Les prises de sang en début de grossesse

Conseils santé

Mise à jour de l’article : septembre 2023.

Bonjour les parents,

au début du suivi de grossesse, il est tout à fait normal que votre intervenant (une infirmière, un médecin ou une sage-femme) demande un certain nombre de tests. Ils serviront à bien évaluer votre état de santé général et celui du bébé à venir. Le but est d’intervenir rapidement pour répondre à un manque et s’assurer d’une belle évolution de la grossesse et du bon développement du bébé en construction. Différents tests seront faits : des prises de sang au cours de la grossesse, des échographies, la mesure du ventre de maman (hauteur utérine), la prise de poids, la tension artérielle, des tests urinaires et plus encore…

Dans ce billet, je me concentrerai plus spécifiquement sur les prises de sang du début de grossesse.

Elles sont souvent prescrites lors de la première visite de suivi qui s’effectue la plupart du temps entre la 7e et 12e semaine. Au Québec, les tests sanguins demandés lors d’une grossesse sont assez standards et ils sont en lien direct avec les guides reconnus des bonnes pratiques. Je vais donc identifier la majorité des paramètres habituellement demandés par votre intervenant. J’expliquerai leur importance par rapport à la femme enceinte et au bébé. Je tenterai également de vulgariser le tout suffisamment pour votre bonne compréhension, mais il est certain que j’utiliserai plusieurs termes biochimiques par la force des choses.

Voici un descriptif de chaque élément sanguin demandé :

La formule sanguine complète (FSC)
Le groupe sanguin et le RH (- ou +)
Recherche d’anticorps
La toxoplasmose
La syphilis infectieuse (VDRL)
Test de dépistage du diabète de grossesse (gestationnel)
Le bilan obésité
Électrophorèse de l’hémoglobine

  • La formule sanguine complète (FSC) :

La formule sanguine complète est un terme utilisé pour désigner un ensemble d’éléments particuliers. Il y en a plus d’une dizaine, lié à votre sang et à ses composantes. Par exemple : le décompte des globules rouges (qui transportent le fer), les leucocytes (qui nous aident à se défendre), le volume du plasma, etc.

Chaque élément contenu dans la formule sanguine est important et sera évalué pour s’assurer des bons dosages et éviter diverses conséquences potentielles.

Pourquoi?

Le fait de connaître ces données à ce moment précis de la grossesse permettra à votre intervenant de pouvoir intervenir rapidement sur des carences, comme l’anémie (le manque de fer). On pourra aussi recommander à la future mère des suppléments plus importants que ceux habituellement suggérés. Tout sera mis en œuvre pour garder l’équilibre des dosages des éléments sanguins afin d’optimiser la santé générale de la mère et favoriser le plein développement du bébé.

  • Le groupe sanguin et le RH (- ou +) :

Chaque personne a un groupe sanguin qui lui est propre, soit A, B ou AB ou O. Lorsqu’une femme attend un bébé, il est important de savoir :

  1. son groupe sanguin en cas d’urgence (si transfusion sanguine);
  2. son rhésus (RH) qui peut être soit positif (+) ou négatif (-).

Pourquoi?

Pour le bébé, le groupe sanguin (A, B, AB ou O) de sa maman ne cause pas de problème, puisqu’il y a deux circulations indépendantes. Par contre, le rhésus négatif (RH-) pourrait causer des problèmes pendant la grossesse et au bébé. Quand on dit qu’une mère a un rhésus positif, on retrouve une molécule rhésus à la surface de ses globules rouges. Lorsqu’il est négatif, c’est le contraire, elle n’a pas cette molécule.

Quand la mère a un rhésus positif, aucun problème sanguin n’est envisagé puisque le sang du papa ne changerait rien dans les liens inter‑placentaires mère et enfant. Toutefois, si la mère a un rhésus négatif et que le père est positif, c’est là qu’il y a une possibilité d’affection. C’est‑à‑dire que le bébé ait le rhésus de son père positif. Dans cette situation précise, la mère peut fabriquer des antirhésus (anticorps) pour combattre cette molécule et risquer que cette substance passe au bébé via son placenta.

Le passage des anticorps maternels dans le sang fœtal peut entraîner de l’anémie, de l’enflure, de la jaunisse et des lésions cérébrales au fœtus. C’est pourquoi, lorsqu’on dépiste tôt dans la grossesse un trouble d’incompatibilité sanguine comme cela, nous prévoyons déjà d’administrer un vaccin à cette maman autour de 28 semaines de grossesse. Ce vaccin est le WinRho et il a pour tâche de neutraliser la formation des anticorps et ainsi empêcher cette réaction de combat, de rejet pouvant survenir.

