Avez-vous lu la partie précédente à celle-ci? L’infertilité chez la femme.
Article mis à jour le 1er juin 2023.
Le bilan pré-conception
Dans un premier temps, il est important de voir votre médecin de famille ou gynécologue afin de recueillir un ensemble de données, grâce à un questionnaire, pour bien situer votre état en lien avec les facteurs de risque qui influencent la conception. Si vous n’avez pas de médecin spécifique, sachez que vous pouvez consulter un intervenant à même les cliniques de fertilité existantes sans avoir de références particulières.
Un examen physique complet sera aussi pratiqué incluant un examen gynécologique (pap test ou cytologie) avec les prélèvements de base sur les infections transmises sexuellement mais aussi pour s’assurer de détecter des anomalies des structures du système reproducteur.
Si nécessaire, votre médecin de famille peut demander une consultation à un gynécologue ou endocrinologue ou médecin spécialiste en fertilité. En tout temps, n’oubliez pas d’amener avec vous votre dossier médical avec les tests déjà faits pour éviter d’avoir à les refaire. La liste de médicaments que vous prenez également s’il y a lieu.
Le cycle menstruel
Votre cycle menstruel est-il de 25 jours? Ou bien 35 jours?
Pour calculer un cycle menstruel, il faut partir du premier jour de votre menstruation jusqu’au dernier jour précèdent votre prochaine menstruation. Les cycles menstruels peuvent aller de 21 à 35 jours avec une moyenne bien établie de 28 à 30 jours.
Chaque femme doit être prise de façon unique. Pour mieux comprendre son cycle, c’est bien d’avoir un portrait de plusieurs mois qui décrit le cycle : le rythme exact, la durée des menstruations et les caractéristiques des saignements annotés de façon systématique.
Il est aussi bon de noter qu’une femme peut saigner pour différentes raisons durant son cycle:
- si présence d’un fibrome,
- si prise de contraception ou pas,
- si prise d’hormones ou pas,
- un problème sous-jacent comme un trouble de coagulation, un ovaire polykystique, un dysfonctionnement de la glande thyroïde,
- la prise de médicament (effet secondaire possible).
Si la femme n’a pas de menstruations pendant plusieurs mois, cela donne des indices aux professionnels sur la fonction ovulatoire de cette personne et déjà, cette constatation les aide à entrevoir les options possibles pour contourner cette problématique rencontrée. C’est pourquoi on suggère fortement à une femme qui a des menstruations quelques fois par année seulement de consulter plus rapidement puisque ses chances de concevoir sont très minces compte tenu de son cycle atypique.
Puisqu’on ne peut prévoir d’avance le moment exact de l’ovulation dans un cycle, on parlera de période de fécondation ou d’ovulation pour déterminer le laps de temps le plus propice à engendrer la vie.
La prise de la température basale
La température basale est en lien direct avec le processus hormonal habituel qu’on distingue en période préovulatoire, ovulatoire et aussi à la suite de l’ovulation. Sans rentrer dans tous les détails des différentes hormones qui entrent en jeu dans un cycle, je peux vous dire que chacune d’entre elle a une fonction individuelle bien précise qui contribue à favoriser, non seulement l’ovulation, mais aussi le transport de l’ovule, la nidation dans l’utérus et le développement de l’embryon par la suite.
Plus particulièrement, nous savons que pour la température basale dans un cycle, il y a, juste avant l’ovulation, une hausse légère de cette température indiquant au couple le moment plus précis de l’ovulation et les chances de concevoir plus facilement.
Pour entrevoir cette légère hausse, il faut que la femme prenne sa température buccale si possible au repos, avant de se lever tous les matins. Elle doit consigner ses résultats sur un graphique conçu à cet effet pour mieux voir les fluctuations de sa température à travers le temps. S’il y a une hausse de température de 0,3 à 0,6 ˚C soutenue, c’est qu’il y a ovulation.
Mais s’il n’arrive pas de pic de température, si aucune démarcation ne se présente dans les résultats de température prise au quotidien, on peut alors penser que les cycles n’offrent aucune ovulation (cycle anovulatoire).
Si on voit le pic de température arriver bien trop tôt dans le cycle, on soupçonnera alors que les sécrétions d’hormones sont désorganisées.
