Photo - Femme enceinte pratiquant le yoga - billet Qui est Bernadette de Gasquet?

L’accouchement à travers le temps et à travers le monde

33-34 semaines de grossesse, Conseils santé

Pour lire la partie précédente de ce billet, consultez Qui est Bernadette de Gasquet?

L’accouchement à travers le temps et à travers le monde est un phénomène très pertinent à connaitre. Dr de Gasquet va très loin dans sa réflexion sur les accouchements dans l’histoire de la vie. Elle remonte jusqu’au règne animal où les mammifères à 4 pattes donnaient la vie en suivant leur instinct, leur nature. Elle précise également comment l’évolution de l’homme, passant de la position à 4 pattes en se relevant sur ses deux pieds, a modifié tout le schéma de la grossesse et de l’accouchement à travers l’enfantement.

Pas besoin de vous convaincre que le fait d’être debout a amené de grands changements au niveau des structures ligamentaires, musculaires et même structurales pour bien s’adapter à cette verticalité. Si on se concentre particulièrement sur l’aspect gynécologique, tout le monde sera d’accord avec le fait que la pression vers le bas, dans le bassin, est de beaucoup supérieure à ce qu’elle était en position 4 pattes. Le bassin a subi là un ajustement majeur, nonobstant une grossesse, juste par le fait d’être devenu bipède, ce qui n’est pas sans conséquence.

Plusieurs d’entre vous se sont peut‑être déjà intéressés à la mise au monde à travers le temps et à travers le monde. Jadis, plusieurs peuples, comme dans les sociétés tribales indiennes ou africaines, voyaient la naissance comme un sacrement, un acte naturel pour permettre la survie de l’espèce. La mise au monde se passait à la maison avec les gens autour et le savoir populaire transmit entre eux d’une génération à l’autre.

Considérant les maladies de l’époque, le manque d’hygiène, les complications rapportées, le taux de mortalité infantile et maternelle très élevé, les médecins ont pris de plus en plus de place dans le processus de la mise au monde, et ce, à l’intérieur des hôpitaux. C’est l’époque de la renaissance, l’ère moderne des accouchements débutant autour de 1900 environ. C’est à compter de 1920‑1930 que la grande majorité des femmes accouchent à l’hôpital.

Demandez à vos grand‑mères qui ont au moins 80 ans aujourd’hui si elles ont vu naître leur bébé lors de leur accouchement à l’hôpital? Plusieurs vous diront qu’elles n’ont pas vu l’arrivée de leur bébé, qu’elles étaient attachées, car elles recevaient un gaz (éther, chloroforme) ou injection (sédatif comme l’opium) qui les endormait. Ces substances provoquaient en même temps l’arrêt des contractions et le médecin sortait le bébé avec, le plus souvent, des forceps, après avoir pratiqué une épisiotomie. Ainsi, la nouvelle mère n’avait aucun souvenir de la naissance, puisqu’elle était vraiment en dehors de leur connaissance lors de l’expérience du devenir mère.

Cette pratique, inspirée de l’obstétricien Dr DeLee, voulait prévenir les complications en agissant avant qu’elles ne surviennent par des interventions médicales très précises faites de routine. Ces manœuvres soi-disant aidantes et préventives pour les accouchements rendaient les mères plus mal en point en postnatal, ce qui nécessitait de les séparer de leurs bébés pour leur récupération donc, rien pour aider l’allaitement et l’attachement.

Photo - Femme dans un lit d'hôpital - billet Qui est Bernadette de Gasquet?Il a fallu attendre les années 1970 pour voir revendiquer les interventions médicales de routine et remettre en doute la pratique médicale moderne lors des accouchements.

Plusieurs fervents des naissances au naturel sont revenus à la charge en proposant d’autres approches pour ramener l’humanité au coeur du soutien apporté dans les maternités. Leboyer, Lamaze, Odent, Voldman et quelques autres sont venus apporter, au gré du temps, un regard différent afin de redonner aux femmes leur capacité, leur pouvoir face à la mise au monde de leur enfant. Diminuer les interventions non nécessaires, offrir un soutien adapté à la femme en travail et aider la gérance de la douleur par diverses méthodes de soulagement naturelles.

