Immunité intestinale du bébé ou microbiote intestinal

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Saviez-vous que près de 80 % des cellules immunitaires du corps humain se trouvent dans le tube digestif?

De plus en plus, la paroi intestinale est désignée comme le deuxième cerveau en raison de son rôle central dans les fonctions immunitaires et neurologiques. Un déséquilibre intestinal peut affecter l’ensemble du fonctionnement de l’organisme.

Image - système digestif intestinal

L’estomac, le petit et le gros intestin ne sont donc pas uniquement des organes de digestion et d’absorption. Ils forment un système immunitaire majeur, actif dès la naissance grâce aux bactéries bénéfiques, indispensables au bon développement.

Beaucoup de parents cherchent des solutions pour un bébé fréquemment malade, souvent traité aux antibiotiques. Cette situation est compréhensible : l’usage d’antibiotiques, notamment en période néonatale, peut altérer le microbiote intestinal et augmenter les risques d’infections ou de maladies chroniques comme l’asthme, l’obésité ou le diabète.

À la naissance, le système immunitaire du bébé est immature. Il bénéficie des anticorps transmis par la mère pendant la grossesse et par l’allaitement. Mais un facteur moins connu est aussi déterminant : le mode d’accouchement influence l’immunité intestinale du nouveau-né.

Voici pourquoi.

Naissance par voie vaginale

Saviez-vous qu’une femme qui a consommé des probiotiques en supplément durant la grossesse et des prébiotiques contenus dans les noix, fibres et légumes, aide son milieu intestinal à elle mais aussi celui de son bébé à venir.

Dans les faits, un bébé qui naît par la voie vaginale sera mis en contact dès ce passage avec des milliers de bonnes bactéries. On parle plus spécifiquement des bifidobactéries (probiotiques) qui habiteront son intestin et qui l’aideront à se défendre contre des agents microbiens envahisseurs ou pathogènes (mauvaises bactéries, virus et autres), à prévenir des maladies métaboliques comme le diabète, l’obésité et à mener à une bonne santé en général.

Selon une étude finlandaise récente, plus de 72 % des microbes initiaux formant le microbiote d’un nouveau-né viennent de l’intestin de la mère. Chaque bébé a un microbiote bien à lui et unique comme son empreinte digitale. Un bébé à terme a un microbiote qui est différent d’un bébé prématuré, le type de naissance influence aussi la composition du microbiote ainsi que la pratique de l’allaitement maternel. 

On sait maintenant au niveau scientifique que le liquide amniotique, le placenta et le méconium (selle du bébé à la naissance) ne sont pas stériles in-utéro. Effectivement, on y retrouve un peu de bactéries et le bébé en buvant le liquide amniotique et via le placenta sera déjà en contact avec certaines bactéries que l’on retrouvera par la suite dans ses selles.

Dès la vie intra-utérine, le bébé est exposé à certaines bactéries qui commenceront à coloniser son intestin. Combinée à une grossesse en santé, un accouchement vaginal sans antibiotique et un allaitement maternel, cette exposition précoce joue un rôle majeur dans le développement immunitaire, métabolique et neurodéveloppemental du nourrisson.

À la naissance, la formation du microbiote intestinal s’amorce. Sa composition est influencée par la génétique, le type d’accouchement, les premières expériences de vie, l’alimentation et l’environnement. Ce microbiote, véritable écosystème de bactéries, participe activement à la protection contre les agents infectieux.

En se fixant à la paroi intestinale, les bonnes bactéries empêchent les pathogènes de s’installer, agissant comme une barrière naturelle. Le microbiote évolue en parallèle avec la croissance de l’enfant. Les recherches indiquent qu’un microbiote équilibré soutient non seulement la digestion, mais aussi la gestion de la douleur, l’humeur, le comportement et le développement neurocognitif.

Naissance par césarienne

Photo - bloc opératoire naissance par césarienneSi le bébé naît par césarienne, a-t-il une protection adéquate à l’intestin?

En plus d’arriver dans un milieu très aseptisé, bien loin des bactéries utiles à la vie extra-utérine, le bébé n’a pas été en contact avec la contamination souhaitée lors d’un passage au niveau vaginal dans l’accouchement par voie naturelle. Les microbes de la peau de la mère et du père ainsi que l’allaitement aideront à compenser le manque d’exposition aux bactéries lors de la naissance et aideront à former le microbiote du bébé suite à son arrivée. Voyez l’importance du peau à peau et de favoriser la première tétée rapidement, afin de coloniser l’intestin du bébé de bonnes bactéries et compenser, dans une certaine mesure, le retard et le déséquilibre causé par la pratique d’une césarienne sur le microbiote du nouveau-né.

On recommande de plus en plus la prise de probiotiques pour aider à rééquilibrer le microbiote intestinal du bébé. Le terme probiotique veut dire : qui contient des micro-organismes vivants qui ont un effet positif chez les personnes qui en consomment. Ces probiotiques aideront à nourrir et à développer, entre autres, les cellules immunitaires et neurologiques dans l’intestin. Cette pratique semble démontrer des résultats très prometteurs, car elle contribue à développer l’axe intestin-cerveau permettant de maximiser la fonction neurocognitive du développement du bébé dans les circonstances.

Selon l’âge de votre bébé ou pour une mère allaitante, consultez un professionnel avant de les utiliser, afin de choisir le bon probiotique pour la fonction que l’on souhaite améliorer. Chaque probiotique est spécifique à la souche sur laquelle on veut agir. Par exemple, on choisira d’emblée pour les coliques le Lactobacillus reuteri (BioGaia®) ou pour un intestin irritable le Lactobacillus plantarum (Tuzen®) ou le Bifidobacterium 35624™ (Align®).

