J’ai adoré être enceinte. Ne pensez pas que j’ai eu une grossesse parfaite sans fausse note.
J’ai été incapable de déjeuner pendant le premier trimestre. Je me levais plus tôt, car je devais inclure le temps d’être malade dans mon horaire. En contrepartie, je n’ai jamais eu aussi faim de ma vie. Moi qui ai toujours eu un appétit d’oiseau, je devais prendre quatre collations en plus des repas sinon je ne pouvais plus fonctionner. Et la soif! L’impression de boire vraiment pour la première fois de sa vie!
J’étais essoufflée comme si je venais de courir un marathon… après avoir essayé de mettre mes souliers. Heureusement que la majorité de ma grossesse s’est passée au printemps et à l’été. Je n’ai jamais autant apprécié mes gougounes. Et seul mon pied droit était enflé. Déjà qu’on marche comme un pingouin lorsqu’on est enceinte, j’étais un pingouin avec un pied d’éléphant.
Dormir était un luxe que la grossesse ne m’a pas laissé. Dès les premières semaines, j’ai eu une rhinite de grossesse, ce qui veut simplement dire que j’ai passé une grande partie de ma grossesse avec l’impression d’avoir un rhume. De toute façon, il était impossible de trouver une position confortable pour dormir même avec mon château d’oreillers. Décider de me tourner avec ma bedaine était un projet qui demandait de la planification. Les yeux grands ouverts, je me demandais si j’allais vraiment trouver le sommeil en réussissant à me tourner de l’autre côté.
Malgré ces désagréments, je n’ai jamais autant apprécié les petits moments de la vie que durant ma grossesse. Dans mon dernier billet, j’ai expliqué que j’attendais deux bébés, des jumelles identiques. J’adorais simplement regarder mon ventre et les sentir bouger. Déjà, je pouvais distinguer laquelle était en action. Mes petites crevettes n’avaient que quelques mois et je pouvais déjà voir des différences dans leurs comportements. Bébé A était très énergique, elle donnait des coups très forts et réagissait vivement lorsque j’appuyais sur mon ventre. Bébé B était beaucoup plus calme. Je la sentais délicatement pousser sur ma peau et même la frotter. À ma grande surprise, mes filles sont le parfait reflet de ma grossesse aujourd’hui.
J’adorais sortir simplement pour voir toutes les belles attentions autour de mon bedon. À l’épicerie, dans le métro, au centre commercial, tous essayaient d’aider et avaient toujours des bons mots. Bon, disons la plupart du temps. Il est vrai que, parfois, on tombe sur une inconnue qui décide de nous raconter en détails son « terrible » accouchement, en ligne d’attente pour acheter du lait. Une fois, pendant que j’attendais ma commande pour emporter, au restaurant, une femme a simplement commencé à frotter mon ventre en me souriant. Ne sachant pas trop quoi faire, j’ai souri à mon tour, très mal à l’aise.
Une grossesse multiple entraîne un suivi très serré avec plusieurs spécialistes. J’avais une échographie aux deux semaines, à partir de ma 24e semaine de grossesse. J’adorais voir grandir ces tous petits êtres. Je me sentais très privilégié de pouvoir autant les admirer avant notre vraie rencontre. On me donnait des images de l’échographie à chaque rendez-vous. J’avais déjà un album de bébés! Toutefois, réussir à avoir une image claire n’est pas facile lorsque deux bébés se promènent à l’écran. Une fois, le docteur n’arrivait simplement pas à avoir une image claire du visage de Bébé B (pour me donner en souvenir). Elle a fini par dire avec un sourire : « Bon, je t’imprime deux fois Bébé A, elles auront la même frimousse de toute façon. »
Même si je parlais à mes crevettes en leur disant d’être patientes, à 34 semaines, elles ont décidé qu’elles avaient assez nagé et qu’il était temps de vivre, un peu trop tôt, de nouvelles aventures.
À suivre…
Découvrez le billet suivant de Geneviève sur la naissance de ses jumelles : Prématurité
Geneviève
Les opinions émises dans ce billet n’engagent que l’auteure.
Source des photos : Catherine Dumontet Photographe