Parlons enfin de végétarisme durant la grossesse!
Comme nous le savons, il y a des habitudes alimentaires variables d’une personne à l’autre, régime végétarien, végétalien, végane, cétogène, etc. Disons que ces façons de faire gagnent en popularité. Les gens choisissent de se nourrir en adoptant une certaine ligne directrice pour diverses raisons. Par exemple, pour le végétarisme, bon nombre d’adeptes vous diront qu’ils sont sensibles au sort des animaux ou à l’environnement, ou bien qu’ils veulent tout simplement réduire de façon significative les risques sur leur santé.
Mais qu’en est-il du végétarisme durant la grossesse, l’allaitement ou pour l’alimentation d’un nourrisson?
Selon la position de l’Académie de Nutrition et Diététique, l’alimentation végétarienne bien planifiée est adéquate à différents moments de la vie, y compris durant une grossesse ou l’allaitement, et pour les jeunes enfants. Selon les données disponibles, se nourrir d’un régime végétarien a beaucoup de bénéfices sur la prévention et le traitement de plusieurs maladies comme l’hypertension, l’obésité, des problématiques cardiaques, le diabète et même certains types de cancer. Le végétarisme aiderait directement à diminuer le mauvais cholestérol et à maintenir un taux de sucre sanguin adéquat (glycémie).
Qu’est-ce qu’on entend par végétarisme ou régime semi-végétariens?
L’alimentation végétarienne en général comprend l’ingestion de légumes, de fruits, de céréales complètes, de noix, de tofu, de légumineuses et des graines diverses. Bien évidemment que ce type de régime exclut les produits provenant des animaux à différents degrés. On parle, entre autres, de volailles, de gibier sauvage, de fruits de mer et de produits laitiers. C’est pourquoi, si l’alimentation n’est pas très équilibrée, il y a un risque plus grand de carence en fer et en oméga 3. Mais, à même la grande famille du végétarisme, on compte bon nombre de fervents qui s’adonnent à des pratiques encore plus spécifiques.
Voici quelques distinctions d’une diète végétarienne ou semi-végétarienne :
Lacto-ovo-végétarienne
Ce type de végétarisme inclut les œufs et les produits laitiers.
Lacto-Végétarienne
Ce régime inclut les produits laitiers, mais aucun œuf.
Ovo-Végétarienne
Cette façon de faire inclut, les œufs en général, mais aucun produit laitier.
Végétalienne
Les habitudes alimentaires des végétaliens excluent la plupart du temps, le miel en plus des œufs et des produits laitiers. L’alimentation se résume à des aliments entièrement d’origine végétale, en excluant complètement tous les produits animaux.
Puisqu’il n’y a aucun produit animal, poisson, œuf et produits laitiers, il se peut que le médecin ou professionnel de la santé recommande un supplément de vitamine b12 et pour un jeune enfant, l’on surveillera les sources de fer en prévention de l’anémie.
Végane
Le véganisme est, du point de vue alimentaire, très semblable à l’alimentation végétalienne. Une personne végane adopte un mode de vie qui exclut toute forme d’exploitation animale. Ainsi, en plus de l’alimentation, cette personne évitera de consommer tout produit (vêtements, chaussures, cosmétiques…) issu des animaux ou de leur exploitation.
Flexitarien
Les flexitariens incluent dans leur alimentation toutes les sources d’aliments d’origine végétale et se permettent de manger un peu de viande, mais très très peu de viande rouge. Ils consomment également du poisson et des fruits de mer.
Végétarien modéré
Dans cette classification, il n’y a aucune viande rouge, poisson, volaille ou charcuterie. En plus des végétaux, les produits de la chasse et de la pêche sont permis en quantité modérée, comme le poisson et le gibier. On peut également inclure des produits laitiers et des œufs.
Certains auteurs ajouteront à cette liste la diète végétarienne crue, qui consiste à ne consommer que des légumes, noix, graines, légumineuses, et ce, dans 75 à 100% sans aucune cuisson, donc, crus. Toutefois, ce type de régime est souvent considéré à part du végétarisme. Comme étant une autre mode alimentaire qui n’est aucunement compatible avec une grossesse, un allaitement ou pour un jeune enfant en raison des carences importantes pouvant en découler.