Vous comprenez que ces observations sont précieuses pour les intervenants afin d’évaluer votre situation puisque les options suggérées par la suite en traitement seront en lien direct avec les problématiques trouvées.
Le bilan hormonal
Plusieurs hormones peuvent influencer la fertilité à différents égards. Deux hormones particulières, soit la progestérone et l’œstrogène (œstradiol), occupent une place de choix dans le domaine de la reproduction. C’est pourquoi, lors de tests d’investigation, il est bien de vérifier si leur concentration dans le sang de la femme est en quantité suffisante ou non. De plus, le fait de prendre des prises de sang à différents moments durant la période du cycle (avant, pendant et après l’ovulation) peut informer le médecin des fluctuations de ces hormones expliquant peut-être une problématique vis-à-vis l’enfantement.
Les hormones FSH et LH, ainsi que les hormones TSH provenant de la glande thyroïde et aussi la prolactine qui agit lors de la lactogénèse, sont toutes des hormones qui peuvent avoir un impact sur la reproduction au féminin.
Ne vous surprenez donc pas que votre médecin de famille, gynécologue ou le médecin spécialiste demande un bilan sanguin général incluant le calcul de ces hormones. Dans la physiologie maternelle, on connaît les besoins d’iode augmentés chez la femme enceinte et ce n’est pas rare de dépister une carence à ce niveau lors d’une grossesse chez les femmes en bonne santé et sans symptôme spécifique avant la grossesse. Il faut absolument stabiliser, contrôler la situation hormonale pour minimiser les risques à la grossesse comme dans le cas d’une insuffisance de la glande thyroïde (hypothyroïdie) (fausse couche, anémie, hypertension, décollement placentaire, travail pré-terme) et aussi l’impact chez le bébé (augmentation des complications néonatales: petit poids, prématurité, détresse respiratoire). En ce qui concerne toujours la glande thyroïde, une hypersécrétion (hyperthyroïdie) a aussi des conséquences en lien avec la santé de la mère, la grossesse et le bébé qu’il faut aussi considérer.
L’échographie pelvienne
Une échographie pelvienne peut être pratiquée sur le ventre de la femme afin de visualiser les structures faisant partie de son système reproducteur afin de découvrir des anomalies possibles. Grâce à cet examen, on pourrait voir par exemple des ovaires polykystiques qui peuvent être à l’origine de troubles hormonaux et indirectement de problèmes de fertilité.
L’échographie ovarienne transvaginal
En passant par les voies naturelles, via le vagin, le médecin peut introduire une sonde spécifique afin de visualiser, grâce à la technologie d’une échographie, le volume approximatif de l’ovaire et aussi s’arrêter sur les follicules qui contiennent les ovules afin d’en apprécier leur grosseur et leur nombre.
Cet examen précis permet ainsi de déterminer la réserve d’ovules dans l’ovaire chez la femme en question et pourrait même servir à suivre l’évolution et la maturation du follicule après l’administration d’un traitement pour favoriser le processus ovulatoire. La femme peut avoir peu d’ovules dans sa réserve, moyennement ou beaucoup.
L’hystérosalpingographie (HSG) ou hystérosonographie
Même si certains tests sont plus invasifs, ils demeurent quand même essentiels dans la recherche des causes de l’infertilité.
L’hystérosalpingographie et l’hystérosonographie sont deux examens pratiqués à l’hôpital ou en clinique privée.
L’hystérosalpingographie est une radiographie que l’on fait de l’utérus et de la trompe pour investiguer les troubles structuraux. Pour ce faire, un liquide opaque aux rayons X est introduit via le vagin. Le produit devrait ensuite se répartir dans l’utérus et les trompes en suivant l’anatomie fonctionnelle.
Par la suite, on fait des radiographies pour suivre le chemin parcouru par le produit de contraste. On vérifie la perméabilité des structures jusqu’au bout des trompes de Fallope, comme le feraient les spermatozoïdes vers l’ovule au moment de la fécondation.
