestion et l’absorption par le bébé et ce, pour 2 à 4 semaines à la base.  Ensuite, très important de réévaluer la situation chez le bébé, car selon les mises à jour récentes du FMOQ 2024 sur le sujet, celles-ci montrent qu’il est préférable de réintroduire la formule de lait commercial qui contient du lactose au plus tard 3 mois après le changement, car le lactose est une source importante de calories pour la croissance du bébé et aide à absorber le calcium et le fer. De plus, le lactose aide à nourrir les bonnes bactéries de l’intestin (le microbiote) ce qui peut jouer positivement au final sur le développement neurologique et le système immunitaire pour mieux protéger le bébé des infections. C’est un peu pour imiter le lait maternel qui contient beaucoup de lactose qui contribue à la santé du bébé.

Pour la mère allaitante, inutile d’enlever trop de choses à la fois et priver la mère d’aliments sans conséquence pour son bébé. Pour cette dernière, on débutera par supprimer le lait puisque la protéine du lait est l’allergène le plus fréquent. Par la suite, on verra à éliminer (au besoin seulement) le soya puis les œufs, et si nécessaire (dans de très rares cas) on ajoutera l’éviction du blé, du maïs et du bœuf.

Si le symptôme chez le bébé est seulement des pleurs, des coliques ou une irritabilité, il n’est pas recommandé de faire un régime d’éviction ou d’opter pour une formule de lait hydrolysée, car il n’y a aucune donnée probante qui nous dit que cela améliore la situation outre le temps et la maturité (FMOQ 2024).

Si la réaction du bébé aux protéines de lait de vache est plutôt légère (que des inconforts sont présents, sans autre symptôme sévère), le simple fait de diminuer les sources de lait au quotidien chez la mère qui allaite améliore la situation, et ce, surtout si la maman consommait beaucoup trop de portions de produits laitiers dans une journée (3 à 4 recommandées).

Si la réaction du bébé aux protéines de lait de vache est plutôt sévère (vomissements, sang dans les selles, diarrhée sévère, dermatite, difficulté respiratoire ou urticaire généralisé), le régime d’exclusion pour la mère sera plus strict et demandera d’éliminer toutes sources de lait, même les traces dans plusieurs produits vendus et consommés dans notre alimentation de tous les jours soit : céréales, pains, soupes, sauces, friandises, vinaigrettes, etc.

On commence presque tout le temps par enlever toutes les sources de protéines de lait de vache (lait, crème, fromage, yogourt), puisque c’est l’allergène le plus répandu au Canada. Si on ne constate aucun changement, il faut revoir quel autre aliment peut causer des réactions au bébé et s’en abstenir encore pendant au moins 7 à 10 jours, puisqu’il faut habituellement 3 à 6 jours pour éliminer complètement les protéines de lait de vache dans le lait maternel.

Pour réintroduire progressivement des traces de protéines bovines via des produits laitiers dans l’alimentation de la mère qui allaite, et qui fait le régime d’éviction depuis au moins 3 mois, idéalement, il faut attendre que le bébé soit âgé de plus de 6 mois pour tenter la réintroduction de l’allergène, et ce, seulement s’il n’y a aucun symptôme important depuis 3 semaines. Si les symptômes reviennent lors de la tentative, on attendra à nouveau 3 à 4 semaines avant de tenter une nouvelle réintroduction (12 mois si le bébé est vraiment très fragile ou né prématurément).

À savoir qu’il n’est jamais conseillé de restreindre une nouvelle maman allaitante dans son alimentation à titre préventif, même s’il y a un vécu d’ intolérances ou d’allergies dans la fratrie. En évitant un aliment, on met encore plus à risque l’enfant à travers le temps.

Voici un outil pratique bien utile pour toutes les mamans aux prises avec un régime d’éviction, fait par Allergie Québec.

Au pays, on remarque souvent des allergies croisées comme le lait de chèvre et mouton à 90%, le soya à 10 à 15%, le bœuf à 10%, et d’autres plus rares, l’avoine, l’œuf, les autres grains (orge, mais et blé), un légume (ex : avocat), autres viandes et les poissons sont les allergènes possibles au pays en ordre d’importance.  En Australie, le riz est le plus grand allergène et aux États-Unis, c’est le soya

Dans le cas de réactions plus graves, souvent il est conseillé de voir une nutritionniste spécialisée en pédiatrie et même un allergologue au besoin.

Journal d’alimentation

C’est une bonne idée de tenir un journal d’alimentation pour mieux s’y retrouver lors des suivis avec la nutritionniste, le médecin ou l’allergologue. Si un bébé réagit à un allergène, il se peut qu’il soit plus sensible à réagir à d’autres sources de nutriments avec un potentiel allergène, comme une céréale différente par exemple (autre grain, réagit).

