Photo - maman qui allaite son nouveau-né

Insuffisance ou manque de lait maternel

Accouchement>Postnatal

Bébé est allaité et vous vous demandez si vous avez suffisamment de lait pour combler tous ses besoins? Avec les poussées de croissance qui arrivent à différents moments, plusieurs parents se questionnent à savoir si le lait maternel n’est pas assez riche ou s’il est produit en quantité suffisante. Côté qualité; il ne faut pas douter! Votre lait est le meilleur pour votre bébé. Pour la quantité, c’est une minorité qui auront une insuffisance de production lactée. Dans ce billet, nous vous parlerons de circonstances plus particulières qui peuvent potentiellement amener une insuffisance de lait.

Lors d’une problématique de production lactifère, à la visite de 3 ou 4 semaines de vie, les parents diront souvent :

  • que leur bébé reste constamment insatisfait au sein, il est agité, lâche le sein, pleure aux seins ou le refuse tout simplement, il peut mordre le mamelon ou le tirer en s’envoyant la tête vers l’arrière;
  • qu’il tète souvent;
  • que la durée et la fréquence des boires augmentent, amenant des blessures aux mamelons;
  • que le bébé s’endort de fatigue et qu’il se réveille après quelques minutes pour redemander le sein.

Lors de tels propos, votre intervenant·e doit examiner votre bébé pour s’assurer de sa croissance et de son développement. Avant de prétendre à une insuffisance de production de lait, il faut évaluer la situation dans sa globalité avant de conclure.

Selon les propos du pédiatre Jack Newman, c’est la mère qui est responsable du transfert du lait à son bébé et le bébé réagit au débit du lait qui arrive. Ce qui veut dire qu’il peut s’endormir, non pas parce qu’il est fatigué, mais bien car le lait n’arrive plus assez rapidement dans sa bouche pour l’encourager à continuer sa tétée. Le bébé stimule le mamelon lors de sa prise au sein, mais il ne tire pas si fort, il donne le signal, le message transmis au cerveau de la mère, pour favoriser l’éjection du lait. Le bébé n’est donc pas passif!

Téter n’est pas si difficile physiquement pour le bébé, il a tout ce qu’il faut pour le faire. Toutefois, s’il n’est pas bien installé au sein, qu’il a une mauvaise prise, qu’il ne stimule pas suffisamment sa mère, il se peut que le débit de lait en soit négativement influencé et indirectement agisse par la suite sur la qualité de la tétée du bébé et sa satisfaction lors des boires.

Les causes d’insuffisance lactifère liées au bébé

  • Une succion très très faible ou un bébé qui est très somnolent. D’où l’importance de favoriser le plus vite possible, suite à l’accouchement, une production et un débit de lait chez la mère satisfaisant pour son bébé.
  • Le bébé n’est pas capable de bien prendre tout le mamelon dans sa bouche, jusqu’à sa base. C’est à la base de celui-ci que se situent les neurotransmetteurs pour stimuler la production. Dans cette situation, il faut revoir en entier le positionnement du bébé au sein et parfois juste changer l’alignement peut faire toute la différence.
  • Un bébé peut refuser le sein car il a de la difficulté à gérer l’ingestion du lait qui coule trop vite du sein (réflexe d’éjection trop fort).
  • Un bébé avec une jaunisse importante est souvent plus somnolent.
  • Un bébé hypotonique (manque de tonus).
  • Un bébé avec une mobilité réduite de la mâchoire (ex. : après l’utilisation de forceps), un torticolis, une plagiocéphalie, une fente labiale et/ou palatine ou un frein de langue restrictif).
  • Une condition de santé particulière, comme un problème musculaire et squelettique (trouble de mobilité) ou bien un problème cardiaque, neurologique ou infectieux. En lien avec la condition identifiée, la prise de médicaments peut avoir un impact sur la qualité de la tétée du bébé au sein de sa mère.
  • Un bébé peut refuser le sein après l’usage trop précoce d’un biberon (avec une tétine) ou d’une sucette d’amusement (confusion).