Bonnes bactéries vs moins bonnes bactéries

Tout est question d’équilibre entre les bonnes et les moins bonnes bactéries. Cet équilibre est précaire et il est influencé en tout temps par divers éléments. Si le microbiote a été fragilisé par une infection, la prise d’antibiotique, une allergie ou diarrhée, on remarque que la fonction de barrière immunitaire de l’intestin sera touchée, tandis que  les coliques, la constipation ou les régurgitations sont aussi associées à un problème de déséquilibre du microbiote, mais davantage associées à un trouble neurodéveloppemental (immaturité) qui sera plutôt en lien avec l’axe cerveau-intestin.

Chez un bébé avec un microbiote en bonne santé, il est prouvé qu’on observe moins d’épisodes de fièvre, de diarrhée, de coliques, de régurgitations, de rougeur aux fesses et par le fait même, moins de prise d’antibiotiques. À ne pas négliger non plus, moins d’obésité puisque le milieu intestinal réagit mieux face à l’absorption.

Les antibiotiques ne combattent pas seulement les mauvaises bactéries, qui développent une résistance lorsque les antibiotiques sont prescrits à répétition. Ils s’attaquent également aux bonnes bactéries en modifiant le milieu intestinal et le rendent par conséquent plus vulnérable aux infections. De plus, les antibiotiques n’agissent aucunement sur les virus.

L’impact de la prise d’antibiotiques à la période néonatale, même si de courtes durées, montre de façon significative un affaiblissement du microbiote du bébé à 6 mois de vie.

Quand on parle des premiers 1000 jours de vie pour un nouveau-né, on parle de l’importance de la formation de son système intestinal, relié à la grande présence de cellules neurologiques. À 3 ans, l’enfant aura sa fonction intestinale mature donc, déjà construite au niveau immunitaire et inflammatoire, et ce, pour toute sa vie.

Quelle est la différence entre le microbiote intestinal et la flore intestinale?

Image - bonnes et mauvaises bactéries dans l'intestinPour la flore, elle joue un rôle digestif et immunitaire et elle est formée par toutes les bactéries qui tapissent le tube digestif du bébé. Pour sa part, le microbiote intestinal est précisément la défense de l’intestin.

Ce billet permettra de mieux comprendre cet aspect chez votre bébé. Comme parent, soyez conscient que vous devez agir selon la situation et faire de votre mieux pour prévenir les infections chez votre poupon. On ne contrôle pas tout et malgré toutes nos attentions à cet égard, bébé risque néanmoins de contracter de petites infections qui l’aideront avec le temps à s’immuniser davantage. En attendant, une alimentation adéquate, des habitudes de vie équilibrées entre la routine, le sommeil et les activités aideront à la prévention.

On pense également, que les probiotiques (bonnes bactéries) pourraient être aussi une alternative intéressante en prévention même chez les femmes enceintes pour celles qui ont une vulnérabilité d’allergies dans la famille au premier degré d’asthme, eczéma et allergie alimentaire. Nous savons également que le lait maternel contient naturellement les bonnes bactéries appelées les bifidobactéries, qui font partie des éléments qui procurent au lait maternel ses propriétés protectrices comme : créer une flore intestinale saine et équilibrée, faire augmenter les anticorps, préserver la santé de la paroi intestinale et repousser les bactéries nocives. Le lait maternel contient également maintes prébiotiques qui servent principalement de nourritures aux bonnes bactéries du microbiote intestinal de l’enfant comme par exemple les 150, 200 types d’oligosaccharides.

Pour le bébé, il semblerait, dans les dernières recherches en gastroenthérologie pédiatrique, que la prise de probiotiques (probiotique Bifidobacterium lactis ou B. lactis) pourrait améliorer l’eczéma et diminuer la durée d’une diarrhée infectieuse chez ce dernier. Même si les bifidobactéries sont reconnues par Santé Canada, il n’y a pas encore d’évidence que l’on doit suggérer l’ajout de probiotiques lors de l’allaitement maternel ou dans les préparations commerciales pour nourrissons ou en ajout à son alimentation puisque d’autres études sont nécessaires sur le sujet avant de conclure scientifiquement là-dessus mais les résultats jusqu’à présent sont plus que prometteurs.

Il y a, à ce jour, deux probiotiques approuvés comme sécuritaires dès la naissance : Bifidobacteria pour renforcer le système immunitaire et les Lactobacilli pour aider la vidange gastrique et les troubles gastro-intestinaux des jeunes enfants (colique, régurgitation, reflux, diarrhée, conditions allergiques) (ex.: Biogaia pour les nourrissons (ad 1 an) à raison d’une goutte pour 2 jours lorsqu’on commence, puis augmenter de façon progressive chaque 2 jours, jusqu’au nombre de gouttes recommandé par le fabricant, selon l’âge du bébé ou votre pharmacien).

En attendant, reste qu’il n’y a pas vraiment de contre-indication à la prise de probiotique. La résultante des essais cliniques semble plus positive que moins en regard des changements identifiés après usage, sauf peut-être si allergie à une composante de fabrication du probiotique en question. Donc, très peu de chance d’être dangereux.

Pour plus d’informations, consultez le guide clinique des produits probiotiques disponibles au Canada.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Mise à jour du billet : avril 2024.

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