L’hystérosonographie est un examen qui utilise plutôt l’échographie pour visualiser l’utérus et une partie des trompes de Fallope. Le médecin introduira aussi un tube souple dans le col de l’utérus de la femme. Ce tube sert à injecter une solution physiologique. Une échographie sera pratiquée en même temps que l’injection pour voir si le liquide peut circuler librement au travers des structures. Cet examen évite les réactions allergiques possibles au produit opaque nécessaire lors de l’hystérosalpingographie et est habituellement peu incommodant pour la femme.
S’il arrivait que le liquide ne se rende jamais au bout des trompes de Fallope, on pourrait interpréter que les trompes ou la trompe de Fallope est bloquée et influe sur le processus de la fécondation.
La survenue d’infections transmises sexuellement dans le passé telles la chlamydia ou la gonorrhée peut avoir provoqué l’inflammation locale dans les trompes de Fallope et contribué à augmenter les risques d’anomalies à ce niveau.
C’est pourquoi on doit aussi valider l’état des trompes lorsqu’on veut découvrir les causes possibles à l’échec de la conception.
La laparoscopie
Une laparoscopie est une chirurgie mineure qui permet l’introduction d’une caméra et divers appareils chirurgicaux spécialisés via une petite incision pratiquée près du nombril pour regarder à l’intérieur de l’abdomen de la femme pour dépister, la plupart du temps, l’endométriose. Cette intervention est moins drastique qu’une chirurgie plus invasive où la femme est souvent sous anesthésie générale.
La laparoscopie veut traiter certaines problématiques comme l’endométriose ou les adhérences qui peuvent être en cause lors d’une difficulté à concevoir.
L’endométriose touche habituellement la première couche de la muqueuse de l’utérus, l’endomètre. On remarque chez les femmes qui font de l’endométriose, une croissance exagérée des cellules qui forment l’endomètre, ce qui amène de l’inflammation au site provoquant des symptômes menstruels très importants comme la douleur au ventre, les saignements anormaux et aussi des inconforts ou douleurs sexuelles.
Cette inflammation locale de la muqueuse de l’utérus peut rendre le site incapable de recevoir l’œuf fécondé pour la nidation et être un facteur qui joue sur la fertilité.
La laparoscopie permettra d’aller enlever les plaques d’endométriose directement dans l’utérus afin augmenter les chances de grossesse ou de faire une biopsie de l’endomètre pour fin d’analyse.
Pour ce qui est des adhérences au niveau de l’abdomen, quand on parle d’adhérences, on parle de tissus fibreux qui se forment souvent lors d’une maladie inflammatoire, comme par exemple l’endométriose que je viens de décrire.
Ces tissus dysfonctionnels s’attachent à la surface de différentes structures, organes qui sont proches physiquement et normalement séparés en les liant les uns aux autres dans la cavité abdominale.
Bien souvent, cette situation crée des douleurs au ventre pour la femme et elle peut aussi endommager le système reproducteur dans ses différentes parties. Une trompe de Fallope qui est contrainte dans sa mobilité par des adhérences qui empêchent son bon fonctionnement peut être à l’origine d’une problématique de fertilité. Pour enlever ces adhérences incapacitantes, la laparoscopie peut être une intervention appropriée pour aider à corriger la situation. Même si cette intervention est encore pratiquée dans certaines régions mais dans de rares cas. On voit de moins en moins sa pertinence puisque les connaissances médicales ont montré que 50% seulement de ces femmes auraient vraiment de l’endométriose et même si on brûle ces plaques via la laparoscopie, cela augmenterait que de façon modeste les chances de conception chez les femmes de moins de 35 ans quand tout le reste des tests était normal et qui essai depuis moins de 3 ans. Cela dit, la pratique actuelle va plus dans le sens de traiter la femme avec des hormones ou avec l’insémination et il semble que ces interventions aident en même temps, la réduction de l’endométriose mais de façon indirecte.
Comme vous avez pu le constater, plusieurs options de tests ou analyses peuvent vous être proposées pour aider à mieux comprendre la problématique derrière votre difficulté à concevoir. Comme on dit, vous n’aurez pas à tout passer ces tests automatiquement, votre intervenant veillera à circonscrire les plus pertinents selon votre histoire.
Et si on s’attardait maintenant à la démarche à laquelle les hommes devront aussi s’attendre. Je vous attends au billet Tests au masculin en infertilité pour la suite.
Marie
La spécialiste des bébés