La régression du sommeil

Accouchement/vie avec bébé>Postnatal

Vous avez probablement déjà consulté mon billet éducatif concernant le sommeil des nourrissons pour mieux comprendre, globalement, sa maturité développementale à ce niveau. Si ce n’est déjà fait, c’est par ici!

Plusieurs d’entre vous font soudainement face à des réveils brutaux de leur petit et vous vous demandez ce qui lui arrive tout d’un coup?!
Mieux comprendre, c’est aussi mieux intervenir pour répondre à son besoin!

Qu’est-ce qu’on entend par régression du sommeil?

Pour débuter, précisons d’emblée que les régressions de sommeil sont tout à fait normales à travers le temps pour un jeune enfant.

La définition d’une régression du sommeil pourrait se traduire sommairement par une rechute vers un sommeil perturbé, interrompu brutalement par des éveils fréquents chez un jeune enfant qui dormait bien auparavant. Même les siestes peuvent devenir infernales au quotidien.

Certains auteurs décrivent la régression du sommeil comme étant une dégradation soudaine du sommeil, une résistance inhabituelle de l’enfant à se coucher et dormir, et plus profondément encore, une désorganisation du cerveau du bébé qui se produit juste avant une accélération de son développement psychomoteur (ex: se traîner ou marcher) ou cognitif (ex: le langage).

Comme le résume si bien le pédiatre Brazelton:

Un enfant peut régresser dans une sphère de ses activités temporairement pour mieux avancer dans une autre, et ce, le temps qu’il faudra pour assimiler les nouvelles compétences.

On peut voir ces périodes survenir à différents moments du développement d’un enfant, entre autres, lorsqu’il y a des accélérations importantes de la maturation neurologique qui augmentent l’exigence cérébrale. Ces transformations apportent son lot de changements du comportement pouvant se manifester entre autres, par des pleurs, des éveils plus fréquents et par des demandes plus pressantes qu’à l’habitude de la part de votre petit à votre égard.

À quoi les régressions de sommeil sont-elles attribuables?

Il y a plusieurs causes pouvant être identifiées comme étant des facteurs déclencheurs ou perturbateurs du sommeil de l’enfant à la base d’une régression du sommeil. Ces causes peuvent toucher à la fois des composantes reliées à la maturation cérébrale, à l’étape de développement, à certaines transitions vécues et aussi, à certaines conditions de santé.

La maturation cérébrale

Nous savons que le jeune bébé n’a pas de cycle de sommeil régulier avant l’âge de 4 mois et l’apprentissage du sommeil se fait au fil du temps et de sa maturation. Dans les premiers mois de vie, l’immaturité neurologique et les maux physiques sont des causes évidentes qui influencent le sommeil des jeunes bébés.

On peut constater, même avant 4 mois, qu’il y a des périodes plus propices à des changements dans les habitudes de sommeil de l’enfant. On peut penser par exemple à un bébé âgé entre 6 et 8 semaines, où l’on peut remarquer très fréquemment une phase où il y a des perturbations évidentes du sommeil. On remarque plus de pleurs et un plus grand besoin chez ce dernier d’être porté et bercé, et ce, durant une bonne semaine. Les parents se retrouvent à ce moment très intrigués par la situation, car ils ne reconnaissent pas leur bébé habituel, qui dormait si bien!

La communauté savante a étudié cette étape plus particulière pour découvrir du même coup qu’un grand développement neurologique se produisait au même moment. C’est donc dire qu’une activité neurologique augmentée peut occasionner des changements, des perturbations dans le quotidien habituel d’un enfant en termes de réactions, d’habitudes et de comportements et que tout cela est parfaitement normal au final. Qu’on se le dise, le sommeil d’un petit est rythmé par sa biologie.

Attention également aux parents de ne pas confondre un sommeil un peu agité ou bruyant à une régression de sommeil. Certaines étapes du cycle du sommeil chez l’enfant peuvent engendrer un sommeil plus léger, avec ou sans cri, chignage ou pleurs, et ce, même en continuant de dormir.

La régulation du sommeil s’acquiert avec le temps et on ne peut pas précipiter cette étape chez un enfant. Chaque enfant est différent et a son propre rythme de développement. Il va s’en dire toutefois que la majorité des parents verront le sommeil de leur enfant devenir de plus en plus stable et prévisible entre 4 et 6 mois de vie pour un bébé né à terme et en bonne santé. Mais, c’est seulement à 3 ans qu’un enfant aura un cycle de sommeil similaire à celui de l’adulte.

Souvent autour de 4 mois, les parents verront leur bébé se réveiller davantage la nuit, parfois même chaque 2 heures et ne comprendront pas pourquoi. En fait, la régulation du sommeil se fait de mieux en mieux pour lui à travers une évolution normale. Cette étape l’amène à rechercher une manière de s’endormir, en attachant les cycles de sommeil entre eux, et d’allonger le temps de sommeil. C’est pourquoi si votre bébé est habitué à être endormi dans vos bras en se faisant bercer, il voudra reproduire le tout pour retrouver son sommeil entre deux cycles de sommeil, même chose si vous vous dépêchez de lui remettre sa suce aux moindres petits cris de sa part ou lui donner à boire à chaque éveil. Ainsi, on se retrouvera dans un cercle vicieux sans fin où chaque membre de la famille se retrouve fatigué, exténué et à bout de souffle.