Certaines causes d’une insuffisance de lactifère liées à la mère et à la pratique

  • La sucette d’amusement : Des parents utilisent la sucette d’amusement à profusion au lieu de mettre le bébé au sein pour stimuler la production. Cela interfère dans la production lactifère (diminution de la fréquence des tétées).
  • La prise au sein : il y a des mamans qui ont des mamelons plats, invaginés ou de gros mamelons. Selon la bouche et la morphologie du bébé, il ne lui est pas toujours facile de prendre le mamelon au complet dans sa bouche. Ainsi, la stimulation des neurotransmetteurs à la base du mamelon ne se fait pas correctement.
  • Photo - maman qui allaite son bébéLa position du bébé : il est important de bien positionner le bébé pour la tétée pour une meilleure stimulation. Parfois ne suffit que d’aligner le bébé un peu différemment vers le sein et voilà que la prise est améliorée.
  • Il faut stimuler les deux seins à chaque boire pour favoriser la production de lait et un bon débit de lait pour le bébé, rarement un seul puisque cela peut diminuer avec le temps la production de lait de la maman.
  • La médication : Si la mère prend une médication quelconque, cela peut indirectement influer sur la production (comme par exemple certains décongestionnants avec pseudoéphédrine ou certains contraceptifs). Les hormones sont très sensibles, parfois même lorsqu’on utilise des médications théoriquement compatibles avec l’allaitement. C’est différent pour chaque femme, il faut demeurer vigilant.
  • L’hypothyroïdie : Si la mère fait de l’hypothyroïdie (une diminution du travail de la glande thyroïde qui a une influence sur plusieurs autres organes du corps), cela peut impacter la production. Si on traite cet état, on stabilise souvent la production par la suite.
  • L’hypoplasie : Une mère connue pour une hypoplasie, c’est‑à‑dire qu’elle a naturellement moins de glandes mammaires dans ses seins. L’hypoplasie peut toucher un sein seulement (unilatéral) ou les deux à la fois (bilatéral). Vous pouvez demander un examen de vos seins à votre intervenant pour valider cela. Aussi, si vous n’avez pas observé que vos seins avaient vraiment changé durant toute la grossesse, cela peut être un indice.
  • La réduction mammaire : Une maman qui a eu une chirurgie aux seins pour enlever des glandes mammaires (réduction mammaire) pour des problèmes de maux de dos ou autres. Si on a changé le mamelon de place, on a coupé les terminaisons nerveuses qui vont au mamelon et coupé par le fait même le signal vers le cerveau pour la production de lait.
  • Les prothèses mammaires : On voit de plus en plus l’inverse, soit des prothèses mammaires ajoutées à certaines mamans. Si le mamelon n’a pas changé de place et qu’on a introduit la prothèse sous le sein, en général, il n’y a pas de problème de production de lait. Mais, on surveille quand même toute chirurgie. On a touché et traumatisé les structures. En règle générale, il n’y a pas de problématique à nourrir le bébé avec une augmentation mammaire.
  • Les ovaires polykystiques : Si la mère a déjà eu un diagnostic d’ovaires polykystiques, cela peut influencer aussi la production lactifère.
  • Une rétention placentaire.
  • Une hémorragie post-partum.
  • L’hypertension et une prééclampsie.
  • Le diabète de grossesse, avec insuline.
  • Une mastite.
  • Toute la fatigue, le stress et la douleur ailleurs sur le corps peuvent bien entendu influencer négativement la production de lait.
  • La caféine et la prise de tabac peuvent également influencer la production.
  • Une nouvelle grossesse.

Les solutions

L’intervenant·e vous conseillera lorsque les causes potentielles seront identifiées, qu’il connaîtra l’histoire de la grossesse et de l’accouchement et qu’il observera une tétée. Il prendra le poids du bébé et s’assurera que sa prise de poids est d’au moins 25 à 30 g par jour.

Puis, dans un premier temps, il pourrait vous conseiller des mesures non pharmacologiques pour améliorer la situation pour vous et pour votre bébé :

  • Revoir les 5 B : Bon moment, Bonne position, Bonne mise au sein, Bonne prise du mamelon, Bonne succion;
  • Revoir les positions d’allaitement;
  • Revoir votre médication (ex. : contraception, le synthroide pour l’hypothyroidie, le fer pour traiter l’anémie);
  • Utiliser un matériel d’aide à l’allaitement judicieusement, comme, le bout de sein (ex. : mamelon plat), le tire-lait électrique (augmenter la stimulation) etc. selon la situation
  • Complémenter le bébé temporairement pour sa prise de poids? Si oui, comment, avec le cup, avec le dal (petit tube) ou avec la cuillère pour ne pas le confondre et nuire à l’allaitement?

Puisque chaque situation est unique, les ressources en allaitement qui sont disponibles autour de vous aideront à la réalisation de votre désir d’allaitement et ce, sans compromettre les besoins de votre bébé.

Informations complémentaires :

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Mise à jour de l’article : avril 2025.

Références :

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