  •  Recherche d’anticorps :

Pour savoir si une maman est immunisée vis‑à‑vis certaines maladies, on recherche des anticorps dans le sang. Ceux-ci nous indiquent qu’elle est protégée. L’exemple typique que je vous donne est la varicelle (la picote). Quand une personne a eu la varicelle ou a reçu le vaccin, en règle générale, elle a développé une immunité, une défense contre ce même virus. Ainsi, lors d’une grossesse, on cherchera les antivaricelle, les anticorps qui prouvent la protection. Comme l’hépatite B, C (pas automatique pour toutes les mamans), la rubéole, le parvovirus B‑19 (5e maladie) et le VIH (virus immunodéficience humaine).

Environ 60 % des personnes seront immunisées au parvovirus B-19 dans leur vie. La contamination elle, demeure asymptomatique dans la plupart des cas. La transmission mère-fœtus durant la grossesse peut se faire entre 17 et 33 % des cas si non immunisée, mais n’amène pour la majorité, aucune conséquence après le premier trimestre. La virulence se fait sentir davantage à la maison (50 %) et à la garderie ou l’école (20 à 30 %).

La vaccination contre l’infuenza durant la grossesse n’est pas un vaccin qui dure des années. Il doit être répété chaque année pour protéger la personne. Il est recommandé par la santé publique que la femme enceinte soit vaccinée, puisqu’il y a plus de bénéfices que de risques à être vaccinée. Et ce, afin de prévenir les complications de travail prématuré au 3e trimestre de grossesse, la fièvre, la pneumonie et l’hospitalisation pour être traitée. Le vaccin injectable est inactivé, donc sans risque pour le fœtus. Par contre, le vaccin en inhalation qui lui est vivant et qu’on donne le plus souvent aux jeunes enfants. Celui-ci ne devrait jamais être donné à une femme enceinte.

Pourquoi?

Si une mère n’est pas immunisée par rapport à une maladie infectieuse pouvant être grave durant la grossesse, certaines vaccinations peuvent être suggérées, par exemple, l’hépatite B. Sinon, on augmentera la prévention. C’est pourquoi, il est toujours approprié qu’une femme en âge de procréer voit son médecin en pré-conception pour un dépistage. Si besoin il y avait de recevoir un vaccin et/ou un traitement anti-viral (si infection il y a). Tout cela pour épargner l’exposition au bébé du virus in-utéro à venir et aussi lors de la naissance et les répercussions pouvant en découler.

Les complications potentielles en lien avec la contamination de ces virus durant la grossesse sont diverses. Elles peuvent amener des malformations au fœtus, des troubles neurologiques ou ophtalmiques (vision), des problèmes de croissance, des troubles d’immunité, des avortements spontanés et même, elles peuvent aller jusqu’à la mort fœtale dans les situations les plus extrêmes.

  • La toxoplasmose :

La toxoplasmose est une affection provoquée par un parasite le toxoplasma gondii.Photo - prise de sang grossesse

Les symptômes de contamination chez la femme enceinte passent souvent inaperçus, car ils ressemblent beaucoup aux signes d’une bonne grippe : fièvre, maux de gorge, douleur musculaire.

Ce parasite peut être contracté par l’exposition aux excréments de chat, aux viandes crues ou mal cuites et aussi au lait cru.

Pourquoi?

Le parasite de la toxoplasmose peut être transmis au fœtus. La contamination est plus fréquente à la fin de la grossesse et comporte aussi moins de risques pour le bébé. Mais, si l’infection se fait en début de grossesse, lorsque les cellules se développent de façon exponentielle, les dommages possibles au bébé peuvent toucher : sa vue, son ouïe, son système nerveux avec un retard intellectuel.

Le fait de dépister rapidement la toxoplasmose nous permet de traiter la mère avec une antibiothérapie et ainsi prévenir les complications potentielles.

Lisez mon autre billet sur la toxoplasmose.

  • La syphilis infectieuse (VDRL) :

La syphilis infectieuse est une maladie transmissible sexuellement par le sang qui peut atteindre plusieurs systèmes du corps humain. Le risque de transmission au bébé durant la grossesse pour une femme non traitée est de l’ordre de 70 à 100% pour une infection primaire. Ce risque diminue à environ 40% si l’infection est considérée latente (contamination passée). Toutefois, la syphilis congénitale (transmise intra‑utérine), peut facilement être prévenue grâce au traitement précoce chez la femme enceinte.

Pourquoi?

La présence d’une syphilis infectieuse chez la femme enceinte la prédispose à des fausses couches et à des accouchements prématurés.

Pour le bébé, si la mère n’est pas traitée, il est à haut risque d’être lui aussi infecté. Même si 20 à 60% des bébés naissants restent asymptomatiques, les autres peuvent présenter des éruptions cutanées plus spécifiquement au niveau de la paume des mains et des plantes de pieds, souvent sous forme de vésicules, dans les deux premiers mois de vie pour la grande majorité du temps. Cela peut aussi provoquer des retards de croissance et des malformations fœtales.

