Frein de langue de bébé trop court : couper ou non?

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Avez-vous déjà entendu parler de nouveau‑nés qui naissent avec un frein de langue trop court (petit filet de peau sous la langue) pour pouvoir sortir la langue au-delà de la lèvre inférieure? Ou d’un frein de lèvre (ou labial) trop serré? Cette situation n’est pas dramatique pour bébé, mais elle peut être la cause de plusieurs désagréments.

Selon les études disponibles, c’est entre 4 à 10 % des nouveau‑nés, et 2 fois plus de garçons que de filles, qui en sont atteintes.

En milieu médical, on nomme un frein de langue court ankyloglossie. On considère cette condition comme une anomalie congénitale (présente dès la naissance) courante. Selon la Société canadienne de pédiatrie, il n’y a pas de consensus sur les critères pour diagnostiquer l’ankyloglossie, mais selon les études disponibles, c’est entre 4 à 10 % des nouveau‑nés, et 2 fois plus de garçons que de filles, qui en sont atteintes.

Il s’avère également que cette situation particulière n’apporte aucun inconvénient à 2 bébés sur 3. De plus, on remarque que les prédispositions génétiques et familiales sont aussi présentes lors des évaluations.

Les conséquences d’un frein de langue trop court

Puisque le bébé a une mobilité restreinte de sa langue, il lui est difficile d’assurer une bonne prise du mamelon de sa mère lors de l’allaitement, ce qui provoque bien souvent des blessures et de la douleur à celle-ci. Avec un frein de langue trop court, le bébé doit faire des efforts soutenus pour maintenir sa succion et avoir suffisamment de lait. Cela explique parfois pourquoi il se fatigue plus vite et qu’il relâche sa tétée.

Un frein labial empêche aussi le bébé de bien sceller l’aréole en ouvrant grand la bouche. Conséquemment, il avalera beaucoup d’air, ce qui se traduira ensuite en gaz, reflux et même parfois en coliques. Vous comprendrez qu’à la longue, cette situation peut engendrer des problèmes de production de lait et aussi de prise de poids chez le poupon, d’où la nécessité d’avoir un suivi pondéral avec ce dernier.

Plusieurs professionnels peuvent évaluer et traiter l’ankyloglossie au Québec. On trouve d’une part, des cliniques multidisciplinaires en allaitement, ou bien des médecins, infirmières et consultantes en lactation qui travaillent de pair pour arriver à soutenir au mieux la dyade mère-enfant dans leurs difficultés. Des chirurgiens pédiatriques, pédiatres, oto-rhino-laryngologistes, dentistes ou médecins de famille peuvent procéder à la frénectomie s’ils ont reçu la formation au préalable.

Comment savoir s’il est nécessaire de couper le filet de langue ou pas (frénectomie ou frénotomie)?

Chaque cas est différent et demande une investigation complète en lien avec les conséquences potentielles, avant de favoriser et de suggérer l’intervention. Il n’y a pas de moment idéal déterminé pour procéder à une frénectomie selon la mise à jour en allaitement de 2023.

Au départ, il faut voir si on peut d’abord travailler la position d’allaitement, afin de faciliter la mise au sein et la durée de la tétée par le bébé. La frénectomie n’est jamais une première option. 

On tentera en premier lieu de :

  • Soulager la mère;
  • Guérir ses blessures, s’il y en a;
  • Soutenir l’allaitement par diverses positions aidantes, en considération du frein court;
  • Optimiser la prise du mamelon;
  • Augmenter la production de lait au besoin avec de la dompéridone, si la stimulation du bébé reste insuffisante.

Toutefois, si cela ne fonctionne pas, les associations professionnelles soutiennent la frénectomie (coupure du frein de langue) dans les cas jugés nécessaires, puisque cette intervention semble améliorer de façon significative les mouvements de la langue du bébé et qu’elle favorise une meilleure tétée.

De ce fait, même si un bébé à un filet de langue court, cela ne veut pas dire que l’on devra le couper. Seul le ressenti de la mère allaitante nous guidera. Si elle est blessée aux mamelons lors de la tétée et/ou à des douleurs importantes persistantes malgré les tentatives mises de l’avant pour aider la situation; oui, la frénectomie sera possiblement recommandée, car les bénéfices de l’allaitement sont plus grands que les inconvénients potentiels chez le bébé de subir une frénectomie.