C’est pourquoi lorsqu’on introduit les solides chez un bébé qui a manifesté des intolérances ou allergies dans ses premiers mois de vie, on suggère d’introduire plus lentement de nouveaux aliments, sans les retarder. On commence par les légumes et les fruits qui ont moins de risque de réaction puis on ajoute la viande (jamais avant 6 mois de vie) et les céréales plus tard. C’est bien d’avoir un suivi à ce niveau avec la nutritionniste pour voir l’évolution de la situation, avoir un suivi de croissance du bébé dans le temps avec l’ajout de différents aliments et ses réactions. Les parents ont besoin d’être guidés pour savoir quand réintroduire les protéines de lait dans l’alimentation de leur bébé et cela peut aller facilement à l’âge de 9 ou 12 mois.

Au départ, lorsque la réaction du bébé à un allergène était légère et que la condition du bébé s’est vraiment améliorée avec un régime d’éviction de la mère qui allaite, on tentera plus tard, après que le bébé ait 6 mois de vie, de réintroduire l’aliment allergène dans l’alimentation de la mère (comme des traces de protéines de lait). On voudra constater si les réactions réapparaîtront ou pas chez le bébé.

Ça ressemble à une provocation orale. On voit si l’enfant, malgré le fait qu’il a maturé au niveau de son tube digestif rendu à 9 mois, demeure ou pas fragile vis-à-vis la protéine du lait de vache. Si la réaction revient, on cesse à nouveau l’aliment et on peut réintroduire l’allergène après une période de 3 semaines sans symptômes chez le bébé. Si la réaction était sévère chez le bébé, on attendra après 1 an et même plus selon le cas, avec les indications de l’allergologue. On ira de façon très progressive.  Dans l’échelle de réintroduction des protéines du lait, on peut débuter par des traces de lait dans une recette qui sera cuite, comme dans des muffins ou des biscuits par exemple. Ensuite, une recette avec plus de lait comme dans les crêpes, les omelettes et progressivement, si toujours aucun symptôme chez le bébé allaité, on pourra passer au fromage sur la pizza pour finir par le lait à boire ou avec une portion de yogourt, de crème glacée ou de fromage.

Lors de l’introduction de certains aliments et allergènes, il est possible qu’un enfant réagisse de façon plus intense et développe le syndrome d’entérocolite (SEIPA). Celui-ci est induit par des protéines alimentaires et dans les faits, ce syndrome fait référence à une inflammation de la muqueuse de l’intestin grêle et du gros intestin (le côlon) et quand le système réagit à un aliment, dans ce cas c’est une réaction du système immunitaire de l’enfant qui intervient.Lors de ce syndrome, les vomissements et/ou la diarrhée surviennent souvent 2 à 3 heures après l’ingestion de l’aliment concerné et peuvent entraîner une déshydratation grave et des complications pour l’enfant. Les produits laitiers et le soya sont les deux allergènes associés le plus au SEIPA. Un suivi sporadique avec un allergologue et une nutritionniste sont à propos et chez la plupart des enfants, ce syndrome disparaît spontanément avant l’âge scolaire.

Pour les bébés qui reçoivent des formules de lait commercial et réagissent à celles-ci, il faut documenter toute l’histoire médicale du bébé et voir ensuite à suggérer un lait plus facile à digérer au besoin.

Il y a 5 % des nourrissons qui manifestent des réactions allergènes comparativement à 3 à 4 % chez l’adulte. Bon nombre des allergies alimentaires diagnostiquées avant l’âge de 3 ans s’estomperont avec le temps.

Origines des allergies alimentaires

Le plus souvent, les allergies alimentaires sont la résultante d’une combinaison de la génétique et de l’environnement (aspect héréditaire, familial). Si les deux parents sont allergiques, l’enfant a de 40 à 60 % de risques de développer des allergies. Si un des parents a des allergies, l’enfant aura alors entre 20 et 40% de risques. Enfin, même si les parents ne présentent aucune allergie, un enfant a de 5 à 10 % de risques.

On remarque chez les jeunes bébés qu’ils sont plus à risque de développer des allergies alimentaires quand leurs parents, frères ou sœurs :

  • ont déjà eu des épisodes d’eczéma de façon significative, c’est-à-dire qu’il présente des plaques la majorité du temps;
  • ont déjà eu des diagnostics d’allergies alimentaires;
  • ou qu’ils ont été diagnostiqués comme asthmatiques ou souffrants d’allergies saisonnières comme le rhume des foins.

Cela montre une vulnérabilité, une fragilité familiale devant certains agents allergènes potentiels. Les aliments les plus allergènes les plus importants à considérer chez les enfants sont :

  • les produits contenant des protéines de lait de vache;
  • le soya;
  • l’œuf.