Dr de Gasquet est aussi l’une de ces pionnières qui lutte depuis longtemps et encore aujourd’hui, pour ramener l’humanité dans les services périnataux. Il faut laisser la nature suivre son cours en l’aidant, par une bonne respiration, une bonne position et un axe favorables du bébé dans le bassin de sa mère pour la bonne évolution du travail et de l’accouchement. Laisser les femmes bouger, s’activer et garder leur liberté de mouvement est très important pour qu’elles puissent adopter la position qui les rendent les plus confortables instinctivement. Les femmes accouchantes savent!

On peut proposer des respirations profondes, une posture, un étirement ou un massage mais il faut toujours le faire dans l’esprit que la femme est confortable avec cette idée et que ça respecte son bien‑être. Des suggestions d’accessoires pour garder une bonne position, pourquoi pas? Un coussin quelconque, un ballon, un tapis, un landeau pour se suspendre, oui à tout cela, si pratiqués correctement afin de faciliter la détente chez la future mère.

Plusieurs aspects de notre pratique actuelle sont en contradiction avec notre physiologie selon les propos de Dr de Gasquet. Elle soulève plusieurs erreurs dans ses observations et expérimentations, en voici quelques‑unes :

  • La position gynécologique est sans contredit la pire position pour l’accouchement mais on continue de la pratiquer. C’est une position pour l’accoucheur et non pour la personne qui accouche. Couchée sur le dos, les genoux écartés, la tête remontée, les mains qui tirent sur des poignées, le corps plié et la respiration coupée, rien de très dynamique pour aider la descente du bébé et le confort de la mère.
  • Une position gynécologique adaptée peut changer l’issu de l’accouchement selon Dr de Gasquet. Le bassin de la femme accouchante doit être légèrement plus élevé pour remonter les organes et éviter la pression sur le périnée d’une part. Mais, la position sur le côté et à 4 pattes sont aussi des options très intéressantes pour diminuer la pression sur le périnée.
  • Accoucher assise à 90 degrés bloque directement la mobilité du sacrum (os en arrière du bassin) et la respiration aussi puisque le fond utérin remonte dans cette position et empêche l’expansion pulmonaire. La mère doit être assise en étant étirée vers l’avant et légèrement penchée en avant pour libérer le bassin ou bien, étirer son tronc vers l’arrière afin de favoriser l’étirement de la colonne, l’expiration et la détente du périnée. Le bébé aura ainsi plus de place pour bien s’aligner dans le bassin de sa mère (bon axe).
  • C’est la femme qui sait si sa position est correcte ou pas pour l’accouchement. Il n’y a pas une position qui convient à chaque femme et à chaque bébé, il faut voir pour chacune. Le travail et l’accouchement, c’est l’apprentissage des différentes positions, et ce, à chaque étape de tout le processus de la mise au monde. Le papa peut grandement aider à ce niveau en aidant la femme à s’étirer ou à la masser, la bercer. Bercez une femme en travail et certaines positions font sécréter plus d’endorphine naturelle.
  • Il faut apprendre en prénatal à surtout expirer. L’inspiration viendra ensuite automatiquement, car les poumons ne restent pas sans air très longtemps. Rien de bon à respirer en gonflant la poitrine.
  • On ne devrait jamais bloquer notre respiration lors de l’accouchement mais plutôt laisser aller des sons surtout en voyelle, selon l’intensité du moment.
  • On ne devrait jamais pousser son bébé à la demande mais bien, seulement lorsqu’on sent le réflexe qui nous amène à le faire. L’arrivée du bébé sur le périnée déclenche l’envie de pousser, c’est très fort et difficile à retenir.
  • L’épidurale diminue la douleur chez la femme mais pas nécessairement le stress et la tension sur la musculature du périnée si la respiration et la position ne sont pas optimales. Dans la même logique, l’épidurale ne règle en rien un malpositionnement du bébé dans le bassin de sa mère
  • Même si déconseillé par plusieurs praticiens, Dr de Gasquet valorise une ceinture (bandage, ceinture Physiomat, pas de gaine ni corset) pour resserrer le bassin d’une nouvelle accouchée (et même durant la grossesse pour certaines femmes qui ont des douleurs au dos), afin de faciliter le maintien du bassin et le ramener en place après l’accouchement. Le fait d’être soutenue permet de diminuer la charge dans le bassin et le plancher pelvien, incluant le périnée en station debout prolongée.

Je vous invite pour la suite au billet La physiologie de la grossesse et de l’accouchement.