L’étape du développement

Avec la maturation et le développement neurologique du bébé vient l’apprentissage de toutes sortes. La première année de vie est sans aucun doute une phase de vie de grande croissance et de développement et ce, à vitesse grand V. Une chose après l’autre, il apprendra à se tourner, à manger, à boire au verre, à rire, à se traîner au sol, à babiller, à prendre des objets, à se lever puis à marcher et tellement d’autres choses, autant physique, émotionnelle que cognitive.

En ce sens, un enfant qui apprend à se tourner du dos au ventre, mais pas l’inverse, sera porté à se réveiller plus souvent pour demander votre aide pour reprendre une position plus confortable. Cela fait partie de son développement. Le parent pourra dès lors, jouer le jour avec son enfant en le stimulant directement à ce niveau, afin qu’il puisse effectuer de son propre gré, la roulade des deux côtés quand bon lui semble.

Il y a des périodes du développement où l’on peut identifier très facilement les causes des perturbations du sommeil d’un enfant, comme le fait de se développer au niveau moteur, d’être plus curieux face à son environnement, d’être plus sensible aux bruits environnants ou bien, prendre plus conscience d’être séparé de sa mère et de son père et vouloir les retrouver.

À ces étapes, on peut aussi ajouter des périodes plus spécifiques très particulières comme:

  • Autour de 8-10 mois avec l’anxiété de séparation,
  • À partir de 18 mois jusqu’à 24 mois lors de la phase d’opposition,
  • Entre 18 mois et 6 ans, concernant les terreurs nocturnes, les cauchemars et la peur du noir.

Tout cela est possible et reste passager avec une intervention parentale sécurisante, cohérente et bienveillante.

Les transitions dans la vie

Les enfants peuvent, tout comme nous, vivre certaines transitions dans leur vie qui amènent aussi son lot de modifications de leur sommeil.

On peut penser à:

Ces changements dans le quotidien demandent une adaptation de toute la famille, y compris du jeune enfant. Le retour aux routines habituelles et aux rituels connus de l’enfant aideront certes à retrouver plus rapidement l’harmonie au quotidien lors des nuits.

Les conditions de santé

La condition de santé d’un enfant est primordiale à considérer lorsqu’on évalue son sommeil. Il va sans dire qu’il y a des circonstances, des problèmes et des anomalies neurologiques qui peuvent être à l’origine d’un trouble dans la régulation du sommeil d’un enfant. C’est pourquoi il faut avoir des attentes réalistes parfois avec des enfants connus pour avoir des atteintes cérébrales, puisque celles-ci peuvent venir influencer et ralentir l’apprentissage du sommeil qui se trouve très souvent plus fragile et perturbé.

Il ne faut toutefois pas confondre de possibles problèmes neurologiques avec des éveils nocturnes plus fréquents, qui pourraient être en lien davantage avec une poussée dentaire par exemple ou bien une otite, un gros rhume ou de la congestion. Oui, ces conditions viennent perturber le sommeil par les inconforts qu’elles produisent, mais de façon transitoire et de courtes durées. Le sommeil de l’enfant devient plus léger, moins régulier, moins récupérateur et plus agité, mais le tout se résout avec la guérison de l’état de santé et la disparition des symptômes désagréables.

L’apport du parent est toujours essentiel pour répondre aux besoins de soins de l’enfant et ensuite, revenir aux routines habituelles afin de retrouver l’équilibre dans le quotidien comme avant l’épisode vécu.

La durée d’une régression de sommeil

Il n’y a pas de durée déterminée d’une régression de sommeil. Tout dépend du moment qu’il s’agit et de son origine possible.

Plusieurs parents ne comptent que quelques jours pour voir la situation se rétablir, tandis que d’autres se verront contraints à subir le changement pour quelques semaines, allant de 2 à 6 semaines parfois.

Malheureusement, pour certaines familles, une régression de sommeil chez un enfant sera à l’origine d’une nouvelle habitude ou d’une nouvelle routine de vie, qui mettra à l’épreuve le vécu de toute la famille. Pour prévenir le tout, le parent est responsable d’apprendre et d’accompagner son enfant à développer de bonnes habitudes de sommeil. Pour y arriver,  rien de mieux que de mettre en place une bonne routine du dodo dès 4 mois, qui répète les étapes de façon cohérente, adaptée et bienveillante pour faire face aux régressions du sommeil qui se présenteront sur notre chemin, et ce, au grand bénéfice de tous.

Je vous souhaite à tous un sommeil calme et récupérateur…du moins, pour la plupart du temps!

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

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