Avez-vous lu la partie précédente Cancer et grossesse?
Certains cancers se développent plus lentement et d’autres sont plus agressifs. C’est une notion que l’on doit aussi tenir compte pour les alternatives possibles à proposer.
La chimiothérapie
Un plan de traitement par chimiothérapie compte souvent plusieurs molécules à la fois pour mieux combattre le cancer. Certains médicaments peuvent agir non seulement sur les cellules cancéreuses, mais aussi sur des tissus sains et en bonne santé. C’est pourquoi, autant que force se peut, il est toujours préférable de retarder après l’accouchement les traitements de chimiothérapie ou les chirurgies lorsque la situation le permet.
Durant une grossesse, on sait que la plupart des traitements de chimiothérapie traversent le placenta vers le bébé, et ce, dès les premières semaines de la grossesse. Considérant que les résultats de recherches manquent sur l’impact de cette connexion transplacentaire vers le bébé, il semblerait que ces médicaments, en trop grande quantité, peuvent être responsables de malformations congénitales importantes chez le bébé ou autres problématiques sur leur santé. C’est pourquoi, l’équipe de soins fera en sorte de bien évaluer la situation dans son ensemble avant de proposer un plan de match au couple.
Les médicaments impliqués dans le traitement de chimiothérapie contre le cancer pourront varier en fonction du trimestre de la grossesse et la gravité de la maladie.
Premier trimestre de la grossesse
On sait que la chimiothérapie administrée à une femme enceinte dans le premier trimestre de sa grossesse accroit le risque de fausses couches, de malformations congénitales et de mortalité.C’est pourquoi, si le type de cancer s’avère être très lent dans son développement, l’on suivra de près la femme enceinte et l’évolution de sa condition, mais on tentera de retarder l’administration de chimio au moins jusqu’à son 2e trimestre, qui comporte moins de risques à ce niveau.
Malheureusement, si le cancer impliqué est plus invasif, avancé dès le premier trimestre et que le pronostic à moyen et long terme s’avère défavorable, bon nombre de femmes choisiront de mettre fin à leur grossesse pour permettre un traitement de chimiothérapie sans délai.
Deuxième et troisième trimestre
Avec le recul des expériences passées, en choisissant les médicaments appropriés et possibles aux 2e et 3e trimestres de la grossesse, la plupart des bébés exposés à des traitements de chimiothérapie sont nés en bonne santé. Même si certains ont accusé un retard de croissance ou un faible poids à la naissance, il n’en demeure pas moins qu’ils ont traversé la tempête sans complications majeures.
La radiothérapie
La radiothérapie peut être possible selon le site du cancer. On peut penser à une tumeur au niveau du cerveau (au niveau de la tête) ou bien du cou ou bien aux extrémités. Ainsi, même si la femme enceinte reçoit de la radiation à ces endroits plus spécifiques, on peut protéger le reste de son corps et le bébé par le fait même, en limitant l’exposition à la radiation pour ce dernier. On peut dire que dans ces conditions, le traitement de radiothérapie, surtout dans les deux premiers trimestres de la grossesse, est à moindre risque pour le futur bébé.
La chirurgie
La chirurgie est possible et sécuritaire lors d’une grossesse pour aider au diagnostic ou traiter certains types de cancer, mais pas en tout temps, malheureusement.
Il est difficile de s’avancer sur un décompte de types de cancer impliqués versus la nécessité de subir ou non une chirurgie puisque chaque situation doit être vue à l’unité et dans son ensemble avant toute intervention. Les recommandations médicales vont toujours dans le sens du plus grand bénéfice à obtenir dans les circonstances.
L’accouchement et l’allaitement
Lorsque la maladie le permet et que son évolution est lente, il est souhaitable d’attendre après l’accouchement pour traiter la mère pour son cancer avec certains médicaments plus puissants ou autres procédés plus invasifs. Mais parfois, il se peut que l’on doive tout simplement écourter la grossesse pour traiter la mère au plus vite.
On décidera si l’accouchement sera vaginal ou par césarienne, tout dépendant de chaque situation. Chose certaine, si la femme enceinte a reçu un traitement de chimiothérapie durant sa grossesse, il est préférable qu’il y ait un délai d’au moins 2 à 3 semaines entre la fin du traitement chez celle-ci et son accouchement comme tel, afin que le bébé ait pu éliminer les médicaments qu’il a aussi reçus via le placenta de sa mère. Tout cela dans la mesure du possible bien sûr!
Pour les nouvelles mères qui doivent recevoir des traitements de chimiothérapie en postnatal, malheureusement, l’allaitement est contre-indiqué, puisque plusieurs molécules utilisées peuvent se retrouver dans le lait maternel et avoir des répercussions à court, moyen et long terme chez le bébé. Les données manquent sur ce sujet pour être confortable avec l’allaitement maternel dans ces conditions.
La maladie peut arriver pour quiconque sans préavis. J’ai déjà côtoyé deux femmes enceintes de très proche dans mes cours prénataux, toutes deux atteintes d’un cancer et à chaque fois, je voyais leur force et leur détermination dans leurs yeux, dans leur agir et surtout, dans leur sourire magnifique, malgré les circonstances. Que de leçons cela nous donne quand on a envie de se plaindre!
De ce fait, j’aimerais vous partager un texte écrit par une de ces mamans. Un texte rempli d’émotions, de résilience, mais surtout d’amour et d’espoir. Découvrez-le ici.