Marie
La spécialiste des bébés

Découvrir nos vidéos

Adhérez à un forfait mensuel ou trimestriel dès maintenant afin d’accéder aux vidéos complètes

Voir toutes les vidéos.

Miniature vidéo aquaforme pendant la grossesse

Aquaforme pendant la grossesse

Vous aimez l’eau et vous voulez bouger avec d’autres femmes enceintes? Avez-vous pensé à l’aquaforme? Découvrez tous les bienfaits de
Témoignages des internautes

Vos vidéos on été d’une grande aide

Vos vidéos et votre travail est tellement super! Je vous l'ai déjà dit car je vous ai rencontré au salon
Bain du nouveau-né

Bain du nouveau-né

Donner un bain à un nouveau-né peut vous insécuriser. Marie vous fait la démonstration d’un bain massage de nouveau‑né avec
(Musique) Marie Fortier : Bonjour les parents, je suis contente d’être avec vous aujourd’hui. En fait, je vais vous parler d’un sujet délicat aujourd’hui, celui d’accueillir un enfant différent dans sa vie. Même si aujourd’hui on bénéficie d’un suivi de grossesse très très rapproché, qu’on a plusieurs tests diagnostic de dépistage de maladies. Il n’en demeure pas moins qu’on peut se retrouver bien impuissant devant les forces de la nature qui sont devant nous. Et je vous comprends, quand on attend un bébé, on se prépare à l’arrivée d’un bébé en santé. Pour la grande grande majorité, c’est un événement heureux d’accueillir un bébé dans sa vie et là, quand on retrouve devant l’évidence qu’un bébé différent va naître ou qu’il est déjà arrivé, ça l’amène tout son lot d’émotion et d’incompréhension. C’est sûr qu’aujourd’hui, moi je veux ouvrir sur le sujet, je veux vraiment qu’on passe ces tabous-là, pour parler de ce sujet-là, même si c’est touchant, je pense que c’est important de savoir que ça se peut et pour cela, j’ai invité des personnes qui vont être là qui travaillent, qui côtoient au quotidien des familles, des enfants qui vivent ce drame. Alors, je vous les présente à l’instant: Stéphanie Santos, toi tu es infirmière, coordonnatrice, et Marie Roberge toi, tu es travailleuse sociale, toutes deux êtes dédiées à l’équipe cranio-faciale ici au CHU Sainte-Justine. C’est bien cela? Écoutez peut-être en entrée de jeux, je vous demanderais, pourquoi vous trouvez cela important d’être ici aujourd’hui pour vraiment parler aux parents d’accueillir un bébé différent, pourquoi c’est important pour vous? Peut-être Stéphanie? Stéphanie : En fait, je suis infirmière depuis 13 ans et ça fait quand même 10 ans que je suis en cranio-facial. Avant de travailler ici, j’avais plus ou moins conscience de, c’est quoi avoir un bébé différent et en cranio-facial, encore un petit peu plus qu’ailleurs, je trouve que c’est important d’en parler pour faire connaître cette réalité-là pour que les parents se sentent moins seuls et que les enfants se sentent moins isolés et pour déstigmatiser un petit peu tout cela avec la population en général. Marie Fortier : C’est bien, et toi Marie? Marie Roberge: Moi ça fait environ 9 ans que je suis travailleuse sociale et j’ai toujours été ici. Ça été un choix de venir en cranio-facial parce que pour moi, ce qui est intéressant c’est de voir que c’est les conditions médicales qui ont un impact au niveau social parce que c’est une différence qui est faciale et donc, pour moi, c’était important d’accompagner les parents dans des situations avec des conditions qu’on ne connaît pas au préalable et aussi le fait d’avoir cet impact au niveau psycho-social de faire connaître aussi au public et aux gens pour changer un peu, le regard que les gens peuvent avoir sur ces enfants qui sont différents Marie Fortier : Exactement merci! C’est bien. C’est sûr que d’apprendre qu’on a un bébé différent peut se faire à différents moments. Il y a durant la grossesse ou après l’accouchement ou plus tard avec le développement aussi avec des maladies métaboliques comme le diabète, aussi des malformations, des syndromes neurologiques divers alors, par rapport à l’annonce, c’est sûr que quand on sait, l’impact comme tu disais et le réseau de soutien, on va tout parlé de cela, mais, avec vos expériences respectives, votre expertise, comment vous annoncer ça, des exemples concrets, ça se passe comment