Le blé, le maïs et le bœuf viennent ensuite. Les arachides, les noix et les poissons & fruits de mer par la suite, à plus petites échelles de sensibilité.

Dans les recherches qui étudient les allergies alimentaires, il n’y a pas de consensus pour les allergies croisées souvent remarquées avec les protéines du lait de vache comme celles des protéines bovines (de bœuf) et aussi celles du soya. En considérant la prédisposition familiale, s’il y a déjà un enfant allergique, on agira plus rapidement face à des symptômes chez un autre bébé du même couple.

Comme mentionné plus tôt dans ce billet, il n’est toutefois pas recommandé (mise à jour de 2023) de restreindre l’alimentation de la mère qui allaite son nouveau bébé au départ, même s’il y a une histoire d’allergie ou d’intolérance dans la famille. Restreindre ou retarder l’exposition au nouveau-né via le lait de sa mère pourrait le rendre plus à risque au final de développer des allergies, malgré les bonnes intentions au départ.

En plus de l’aspect héréditaire, on peut aussi penser à l’immaturité intestinale d’un bébé avec une défense inadéquate, excessive face à une protéine inoffensive habituellement pour la majorité des personnes pour expliquer l’arrivée d’une allergie si il y a une exposition précoce à certains allergènes avant 6 mois de vie chez le bébé. La protéine dite “allergène” fait réagir le système immunitaire du bébé et l’organisme se met dans un mode défense avec la fabrication d’anticorps (substance chimique ) qui circulent dans le sang et amènent des signes cliniques, divers symptômes.

Signes d’une allergie alimentaire

Les symptômes d’une allergie alimentaire peuvent varier d’un enfant à l’autre et peuvent être plus ou moins intenses. Lorsqu’un bébé est en contact avec un allergène, il réagira en fabriquant des anticorps et il peut alors présenter les signes suivants :

  • Photo - éruption cutanée (rash) à la suite d'une réaction allergique« rash » : plaques rouges sur le corps;
  • eczéma ou urticaire
  • gonflement de la peau, enflure (ex. : yeux enflés, visage plus gros, lèvres enflées)
  • toujours avoir le nez congestionné ou avoir un écoulement nasal presque en tout temps, même si sa condition générale est très bonne et qu’il n’a pas d’infection;
  • ses yeux coulent ou piquent;
  • sa respiration est rapide et superficielle. À surveiller puisque la réaction immunitaire peut toucher les voies respiratoires et causer des difficultés respiratoires importantes et dangereuses.

Chez les jeunes bébés, on peut aussi constater, dans les 2 heures qui suivent l’ingestion de l’aliment :

  • des vomissements presque instantanés ou quelques heures après l’ingestion de l’allergène;
  • des crampes et des diarrhées (ne pas confondre ici avec les selles d’un bébé allaité exclusivement qui sont souvent plus liquides);
  • parfois de la constipation persistante (avec ou sans fissure anale)
  • du sang ( ou mucus) dans les selles (à moins d’avoir une fissure anale);
  • des pleurs systématiques chaque fois qu’il est exposé à l’allergène.

À noter que même si le bébé présente du mucus ou un peu de sang dans ses selles de façon très temporaire et en petites quantités, cela ne veut pas dire automatiquement que cela correspond à  une intolérance ou une allergie alimentaire. Toutefois, si ces signes perdurent plus de 4 semaines, cela demande une investigation médicale. Il est important de toujours regarder l’état général du bébé, qui nous renseigne beaucoup sur son état avant de conclure ou non à une intolérance ou une allergie chez l’enfant.

Quand faut‑il s’inquiéter?

  • Quand l’enflure touche le visage, la bouche, la langue, les lèvres;
  • Quand il y a atteinte de l’état général de votre bébé
  • S’il y a une chute du poids ou une atteinte à la courbe de croissance
  • Quand le bébé vomit tout d’un coup
  • quand bébé a de la difficulté à respirer;
  • si sa voix est changée, comme un peu enrouée;
  • si vous voyez une pâleur ou un bleuissement des lèvres ou de l’ensemble du visage;
  • si bébé est faible ou s’évanouit.

Dans pareil cas, vous composez le 911 immédiatement.

Que faire à la suite d’une réaction allergique?

Photo - allergène, les noix

Que faire quand on est confronté à une réaction allergique?

