Bien que le développement affectif et émotionnel soit plus discret dans la première année de vie, il n’en demeure pas moins important pour le développement de ses compétences et habiletés sociales et affectives.

Lors des suivis de croissance et de développement du bébé après sa naissance, l’intervenant de la santé tient compte de l’enfant dans son entièreté, touchant à la fois : la motricité globale et fine, le langage, les aptitudes sociales et la sphère cognitive (résolution de problèmes), toujours selon son âge et son histoire.

Dans cet article, nous nous concentrerons davantage sur le développement moteur et sensoriel des bébés nés à terme et en santé, de la naissance jusqu’à 1 an.

Le rythme d’évolution de l’enfant

Chaque enfant a son rythme d’évolution qui lui est propre et ses capacités de développement. Vous comprenez que les enfants nés prématurément ou avec une problématique de santé auront un développement moteur qui sera modulé en fonction de leur condition. C’est pourquoi le rôle du parent est d’accompagner et de stimuler leur bébé dans les différentes phases et étapes d’évolution pour favoriser le développement maximal de ses capacités. Dans ce cas précis, stimuler veut dire « encourager » votre bébé, par des gestes naturels ou provoqués, de façon répétitive, afin qu’il intègre de nouvelles activités dans son quotidien.

Voici un lien très intéressant vers les outils pratiques que les intervenant.es du CHU Sainte-Justine produisent via l’ABCdaire comme référence, selon l’âge de votre bébé.

Sur le dos, sur le ventre et sur le côté!

Depuis la venue des directives de l’Institut de la santé publique du Québec et de la Société canadienne de pédiatrie concernant le dodo « sur le dos » des bébés, afin de prévenir le syndrome de la mort subite du nourrisson, on remarque que plusieurs parents pensent, à tort, qu’ils sont obligés de coucher leur bébé ainsi en tout temps, ce qui limite grandement leur développement moteur.

Le bébé doit être mis régulièrement en position ventrale, c’est un essentiel dans son exploration sensori‑motrice. Chaque jour, on peut facilement mettre le bébé sur le ventre de 10 à 15 fois. Il apprendra ainsi à lever sa tête, à mettre du poids sur ses mains, à lever ses fesses, à ramper, à marcher à 4 pattes, puis à se soulever et ensuite marcher. Le changement de couche est souvent un bon moment pour le faire de façon répétitive.

Coucher bébé continuellement sur le dos peut créer un décalage dans les performances motrices à acquérir par les bébés pour se déplacer. Sous surveillance, il n’y a aucun problème, bien au contraire, de coucher le bébé sur le ventre, sur les deux côtés, en alternance, pour favoriser une variation des positions de sommeil dans un 24h.

La pratique du peau à peau chez le jeune bébé est très aidante également, puisqu’elle favorise la position ventrale du bébé sur son parent et prévient en même temps la plagiocéphalie (tête plate) positionnelle chez les nouveau‑nés.

Un bébé aura souvent une tendance naturelle à faire ce qui semble le plus facile, le plus simple pour lui, afin de minimiser l’effort à mettre pour arriver à son but. C’est pourquoi on peut qualifier certains bébés de plus paresseux ou plus passifs. Ils demanderont davantage de stimulation, d’encouragement pour provoquer le désir de faire autrement.

Même si le développement d’un enfant est un processus dynamique et individuel, on doit parfois, comme parent, donner un petit coup de pouce à certains apprentissages. Aussi, quand un intervenant évalue un bébé dans son développement, il regarde l’ensemble de la situation, la globalité de l’enfant avant de rendre son jugement clinique et de faire son diagnostic.

Les deux premières années de vie d’un enfant sont cruciales au niveau du développement sensori‑moteur (sens et activité). C’est à cette période précise que l’enfant construit les bases qui lui serviront tout le reste de sa vie. C’est une période sensible qui demande une stimulation optimale avec un « ni trop », « ni trop peu ». Quand l’environnement est stimulant et encourage ses apprentissages, le bébé deviendra un enfant vif, confiant et sûr de lui. Comme parent, il ne faut pas viser à accélérer le processus développemental de son enfant en le « surstimulant ». Rappelez‑vous qu’un bébé qui semble bien en avance sur les étapes habituelles, ce n’est pas toujours positif. Escamoter certaines étapes peut lui causer plus de tort que de bien à court, moyen et long terme.

Les fondements du développement physique d’un bébé

Les fondements du développement physique d’un bébé sont multiples. Les bébés se développent toujours de la tête aux pieds et du tronc aux extrémités. C’est pourquoi, votre bébé apprendra à soutenir sa tête, à la relever puis à s’asseoir avant de se lever et de marcher. C’est aussi vrai de dire qu’il développera les premiers mouvements de ses bras avant d’expérimenter la pince, la dextérité fine avec ses doigts.