habituellement? Stéphanie : En fait, il y a plusieurs moments comme vous dites ou l’annonce du diagnostic peut se faire des fois c’est en anténatal, souvent à l’échographie à 20 semaines, la fameuse échographie où on pense apprendre le sexe du bébé exclusivement et qu’on se rend compte qu’il y a un petit quelque chose qui ne fonctionne pas au niveau du visage ou autres. Nous c’est plus au niveau du visage, mais à ce moment-là, souvent les radiologues ou les gynécologues ont tendance à rester très discrets et à pas trop donner d’informations pour ne pas déformer les informations aux parents et réfèrent plutôt, aux médecins spécialistes qui vont prendre l’enfant en charge quand l’enfant vont naître, dans notre cas, c’est les chirurgiennes plasticiennes en fait qui s’occupe de voir les enfants. On les rencontre le plus rapidement possible pour ne pas laisser les parents dans ce stress épouvantable là. On leur montre des photos, on leur explique c’est quoi qui arrive à court, long terme et à quoi ils doivent s’attendre. On leur dit qu’on est là, et qu’on va être là quand le bébé va arriver. C’est en anténatal et les parents peuvent vivre cela avant la naissance et à la naissance parfois et le même problème n’a pas été dépisté avant la naissance et oups! On voit ça, le choc est différent. On est impliqué de la même façon à ce moment-là, et il y a certaines anomalies, en ce qui nous concerne cranio-facial et plusieurs autres maladies infantiles qui apparaissent plus tard donc, l’enfant est correct et grandi bien puis, oups, tout d’un coup, quelque chose qui s’installe et ça aussi c’est vécu différemment par les parents. Le processus est toujours le même, on fait une référence tout de suite assez rapidement auprès des médecins pour le suivi Marie Fortier : Pour avoir le suivi en conséquence. Stéphanie : et le support. Marie Roberge : Oui c’est sûr, des fois, certains parents qu’ils le savent à la naissance ou plus tard et disent, j’aurais aimé le savoir avant, j’aurais pu me préparer. Mais en même temps, c’est à deux tranchants, souvent les parents qui on eu le diagnostic en anténatal, vont me dire, c’est comme si j’ai une partie 1 et une partie 2 dans ma grossesse. La première partie, on est tellement contents, on va avoir notre petit bébé, tout cela, et là…..c’est comme s’il y avait une bombe à 20 semaines à cette fameuse écho. Et comme dit Stéphanie, souvent le médecin référent arrive à référer vers les spécialistes, vers les chirurgiennes plastiques, ils ne vont pas trop s’avancer et les parents vont avoir le réflexe, qu’on a tous, d’aller sur internet, d’aller googler et y vont voir pleins de conditions qui ne ressemblent pas nécessairement à leur enfant, donc, plus un stress énorme aussi par rapport à cela et le stress de vouloir préparer à tout prix, parce que c’est ça, on va se dire, comment je vais réagir parce que c’est quelque chose de visuellement différent. Est-ce que je vais m’attacher à mon bébé? Est-ce que je vais le pleurer et même pour les mamans la culpabilité de dire durant la grossesse, est-ce qu’il le sent que je suis triste. Marie Fortier : Est-ce qu’il y a quelque chose que j’ai fait qui n’était pas correct? Marie Roberge : Oui on rejoint exactement, tout ce que j’ai mangé, j’ai fait, les exercices que j’ai faits. Marie Fortier : Une responsable. Marie Roberge : Souvent, il n’y en a pas de cause... Mais, dans cette injustice-là, on veut trouver une responsable, c’est sûr dans ces dimensions-là, il y a des choses qu’on peut préparer durant la grossesse, mais qu’il faut préparer les gens et leur laisser leurs réactions à la naissance parce que c’est important de dire, oui, je me prépare le plus que je peux, mais je réagirai comme je réagirai. Et ce que je dis souvent, toujours aux parents, c’est que ce n’est pas que vous pleurer votre enfant, vous pleurer sa condition et on peut être heureux d’avoir notre enfant et de vivre la naissance de façon heureuse, mais en même temps être triste parce que c’est sûr, votre enfant n’est pas exactement comme on le souhaitait, un enfant en santé, normal, tout ça. Marie Fortier : Exact, peut-être, si on continue sur la même lignée. Quand on apprend