Se faire tatouer ou percer pendant la grossesse soulève de nombreuses questions, tant sur la sécurité que sur les précautions à prendre. Entre risques d’infection, réactions cutanées et impact potentiel sur le bébé, il est essentiel d’être bien informé avant de prendre une décision.
Définition d’un tatouage
Par définition, un tatouage consiste à mélanger un produit colorant avec de l’encre (pigment exogène) pour l’introduire ensuite dans le derme de la peau afin de produire un dessin permanent. C’est grâce à l’utilisation d’un dermographe, appareil composé de fines aiguilles très pointues rattachées à un manche électrique, que l’on réussit à introduire l’encre. Quand le processus est enclenché, les aiguilles se déplacent rapidement de haut en bas, perforent la peau de façon très superficielle (de 1 à 4 mm), ce qui permet l’insertion d’agents colorants entre l’épiderme et le derme. La profondeur de l’insertion dépend de la qualité de la peau de l’individu et de la partie à tatouer. Parfois, de fines gouttelettes de sang peuvent jaillir pendant ou après – un peu comme une égratignure le ferait.
Les risques à la santé reliés au tatouage :
- Les hautes instances de surveillance des produits dangereux en santé (Food and Drug Administration au États-Unis et Santé Canada ici) ne donnent pas de barèmes de contrôle pour l’encre et les pigments utilisés pour les tatouages, puisqu’ils sont considérés esthétiques et non médicaux.
- Il n’existe donc aucune norme à respecter, ce qui signifie qu’on ne peut jamais savoir la composition exacte des encres. Les deux seules contre-indications absolues au tatouage décrites dans la littérature sont la grossesse et l’allaitement.
- Dans la plupart des encres utilisées pour les tatouages, il y a une présence de produits chimiques et/ou de métaux lourds qui peuvent amener une toxicité potentielle pour le bébé. Ils sont donc à éviter.
- Il n’y a pas de contrôle fait sur les encres utilisées et vendues. Il n’y a pas non plus de normes à respecter puisque ces produits ne sont pas considérés comme un médicament. Donc, on ne sait jamais exactement ce qu’elles contiennent.
- Il y a toujours un risque d’infection lors du bris de la barrière cutanée. Environ 1-5 % des patients qui reçoivent un tatouage ont une surinfection bactérienne, habituellement causée par les bactéries normales de la peau. Chaque petite perforation est susceptible d’entraîner une infection, voire la transmission de maladies bactériennes ou virales (ex. : hépatite B, hépatite C, VIH,..). Le respect des règles d’hygiène, la qualité des produits naturels utilisés et la rigueur dans la technique d’exécution sont donc primordiaux quand vient le temps de choisir un tatoueur.
Il est incontestablement préférable d’utiliser l’encre noire ou de couleur 100% naturelle de par ses composants, car les pigments industriels, encore en usage chez certains tatoueurs, peuvent contenir plusieurs métaux nocifs pour la santé. Ces produits chimiques, tels l’aluminium, le baryum, le fer, le mercure, le plomb, le cuivre, l’arsenic, le cobalt, le nickel et le sélénium, qui sont peu à peu absorbés par l’organisme, peuvent être en cause dans certains problèmes de santé. On parle de cancers, de maladies et de problèmes de la peau, comme l’eczéma, l’urticaire et des allergies. Même les tatouages temporaires peuvent contenir ces composants!
Vaut donc mieux poser des questions avant de se faire tatouer et ainsi décider de façon éclairée!
Les risques du tatouage chez la femme enceinte
Les tatouages devraient être évités durant toute la grossesse et l’allaitement. Présentement, il n’y a aucune littérature qui démontre des risques additionnels au bébé chez les femmes ayant eu des tatouages avant la grossesse. Il y a par contre un très grand manque de données concernant les femmes enceintes ou allaitantes et les tatouages. Plusieurs études sont donc nécessaires afin d’établir des guides spécifiques dans la pratique.
- Puisque le système immunitaire de la femme enceinte est plus faible en fin de grossesse, une infection pourrait être moins bien contrôlée. De plus, lors d’un tatouage, le risque de transmission d’infections virales sérieuses tels que l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH est augmenté.
- Puisque la femme enceinte a une diminution de sa pression artérielle, elle est plus à risque de faire une hypotension en position debout (orthostatique) qui peut mener à un évanouissement.
- Puisque la femme enceinte a une diminution de sa pression artérielle, elle est plus à risque de faire une hypotension si elle maintient la même position durant un long moment, qui peut mener à un évanouissement.
- Se faire tatouer représente un stress pour le corps, qui pourrait entraîner des contractions et un travail prématuré.
- Les hormones de grossesse changent la texture de la peau qui peut ainsi réagir différemment à certains produits et prédisposer à des allergies.
Il est donc préférable d’attendre d’avoir accouché et d’avoir sevré le bébé (si allaitement) avant de procéder à un tatouage. De plus, attendre le retour graduel à un poids prénatal est aussi à prendre en considération, car la peau sera moins distendue.
Il n’est pas recommandé non plus de faire retirer un tatouage durant la grossesse et l’allaitement.
Péridurale et tatouage
Plusieurs femmes enceintes ayant un tatouage dans le bas du dos s’inquiètent ou se questionnent au sujet de la possibilité de recevoir ou non une épidurale. Compte tenu des aspects qui demeurent méconnus, les anesthésistes resteront prudents lors de la technique, afin d’éviter le contact avec l’encre du tatou en place. Toutefois, un tatouage n’empêche habituellement pas une péridurale.
Césarienne et tatouage
Pour effectuer une césarienne à une femme, on procédera à la chirurgie même si elle a un tatou au site de la coupure, par obligations, dans le but bien sûr d’éviter des complications possibles, chez le bébé et/ou la mère.
Perçage et grossesse
Les recommandations d’éviter les perçages (piercing) durant la grossesse sont les mêmes que celles concernant les tatouages. Si vous avez déjà un perçage au nombril, sur le mamelon ou la vulve, il est préférable de l’enlever dès le deuxième trimestre de la grossesse pour éviter les réactions d’inconfort, de douleur, de rougeur, de démangeaison ou d’allergie plus probables en raison des changements au niveau de la peau des mamans au fur et à mesure de l’évolution de la grossesse.
En somme, bien que le tatouage et le perçage soient des formes d’expression personnelle, la grossesse est une période où la prudence est de mise. Entre les risques d’infection, les changements corporels et les recommandations, il est souvent préférable d’attendre après l’accouchement pour modifier son corps en toute sécurité. Si l’envie est toujours là après la grossesse, on vous encourage fortement à choisir un tatoueur soucieux, expérimenté et qui utilise des produits 100 % naturels.
Marie Fortier
La spécialiste des bébés
Mise à jour de l’article : Février 2025.