Certains intervenants ajoutent même que cela préviendrait des difficultés d’élocution et aussi des problèmes futurs au niveau de la dentition, le « parler sur le bout de la langue », par exemple. Enfin, il ne faut pas oublier la prévention des complications possibles à long terme : la croissance des maxillaires supérieur et inférieur, des voies respiratoires supérieures, de l’expansion adéquate au niveau du palais, du positionnement dentaire et aussi, de l’occlusion et de l’apparition de l’apnée du sommeil. Chose certaine, après une frénectomie, il faut assurer un suivi à la mère.

Il existe plusieurs types d’interventions pour couper le frein de langue. Les voici donc, expliqués ci-dessous.

La chirurgie avec ciseau ou scalpel

Ce sont les médecins ou les dentistes qui pratiquent cette intervention, après avoir reçu la formation nécessaire. Certains de ces professionnels se trouvent dans le réseau public de la santé et d’autres proposent leur service en privé avec des coûts associés. Le plus souvent la chirurgie est très rapide et se fait en bureau avec un ciseau ou un scalpel. On pourrait vous proposer de donner de l’acétaminophène à votre bébé avant la procédure puisque la majorité des études ne suggèrent pas d’anesthésie locale chez les enfants de moins de 3 ou 4 mois de vie. Pour immobiliser bébé et éviter qu’il ne bouge lors de l’intervention, on l’emmaillotera et un assistant aidera à la procédure. Idéalement, on mettra le bébé au sein tout de suite après l’intervention pour la tétée de réconfort et on pourra créer un climat sécurisant et doux avec le peau à peau, la lumière tamisée et la douce musique en fond par exemple.

Les complications à cette intervention sont très rares :

  • Dans 3 à 5 % des cas, un saignement léger venant du muscle;
  • Une infection dans les jours suivants;
  • La coupure du canal de Wharton, qui est un canal d’évacuation de la salive;
  • Le réattachement.

L’approche chirurgicale par laser

Une autre approche chirurgicale est maintenant possible, le laser. Actuellement, les données scientifiques de 2022 ne montrent pas une supériorité du laser, comparativement au ciseau. La pratique de cette façon de faire demande un appareillage et une formation. La chirurgie au laser comporte des avantages indéniables lors d’une frénectomie :

  • Cautérisation immédiate : cette technique médicale referme les vaisseaux sanguins à mesure de la chirurgie et limite ou annule les saignements en post-opératoire;
  • Réduction de l’inflammation, car moins de traumatisme tissulaire. Le tout guéri plus rapidement par le fait même;
  • Moins de douleur après la chirurgie : moins d’inflammation amène moins de pression;
  • Le laser est un bactéricide, c’est-à-dire qu’il élimine le risque d’infection durant l’opération;
  • Moins de risque de réattachement.

Selon le dentiste Dr. Duc‑Minh Lam‑Do qui pratique régulièrement cette technique, l’utilisation du laser n’est pas nouvelle en dentisterie pour traiter différentes problématiques buccales. La frénectomie en fait partie, et ce, à tout âge. L’intervention ne dure que 15-20 secondes pour chaque frein (si plusieurs). Le parent peut assister à la procédure avec le port de lunettes adaptées.

Le coût peut représenter plusieurs centaines de dollars en comptant les frais de consultation et la chirurgie.

Après la procédure, l’intervenant pourra vous suggérer de faire certains exercices d’étirement et de succion avec votre doigt dans la bouche du bébé afin d’éviter que le filet de la langue ou de la lèvre se rattache, et ce, 3 à 5 fois par jour pour au moins 2 semaines (jusqu’à 4 semaines facilement). Oui, oui, vous avez bien lu! Malgré le fait que le frein de langue de votre bébé ait été coupé, la nature fait parfois en sorte que le tout se fusionne à nouveau avec le temps. C’est pourquoi, les exercices sont essentiels pour prévenir ce rattachement et aussi pour ramener la flexibilité des tissus. On réévalue 2 semaines plus tard, lors du suivi, s’il est nécessaire de continuer les exercices un certain temps ou pas.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Merci au Dr Lam‑Do pour le partage de son expertise dans ce domaine.

Mise à jour de l’article : mars 2025.

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