ça, il y a tout un ensemble d’étapes qu’on doit traverser pour arriver plus je dirais pas à accepter inconditionnellement, mais je dirais, à vivre avec cette réalité-là mieux, peux-tu nous en parler plus Marie? Marie Roberge : Souvent, je dis aux parents, ce n’est pas dans un processus de deuil ou la perte, mais ce n’est pas le projet comme on l’imaginait, c’est sûr que ce n’est pas un processus linéaire, on passe pas une étape première étape, une deuxième et une troisième étape et personne ne vit pareil dans un couple comme vous dites par rapport à maman qui se sent coupable de sa grossesse parce que c’est elle qui l’a porté, il y a des choses qui ne sont pas vécues de la même façon et c’est correct. Donc, c’est sûr que toutes ces étapes là, c’est normal de pleurer, parce que ce n’est pas ce que l’on souhaitait, ça ne veut pas dire que parce qu’on est triste au début qu’on ne l’acceptera pas et ça ne veut pas dire que si on traverse tout cela et qu’on a accepté et que oui, notre enfant est différent qu’on apprend à avoir confiance que oui, nos capacités et habiletés parentales qu’on peut lui inculquer une estime de soi et tout cela que peut-être le jour précédent l’entrée à la maternelle, qu’on n’aura pas cette espèce de boule, cette crainte-là qui nous revient, ce n’est pas qu’on recule en arrière, c’est une étape de vie. Marie Fortier : Qui se chevauche. Marie Roberge : Qui se chevauchent, c’est normal, je dis souvent aux parents que le premier regard, le regard des autres “ C’est les parents “. C’est normal au début, on n’a pas la confiance de dire, est-ce que je pourrai lui inculquer une belle image de soi, on a de la misère nous-mêmes de l’accepter, il faut se donner le temps, et ensuite, après ça, on gagne confiance en nous dans tout ce processus-là avec notre enfant. Marie Fortier : Ce qu’il faut comprendre, c’est une évolution, ça prend du temps. Il n’y a rien qui va venir tout seul et que cette situation-là, cette réalité-là amènent un impact partout dans la vie des gens comme, pour le parent lui-même individuellement, mais il y a des couples aussi qui sont souvent fragilisés aussi dans une situation comme cela et l’entourage, la famille et quand il y a d’autres enfants, les familles encore plus désorganisées, vous voyez cela souvent? Stéphanie : Oui, déjà, je pense que l’arrivée d’un enfant, quand c’est un premier, c’est le premier, il faut s’adapter à toute cette réalité-là et en plus, il y a un petit défi supplémentaire avec un enfant différent. Déjà d’être parent en soi, avec la venue d’un enfant 1er, 2e ou troisième, il faut déjà se réorganiser un petit peu et là, il y a une situation qui fait en sorte qu’il faut se réorganiser encore plus et ça l’a effectivement un impact sur l’entourage, des fois des couples et comme disait Marie tantôt, dans le couple, ils ne perçoivent pas la chose de la même façon, ça arrive pour n’importe quelles sortes de situations dans la vie là, mais là, c’est notre enfant et des fois, il y a des choses à travailler, à éclaircir. Il faut communiquer beaucoup, beaucoup, beaucoup, l’impact sur les autres enfants, la culpabilité que ça donne de plus aux parents, de dire, ce n’est pas que nous qui sont pénalisés dans la situation, je ne peux pas me séparer en 4, il faut que je sois à l’hôpital avec un et j’ai l’autre qui m’attend à la maison. Et j’irais jusqu’à dire avec l’entourage, on a pu observer à quelques reprises quand même les grand-mamans, les grands-papas, les oncles, les tantes voudraient être là, mais ne savent pas comment réagir, ils ne savent pas quoi faire. Marie Fortier : Quoi faire? Stéphanie : On a un malaise et des fois, puis, qu’ils ne savent pas comment réagir, ils se retirent et ce n’est pas pour mal faire, c’est juste qu’on n’est pas outillés pour supporter et on pense qu’on ne sera pas supportant et on se retire un petit peu. Marie Roberge : Oui effectivement, il y a des fois un malaise, normal de nos jours qu’en on a un enfant. Marie Fortier : C’est la joie! Marie Roberge : C’est la joie, on veut le partager, on met toutes nos photos de présentation sur Facebook “Voici notre petit bébé”. Pour ces parents, il y a un questionnement, est-ce