Attention aux carences!
Peu importe ces types d’alimentation végétarienne, il est important de dire que les restrictions qui en ressortent peuvent amener des carences de certains nutriments si on ne compense pas pour équilibrer le tout. Plusieurs personnes se disent végétariennes, mais non pas une alimentation optimale et cela peut influer sur leur santé à court, moyen et long terme. Les risques vont donc varier en fonction du degré de végétarisme. C’est pourquoi l’on préconise que le végétarisme soit pratiqué de façon optimale et équilibrée, pour répondre aux besoins de chaque individu en gardant une attention particulière à la prise de protéines, fer, zinc, acide gras oméga 3, iode, calcium, vitamine D et B12.
À noter qu’un déficit en iode est très rare si la personne consomme du sel qui a été iodé. Raison de plus d’en ingérer, lors d’une grossesse ou les besoins en iode sont augmentés.
Végétarisme durant la grossesse et l’allaitement
Végétarisme et grossesse
La grossesse amène de grands changements physiologiques chez la femme. Une alimentation saine, variée et équilibrée va de soi pour s’assurer de son bien-être et celui de son bébé en grande croissance. Une alimentation végétarienne réfléchie est adéquate lors d’une grossesse. Toutefois, il faut garder un oeil critique sur la consommation de fer, de protéine, de calcium, de vitamine D au quotidien ainsi que le zinc, la vitamine B-12 et certains oméga-3 (EPA/DHA).
Végétarisme et allaitement
Le lait maternel demeure le meilleur choix pour alimenter un bébé, même avec un régime végétarien. Il est recommandé souvent aux mères allaitantes végétariennes de prendre un supplément de vitamine B-12. Les aliments fermentés et les algues ne sont pas des sources fiables pour favoriser un apport stable au quotidien. Toutefois, si la femme végétarienne consomme des produits laitiers et des oeufs assez régulièrement, les suppléments ne sont peut-être pas nécessaires. Encore une fois, l’évaluation par une nutritionniste est valorisée pour déterminer les besoins spécifiques de la femme. Rien de mieux que d’avoir les recommandations qui s’adressent à soi, selon nos habitudes et nos historiques en santé.
Pour la prise d’oméga-3, il est possible qu’on vous propose d’augmenter votre consommation de micro-algues ou de prendre un supplément d’extrait d’algues.
Végétarisme et nourrisson
Une alimentation végétarienne peut combler les besoins en nutriment d’un enfant en croissance à condition, selon plusieurs auteurs, que l’enfant puisse ingérer des oeufs et des produits laitiers.
Les boissons de soya ou de riz ou les autres boissons végétariennes, même enrichies ne conviennent pas du tout à un enfant de moins de 2 ans et peuvent amener des problématiques importantes dans leur développement. D’ailleurs, la Société Canadienne de Pédiatrie a émis des réserves importantes face à la consommation de boissons végétales et appel à la prudence, même plus tard dans l’alimentation, lors de leur utilisation. C’est pourquoi, je recommande très fréquemment à des parents végétariens qui veulent initier leur enfant dès son jeune âge, de rencontrer au préalable, une personne qualifiée en diététique pour évaluer le régime alimentaire du nourrisson et s’assurer de vous donner les conseils appropriés et adaptés à votre bébé et votre situation.
Les aliments à donner en complément à son lait après 6 mois de vie favoriseront d’abord l’apport en protéines végétales pour l’approvisionnement en fer pour le bébé, puis en Zinc et B-12 via la consommation d’houmous, purée d’avocat, tofu , beurre de noix, farine d’amande et légumineuses par exemple. Des suppléments peuvent être nécessaires également, selon chaque cas. Selon les mises à jour sur le sujet au niveau médical 2022, il faudrait à un nourrisson qui a un régime alimentaire végétarien, un apport de 22 mg de fer par jour pour éviter l’anémie ferriprive ce qui représente le double des recommandations habituelles pour un bébé qui a un régime incluant les viandes et substituts contenant de bonnes sources de fer.