  • poursuivre l’allaitement (en retirant les produits laitiers puis, dans un deuxième temps, le soya (et ensuite les œufs au besoin) à intervalle de 2-3 semaines entre eux, pour identifier si un changement est notable chez le bébé. Puis, dans de rares cas, plus sérieux, supprimez le blé, le maïs et le bœuf en dernier lieu. Le reste de l’alimentation demeure varié;
  • la mère qui allaite et fait un régime d’exclusion aux produits laitiers doit avoir un supplément alimentaire de 1000 mg de calcium par jour et 400 unités internationales de vitamine D pour compenser sa restriction alimentaire;
  • pour un bébé qui a déjà montré des réactions d’intolérance ou d’allergie, on ne retarde pas l’introduction des solides. Entre 4 et 6 mois, les bébés sont prêts pour recevoir céréales, fruits et légumes si requis. À 6 mois, il faut commencer les solides pour tous les bébés pour l’apport en fer (viande, céréale enrichie) nécessaire à leur croissance;
  • ne plus donner l’aliment qui semble provoquer une réaction allergène mais en donner d’autres. Il ne faut pas arrêter l’alimentation solide si bébé est âgé de plus de 6 mois;
  • on ne retarde pas l’entrée d’autres nutriments considérés potentiellement allergènes comme le poisson, les noix, l’œuf. Au niveau scientifique, il n’y a pas de bénéfices à retarder l’introduction des aliments pour la prévention des allergies (British Colombia, Health Line BC 2013). Selon les dernières données de décembre 2022 de la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique, les arachides et les œufs sont les deux premiers allergènes à donner à un bébé après 6 mois de vie;
  • si le bébé boit une préparation commerciale et démontre des signes d’allergie, voyez un médecin avant de changer quoi que ce soit. Une formule hypoallergène (ou fortement hydrolysée) peut être prescrite en prévention des réactions cutanées comme l’eczéma, l’asthme par exemple. Cette formule spéciale est plus facilement digestible que les laits de vache plus traditionnels ou les laits de soya et peut aider à retarder ou à diminuer les symptômes. Parfois préparation de lait de soya mais toujours après 6 mois;
  • pour les allergies graves, des préparations commerciales faites à base d’acides aminées peuvent être aussi prescrites par le médecin ou allergologue;
  • la reprise dans l’alimentation de l’aliment allergène avec réaction plus grave chez l’enfant (protéine de lait, bovine, soya ou autres) dépend de chaque enfant, de l’allergène en cause, de toute son histoire et de la réaction qu’il avait fait. Seul votre médecin ou allergologue pourra vous préciser quand réintroduire l’aliment. Parfois, ce sera après l’âge de 1 an et parfois, on peut facilement attendre à 2 ou 3 ans, quand l’enfant sera en mesure de dire ou de montrer son malaise potentiel. Certains enfants feront la reprise en milieu sécurisé avec le spécialiste et son équipe afin de réagir rapidement en cas de forte réaction;
  • l’emploi de probiotiques (lactobacil Reuteri), surtout lors de l’allaitement maternel, pour aider à calmer des pleurs importants chez les jeunes bébés est à l’étude. Jusqu’à présent, on ne comprend pas tout le mécanisme de fonctionnement mais la résultante semble montrer une amélioration des pleurs, en aidant l’intestin plus immature à augmenter la barrière intestinale (microbiote intestinal).
  • attention : boisson de soya, de riz ou d’amandes ne sont pas de bonnes alternatives pour ces nourrissons fragiles. De plus, il faut éviter le lait de chèvre ou de brebis dont les protéines ressemblent à celles du lait de vache. Pas avant 12 mois.

 

Voici un lien intéressant provenant de la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique vers un document pratique pour vous les parents.

Vous voyez qu’il n’est pas simple de diagnostiquer une allergie chez un très jeune enfant. Vos observations de votre bébé sont un atout majeur pour aider l’intervenant de la santé à bâtir l’historique et recueillir les données afin de mieux identifier la problématique et vous conseiller pour la suite.

Nous vous invitons à surveiller les signes d’allergie, particulièrement si vous en avez dans la famille. Et surtout, avant de faire des changements à l’alimentation de bébé, consultez des personnes qui vous guideront. N’oubliez pas que les changements donneront parfois plus de réactions indésirables que de bien-être pour votre bébé.

Pour plus d’informations sur le sujet, rendez-vous sur le site d’Allergies Québec au lien suivant: https://allergies-alimentaires.org/.

En espérant que vous ayez trouvé dans ce billet réponse à certaines de vos questions touchant les allergies alimentaires et les intolérances.

Et pour encore plus d’informations, nous vous invitons à visionner la vidéo en direct Intolérance et allergie au lait. Nous répondons à plusieurs questions et inquiétudes des parents.

Enfin, pour vous outiller, nous vous proposons d’imprimer le guide d’introduction des solides pour nourrisson. Vous pourrez cocher les aliments au fur et à mesure que vous les introduisez. Vous pouvez aussi consulter le site des Nutritionnistes en pédiatrie qui offre un tableau d’introduction des allergènes avec plein de trucs très intéressants.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Mise à jour de l’article : avril 2024.

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