qu’on le fait? Les gens vont réagir, est-ce qu’ils vont être mal à l’aise de dire “Félicitations”, mais en même temps, ils ne savent pas trop quoi faire et en même temps, ces enfants en cranio-facial avec leurs malformations au niveau, souvent, il y a des difficultés d’alimentation, ou au niveau respiratoire. C’est des enfants qui restent hospitalisés souvent, ça prend des services surspécialisés donc, on n’est pas dans notre région et surtout comme disait Stéphanie, ils ont d’autres enfants, ils sont à la maison. Marie Fortier : Ils sont éloignés. Marie Roberge : On est ici, on vit dans cette bulle-là. Stéphanie : Maman ne peut pas retourner faire dodo à la maison et revenir demain, il faut que maman reste là. Marie Fortier : Et même, j’ai des parents que j’ai côtoyés qui disait, même au niveau du budget familial! Marie, la maman qui avait laissé son emploi pour se dévouer entièrement à tous les soins de son enfant. Toutes les dépenses reliées à l’hébergement, au transport, toutes les investigations répétées, les soins ultra-spécialisés qui devaient se déplacer ça et là, a un impact sur tout le devenir des parents à quelque part. Marie Roberge : Oui, c’est des choses qu’on ne pense pas, mais c’est sûr qu’on dit que c’est des conditions plus rares qui nécessitent des soins spécialisés. Pour nous au niveau de la clinique cranio-facial, c’est ici à Montréal. Donc, on a des familles qui viennent de partout, la Gaspésie, de l’Abitibi donc, comme vous dites, c’est des frais, de l’organisation familiale. C’est sûr qu’il y a des choses qui peuvent venir en aide par rapport à tous les déplacements, des conditions des fois par le gouvernement. Marie Fortier : C’est très important les ressources, il en faut. Il y en a beaucoup qui pensent qui sont laissé pour compte. Ok, il y a des soins, mais qu’est-ce qu’on va faire, comment on va faire pour joindre les 2 bouts? Stéphanie : Il n’y a rien de miraculeux, je pense que des ressources, il y a une amélioration. Marie Roberge : Il y a toujours des limites, mais c’est sûr qu’il faut le savoir. Quand on doit aller dans une autre région, comme je dis, plusieurs régions, il y a des programmes qui couvrent des frais de déplacements et d’hébergement pour les parents qui vivent loin, car ils n’ont pas les services surspécialisés dans notre région donc, on peut se référer à notre hôpital de région pour avoir des frais là. Souvent aussi les enfants qui ont certaines conditions peuvent avoir un supplément pour enfant handicapé qui est une allocation familiale, ça aussi peut aider. C’est des choses limitées et ça cause un autre stress aussi sur la famille, le stress dans la famille, l’organisation familiale, séparé de la famille, s’il y a d’autres enfants et tout cela, ça fait beaucoup de chamboulement. Marie Fortier : On voit toute l’ampleur que ça peut prendre et vous assurez les suivis après, parce qu’ils ne sont pas toujours hospitalisés et vous référez, quand ils sortent, des références dans le réseau de la santé pour le suivi. Stéphanie : En fait, les enfants, parlons pour notre clinique à nous, c’est des enfants qui ont besoin de plusieurs suivis avec plusieurs spécialistes différents, c’est dur pour un parent. On en a qui sont super organisés, bon il faut qu’on aille en ORL, faut que, faut que, mais on essaie de leur organiser les choses le plus possible pour regrouper les rendez-vous et tout ça. C’est sûr que tout ce qui peut-être fait à la maison, dans leur secteur, on essaie de leur faire ça, mais en même temps, parfois, ils ont besoin de soins ultra-spécialisés ici et oui, on les organise tout cela et souvent, on les suit jusqu’à 18 ans et même au-delà, même au-delà oui. Marie Roberge : On dit souvent qu’on les adopte pour longtemps, souvent aussi en même temps, comme dit Stéphanie, il y a beaucoup de choses qu’on peut faire en région et on a une conscience de dire, on sait ce que ça fait pour une famille de devoir s’organiser, de venir ici à Montréal et tout cela, donc, regrouper les rendez-vous, faciliter tout cela dans l’organisation familiale et en même temps dans notre discours, oui, c’est important dans nos valeurs, oui, on vous adopte, oui nous votre