Témoignage d’une nouvelle maman végétarienne: Marie-Christine
Bonjour à tous,
Je vous partage en quelques mots, une tranche de mon histoire vécue comme nouvelle maman qui a choisi un régime alimentaire végétarien.
En ce qui me concerne, l’alimentation végétarienne est présente dans ma vie depuis l’adolescence. Je suis devenue végétarienne pour des raisons éthiques principalement. Mes parents n’étaient pas végétariens, mais ils m’ont appuyée dans cette démarche, à condition que je m’informe pour bien prendre en charge mon alimentation et que je fasse des bilans sanguins réguliers pour valider l’absence de carence. Je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer une nutritionniste, mais je me suis beaucoup informée pour m’assurer d’avoir une alimentation équilibrée. Ainsi, puisque le végétarisme fait partie de ma vie depuis si longtemps, je souhaitais, dans la mesure du possible, continuer à m’alimenter selon mes valeurs pendant une grossesse éventuelle.
Le régime lacto-ovo-végétarienne est celui que j’adhère. Il m’a semblé que les professionnels de la santé étaient très ouverts à l’adoption de ce type de régime pendant la grossesse, puisque l’apport de protéines, calcium et autres nutriments est facilité par la consommation d’œufs et de produits laitiers.
Lorsque mon amoureux et moi avons eu comme projet de fonder une famille, j’ai rencontré mon médecin de famille pour discuter de la possibilité de maintenir mon régime alimentaire. Après un bilan sanguin concluant, elle m’a encouragée dans ce sens. Pendant la grossesse, j’ai continué à m’alimenter comme je l’avais toujours fait en y ajoutant des vitamines prénatales. J’ai consommé des aliments variés en augmentant légèrement mes portions et en prenant des petites collations plus souvent. Étant donné que je n’avais jamais souffert d’anémie ou de carence auparavant, je n’ai pas fait l’objet d’un suivi plus serré que la normale. Il n’y a rien eu à signaler et mon taux de fer est demeuré suffisant.
Ma fille de deux mois est allaitée exclusivement depuis sa naissance. Malgré un plus petit poids à la naissance, elle a vite rattrapé la normale et elle a déjà gagné un peu plus de 5 lbs en 8 semaines! Je continue à prendre mes vitamines prénatales et je reste à l’écoute de mes besoins.
Concernant l’alimentation solide à venir de notre enfant, mon conjoint et moi avons convenu d’une alimentation omnivore lors de la diversification alimentaire. Mon conjoint mange occasionnellement de la viande, surtout à l’extérieur de la maison. Nous avons convenu que nous offrirons de tout, donc également des produits d’origine animale pour, entre autres, favoriser la tolérance des allergènes et diminuer les risques de carence. Toutefois, comme j’ai le désir d’éduquer et de nourrir ma famille en cohérence avec mes valeurs, je souhaite m’informer davantage sur l’alimentation végétale chez les nourrissons et jeunes enfants. Ainsi, j’ai le souhait d’offrir plusieurs options à ma fille, en veillant avant tout à ce qu’elle grandisse en santé.
Plusieurs livres traitant de ce sujet m’ont été proposés dernièrement et je vous partage les références pour les intéressés.
Belle continuité à tous,
Bébé veggie
De Jérôme Bernard-Pellet | Ophélie Véron |
Nourrir son enfant autrement: familles VG, grossesse, allaitement, DME
De Sandrine Costantino |
Vegan sans carences: femmes enceintes et allaitantes, bébés et enfants
De Edith Gätjen | Markus Keller |
Petit végétarien gourmand: recettes et conseils nutrition de 0 à 6 ans
De Marie Laforêt et Ludovic Ringot
Nous espérons que ces écrits ont pu répondre à bon nombre de vos questionnements par rapport à un régime végétarien durant la grossesse, l’allaitement et chez le nourrisson. Un gros merci à Mélissa, nutritionniste-conseil et Marie-Christine notre maman collaboratrice.
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Article mise à jour en décembre 2022.