Un bébé est une vraie éponge devant les multiples stimulus qui l’entourent. On sait que le cerveau d’un bébé contient 100 fois plus de cellules neurologiques disponibles comparativement à celui d’un adulte.

Selon la connaissance actuelle, le développement des bébés est séquentiel, prévisible et cumulatif. Ce qui veut dire que le bébé doit acquérir des préalables pour arriver à réaliser certaines activités. Étape par étape.

Le jeu

Le jeu demeure la formule de choix pour l’apprentissage des bébés et des enfants. Le bébé aime la nouveauté, il est attiré par des objets différents et des apprentissages à faire. Quand le bébé est petit, il faut tenir compte de ses périodes d’éveil, de sa disponibilité à apprendre. C’est important de trouver le bon moment pour que cette rencontre soit faite dans le plaisir, autant pour le bébé que pour son parent. Avec le temps, le bébé sera de plus en plus éveillé et il aura encore plus de temps et de disponibilité à jouer avec vous selon son rituel de dodo, de repas, etc.

Le meilleur endroit pour jouer et stimuler le bébé est le sol. Le sol est le meilleur terrain de jeux qui soit pour un bébé. Simplement qu’i soit en sécurité lorsqu’il s’y retrouve. Pas besoin d’avoir des accessoires et des équipements particuliers pour aider son développement, vous avez déjà tout ce qu’il faut à la maison.

Un bébé allaité par sa maman est stimulé dans les 5 sens : odorat, vue, toucher, ouïe et goûter. C’est une activité complète très stimulante pour un bébé en plein développement cérébral.

Les garçons et les filles font leurs apprentissages différemment mais ils arriveront au même point de manière différente. Souvent on entend que les bébés garçons sont plus moteurs et d’autres diront que les filles parlent plus rapidement. N’oubliez pas que chaque enfant a son rythme de développement, fille comme garçon. C’est pourquoi, on parlera de moyenne d’âge pour parler de l’acquisition de certains apprentissages à faire, et ce, pour respecter encore une fois le rythme de chaque enfant.

La motricité libre

La motricité libre est un concept qui a fait son apparition dans les années 60 en Hongrie avec la pédiatre Dre Pikler qui préconise qu’on laisse le bébé apprendre à bouger à son rythme en favorisant un environnement adapté et sécurisant qui l’encouragera, le stimulera à maximiser ses capacités développementales. Ainsi, les parents qui pratiquent cette façon de faire limiteront leur aide face à des acquisitions à faire chez leur bébé, mais ils mettront en place un environnement favorable et des jeux qui amèneront ce dernier à faire l’effort, à vouloir réaliser une nouvelle activité selon son rythme et par lui‑même.

La motricité libre n’est pas de laisser le bébé seul et d’attendre qu’il fasse un nouvel apprentissage au hasard et sans surveillance. Non, c’est de mettre en place un environnement favorisant et de surveiller qu’il acquiert à sa façon les différents apprentissages selon son âge.

L’utilisation des accessoires de bébé

L’utilisation des accessoires de bébé doit être faite prudemment. L’ensemble des professionnels de la santé spécialisés dans le développement des enfants vous diront d’éviter les articles vendus pour bébé qui limitent grandement leur liberté de mouvement et qui peuvent également interférer négativement dans le développement musculaire en raison de mauvaises postures. On peut parler ici de Jolly Jumper, Bumbo, soucoupe, coquille pour la voiture, chaise vibrante, balançoire, etc.

Il ne faut pas se sentir coupable de les utiliser à l’occasion, mais il faut comprendre qu’il faut limiter leur utilisation au maximum, et ce, quand le sol n’est pas une option.

En ce qui concerne le Jolly Jumper, le Bumbo ou la soucoupe, il ne faut jamais y déposer bébé avant 6 mois de vie et qu’il tienne bien sa tête et son haut de corps. Il n’y a aucun avantage développemental à utiliser ce genre d’accessoires. Si on les utilise, la durée ne devrait pas excéder 10‑12 minutes à la fois.

Le développement moteur des nourrissons (0‑12 mois)

Pour bien mettre en lumière le développement des bébés dans leur première année de vie, j’ai rassemblé mes explications par trimestre, soit de 0‑3 mois, de 4 à 6 mois, de 7 à 9 mois et de 10 à 12 mois. Afin de bonifier les informations sur le développement à chaque tranche d’âge, j’ai ajouté des activités que vous pouvez faire comme parents avec eux pour aider leurs apprentissages.

Des fiches développementales réalisées par des physiothérapeutes de l’Institut de réadaptation de Québec (IRDPQ) sont aussi mises à votre disposition dans les billets en fonction de l’âge.

Retrouvez le tout juste ici : Développement moteur des bébés de 0 à 3 mois et de 4 à 6 mois.

Vous pouvez aussi visionner la vidéo Facebook en direct sur le développement moteur des 0 à 12 mois que j’ai faite avec Cynthia Fontaine, physiothérapeute.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Mise à jour de l’article : juin 2024.