différence, c’est notre normal. Marie Fortier : C’est votre quotidien. Marie Roberge : Oui, on a un regard différent par rapport à tout cela, c’est sûr que c’est limité, mais il y a des familles que j’aimerais suivre plus régulièrement, mais la distance géographique fait qu’on ne peut pas. C’est sûr qu’il y a des gens qui m’appellent quand il y a des situations, mais c’est limité. Il y a des suivis qu’on peut faire par des collègues dans le réseau, au CLSC, on se parle. Des fois, ça peut-être aidant de se référer à nous, on se parle, mais là, pour nous, cette surspécialité-là, ou de penser à c’est quoi, parce que des fois, les parents aiment ce côté-là différent au niveau facial, comme on dit, souvent ce n’est pas une difficulté médicale, elles ne sont pas physiques, c’est des difficultés que la situation médicale apporte qui sont psycho-social au niveau du rapport aux autres. Marie Fortier : D’où l’importance du soutien psychologique d’accompagnement pour l’enfant qui grandit et les parents. Stéphanie : Et pour l’entourage. Marie Roberge : Oui, c’est pour cela qu’on est une équipe multidisciplinaire. Moi mon rôle est beaucoup plus au niveau des parents et nous on a 2 collègues psychologues pour accompagner les enfants en même temps à travers tout cela et le cheminement d’acceptation et aussi pour prendre des décisions un petit peu plus tard par rapport à des chirurgies, qu’est-ce qu’ils veulent vraiment. Marie Fortier : La suite. Marie Roberge : La suite inclut l’enfant dans son processus. Marie Fortier : Il faut dire qu’à travers tout cela, il peuvent être très heureux. Les enfants et la famille, que ce n’est pas négatif pour le reste de la vie. Stéphanie : Il faut essayer, on dit souvent aux parents, oui, vous avez un enfant, c’est un enfant! Marie Fortier : C’est votre enfant. Stéphanie : C’est votre enfant, puis il va avoir sa vie d’enfant, oui, il a ça ça ça. Il va vous faire les mêmes niaiseries que votre plus vieux, il va vous faire une crise de bacon parce qu’il veut de la gomme dans la machine, il va faire les mêmes niaiseries que les autres enfants, c’est un enfant! Et nous autres, on est là pour aider les parents, les accompagner pour qu’ils deviennent le plus épanouis possible. Et vous seriez surpris de voir le nombre de jeunes ados, adultes, qui n’ont jamais voulu des chirurgies qui n’ont pas voulu corriger leur différence parce qu’elle fait partie d’elle. Puis, il y en a d’autres que c’est plus difficile, j’aurais tendance à dire que la majorité, ça va bien. Marie Fortier : Il faut avoir confiance. Marie Roberge : Oui, il faut se faire confiance et comme dit Stéphanie, au début, la peur, on pense au pire, on pense au pire. Marie Fortier : C’est le premier réflexe. Marie Roberge : C’est ça qui est différent avec des conditions comme cela. Quand on a un petit bébé, on se projette 20 ans plus tard et ce qu’on fait avec un petit bébé qui n’a pas de condition. Est-ce qu’il va avoir une blonde? Va-t-il avoir des amis, être victime d’intimidation? On ne pense pas à ça avec un bébé normalement. C’est tellement de grosses questions et on a pas de contrôle à savoir et c’est vrai qu’on rencontre des enfants ou au niveau de leur développement psycho-social c’est incroyable. Marie Fortier : Ils surprennent tout le monde. Marie Roberge : Ils surprennent tout le monde, et moi, souvent qu’on dit, je pense qu’on a le même discours moi et Stéphanie, quand on fait des retours de notre expérience, c’est vrai que dans notre clinique, dans nos familles, on a pu voir des enfants des plus beaux. Marie Fortier : Extraordinaire, vous êtes de bonnes personnes aussi pour les soutenir. Quand ils se sentent aimés et se sentent pris comme ils sont, je pense que ça leur donne du carburant pour avancer plus facilement grâce à des intervenants comme vous. Marie Roberge : On aime ça! On dit souvent la différence fait partie de leur enfant, ce n’est pas leur enfant qui est différent, il a une différence! Donc, souvent, quand je vous dis de toutes les réactions dans la grossesse et là, je leur dis, attendez, vous allez rencontrer votre enfant, là, vous pensez juste à la différence, c’est tout ce qui prend la place, prenez le