L’INSPQ est en travail présentement pour la mise à jour 2023 et les statistiques relèvent que le taux d’infection des femmes pour la syphilis a augmenté de 198% entre 2016 et 2020 et possiblement qu’à venir, un dépistage systématique sera prévu aussi au dernier trimestre de la grossesse pour mieux dépister et donc pour mieux intervenir.

 

  • Test de dépistage du diabète de grossesse (gestationnel) :

Le test de dépistage du diabète de grossesse est habituellement fait autour de la 28e semaine. Et ce, afin de prévenir les complications potentielles qui s’y rattachent jusqu’à l’accouchement. Cependant, il arrive que votre intervenant préconise de faire ce test au début de la grossesse lorsqu’il y a présence de plusieurs facteurs de risque chez la mère comme :

  • son âge (+ de 35 ans);
  • un surpoids;
  • elle a déjà fait un diabète gestationnel à une grossesse précédente;
  • elle a des membres de sa famille proche qui ont un diabète de type II;
  • elle a déjà accouché d’un très gros bébé;
  • elle a des ovaires polykystiques.

Le test consiste à boire un jus sucré contenant 50 ou 75 g de glucose. Par la suite, vous aurez à faire une prise de sang.

Pourquoi?

Image - jus sucré orange pour le test de diabète de grossesseLe dépistage précoce d’un diabète de grossesse peut changer complètement l’issue de la grossesse et son déroulement. Dès le diagnostic, les intervenants mettront en place un suivi plus serré avec des rencontres médicales plus rapprochées, plus d’échographies et aussi des mesures préventives en lien avec l’alimentation, les exercices et les mesures de sucre régulières.

Les risques pour le bébé sont liés en grande partie à des malformations diverses dépendant du stade de la grossesse. Souvent le bébé est plus gros à la naissance et il peut y avoir bien d’autres complications au niveau pulmonaire, neurologique, rénal, etc.

Les risques pour la mère sont de faire une fausse couche, de l’hypertension (haute pression) et d’avoir des troubles de vision. Aussi, on voit plus souvent ces mères mettre au monde leur bébé par césarienne ou accoucher prématurément.

  • Le bilan obésité :

On effectue ce bilan lorsqu’il y a présence chez la femme enceinte d’un surpoids considéré dans la catégorie « obésité ou obésité morbide ». C’est dire que son indice de masse corporelle dépasse de beaucoup le poids santé. Ainsi, au lieu d’avoir un indice de masse corporelle entre 18,5 à 24,9, la future mère peut avoir une valeur d’indice au‑delà du 35.

De par cet état de fait, votre intervenant pourrait, dès le début de la grossesse, demander des dosages dans votre sang. Des dosages de la fonction rénale (en rapport au travail habituel de vos reins) et aussi de la fonction hépatique (en rapport au foie avec le calcul sanguin de ses enzymes). Tout ça afin de nous renseigner au plus tôt des dysfonctionnements potentiels.

Pourquoi?

Lors d’une grossesse, l’augmentation du métabolisme de la femme fait ressortir les problématiques déjà présentes. Aussi, en connaissant ces dosages rapidement, l’intervenant pourra suggérer un traitement ou un suivi approprié selon chaque situation et diminuer au minimum les conséquences. Et ce, autant pour la mère et sa grossesse que pour son bébé.

  • Électrophorèse de l’hémoglobine :

L’électrophorèse de l’hémoglobine est un test spécifique qui sert à dépister une affection qui touche la qualité de l’hémoglobine du sang. Cette affection déforme les globules rouges (qui transportent le fer dans le sang de tout individu) et peut causer par le fait même un type d’anémie qu’on dit « feriprive ».

On retrouve cette pathologie davantage chez les mamans dont l’origine n’est pas nord‑américaine. Plusieurs mamans africaines en sont touchées. En dépistant ce problème précocement, on peut administrer du fer en plus grande quantité.

Pourquoi?

Si on ne dépiste pas et que le problème persiste, la maman a plus de risques d’avoir des carences en fer et de développer des infections urinaires. Elle peut faire davantage de prééclampsie (hausse de la pression artérielle, protéines dans les urines et de l’enflure aux membres) et accoucher plus souvent de façon prématurée.

Pour le bébé, cette situation peut mener à un faible poids et à une infection postnatale diverse.

Comme vous pouvez voir, il y a plusieurs tests sanguins que l’on peut faire dès le début de grossesse. C’est votre intervenant qui sera le mieux placé pour les choisir en fonction de votre histoire de santé et de vie.

J’espère que ces quelques lignes éclairciront certaines questions que vous aviez et vous permettront de suivre de près ce qui vous arrive.

Belle continuité à vous et à bientôt!

Marie
La spécialiste des bébés

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