temps de rencontrer votre petit bonhomme, cette petite fille et comme on dit, les enfants nous surprennent énormément dans leurs capacités d’adaptation. Marie Fortier : Écoutez, on pourrait en parler longtemps, il y a beaucoup à dire, je vous remercie beaucoup d’avoir été là, mais j’aimerais en conclusion, qu’est-ce que vous voulez laisser de part et d’autre avec votre expérience et expertise respective, un message clé si on peut dire? Stéphanie : Moi, je dirais, tout ce que vous vivez ou avec votre vécu, ou ce que vous vivrez, c’est NORMAL. Il ne faut pas hésiter à parler, à demander de l’aide, vraiment faut le dire. Il n’y a rien de ce que vous vivez qui est anormal, on a déjà vu ça, on va vous aider, vous allez trouver de l’aide autour de vous et je veux juste vous dire que je suis convaincue, que sur sa route, votre enfant va toujours trouver, trouver quelqu’un qui va l’aimer comme il est, et qu’il va le supporter, et va l’aider à faire son chemin et va vous aider aussi à travers tout cela. Marie Roberge : Comme dit Stéphanie, c’est normal, c’est normal d’avoir de la difficulté à accepter. Marie Fortier : Et qu’on l’aimera pas! Stéphanie: Ça n’a pas rapport avec l’amour. Marie Roberge : Moi, je pense qu’il faut se faire confiance dans tout ce processus, se donner la chance. Marie Fortier : Du temps. Marie Roberge : Du temps, comme dit Stéphanie, vous n’êtes pas seul. Souvent, on pense tellement qu’on est seul au monde, que personne ne connaît la condition de notre enfant, que personne ne peut comprendre et pour nous, c’est super important et même, nous on peut apporter quelque chose nous aussi, on a un souci de faire rencontrer des familles parce que souvent quand on se regroupe, moi je dis souvent, il y a une autre famille que votre différence, que tout le monde trouve tellement différente dans votre famille, qui est la normale, la réalité de quelqu’un d’autre, donc, c’est important. D’avoir foi, qu’il y a des gens à travers le parcours de votre enfant qui, comme vous, va voir les beautés de votre enfant et son unicité. Donc, c’est un message d’espoir Marie Fortier : Et moi, je vais faire la porte-parole de tous les parents que vous avez pris soin, et les enfant que déjà, vous avez pris soin et ceux à venir, pour vous remerciez pour votre beau travail. Stéphanie et Marie Roberge : Ça fait plaisir. Marie Fortier : On dit souvent que la santé est le bien le plus précieux et parfois, on l’oublie souvent quand on en bénéficie à tous les jours et ce que j’ai envie de dire en conclusion, à tous ceux qui m’écoutent, à tous ceux qui bénéficient d’un bébé en santé, restez ouverts, rester compatissants et bienveillants pour les personnes autour de vous qui peuvent vivre des réalités comme ça qui sont pas évidentes et d’essayer de les aider du meilleur de vos capacités et sur ce, je vous laisse et je vous souhaite le meilleur pour vous et à votre bébé bien sûr et on se retrouve sur mon site mariefortier.com. (Musique))

Accueillir un bébé différent

Thème : Accueillir un bébé différent Dans cette vidéo diffusée le dimanche 4 mars 2018 et prétournée au CHU Sainte-Justine,

Découvrir d’autres articles

Photo : Infertilité : Fécondation in-vitro

La fécondation in vitro (FIV)

Lisez la première partie de ce billet ici : La procréation médicalement assistée (PMA) - Les techniques La fécondation in vitro est souvent la technique de dernier
MarieFortier_AccoucherPandémie

Accoucher en pandémie: la confiance mutuelle au sein du couple

Malgré les temps troubles que l’on vit avec la pandémie ne sont pas le souvenir principal que les parents garderont de l’arrivée de leur bébé.
Définition de la matrescence

Définition de la matrescence

On appelle souvent les mois qui suivent l’accouchement «le 4ième trimestre». Cette période s’inscrit dans un continuum logique du devenir parent, après la grossesse et
Bientôt, un nouveau bébé

Bientôt, un nouveau bébé

26 février 2020 Attendre un premier bébé c’est une chose, une expérience unique, mais lorsque l’on se prépare à l’arrivée d’un autre enfant, d’autres questionnements

L’accouchement à travers le temps et à travers le monde

Par Marie Fortier Temps de lecture: 6 min
0