Photo - La vitamine C contenue dans les fraises aide à l'assimilation du fer par bébé

Que veut dire alimentation autonome du nourrisson (baby led weaning ou DME)?

Postnatal>Vos questions

L’appellation « alimentation autonome du nourrisson  », baby led weaning ou diversification alimentaire menée par l’enfant (DME) a fait son apparition au cours des dernières années pour désigner une autre manière de donner des solides à bébé, c’est une approche et non pas une technique. Ce mode d’alimentation consiste à offrir des morceaux d’aliments rapidement au bébé, sur sa table, pour l’habituer à toucher, à aller chercher, à amener à sa bouche seul, à explorer les différentes textures et à répondre lui‑même à son appétit. 

Ce concept fait fi des purées puisqu’on compte habituellement moins de 10 % de purées ou d’aliments donnés à la cuillère ce qui fait que cette approche n’exclut pas complètement les purées mais au besoin seulement. L’enfant s’alimente par lui-même en agrippant les morceaux d’aliments avec ses doigts en pince et en les portant à sa bouche.

Six points résument l’approche de la DME: Les aliments sont offerts sous forme de morceaux, les repas sont équilibrés et similaires à ceux de la famille, le développement des habiletés se fait au rythme de l’enfant, l’écoute des signaux de faim et satiété guide les quantités, les repas se prennent en famille et le bébé mange seul sans aide.

Cette pratique nous vient de la Nouvelle‑Zélande et du Royaume‑Uni mais ici au Canada, nous n’avons pas encore de données probantes à cet égard. La province de l’Alberta et la Nouvelle‑Zélande ne recommandent pas la pratique de la DME.

Jusqu’à présent, Santé Canada et la Société canadienne de pédiatrie mentionnent que bébé peut prendre des aliments en petits morceaux à partir de 9 mois, mais sans plus. Il n’y a pas beaucoup de grandes recherches qui documentent l’alimentation autonome du nourrisson. Les réseaux sociaux comptent parmi les sources d’information aux parents et ils sont très rarement crédibles, sécuritaires et bons à suivre.

Toutefois, l’étude BLISS publiée en 2015 suggère une alimentation autonome « modifiée » qui propose un heureux mélange des aliments en morceaux avec ajout de purées, pour bien combler les besoins d’un bébé jusqu’au moment où il pourra manger comme ses parents.

Certains professionnels de la santé comme les ergothérapeutes peuvent vous expliquer comment la purée aide le mouvement de la langue d’un bébé pour apprendre à recevoir des textures différentes, et ce, afin de mieux apprivoiser les aliments en morceaux qu’il devra mastiquer et avaler par la suite.

Les raisons évoquées par les parents pour adhérer à l’alimentation autonome du nourrisson

Les raisons évoquées par les parents pour adhérer à l’alimentation autonome du nourrisson varient beaucoup et certaines peuvent être très farfelues:

  • il peut explorer une variété de couleurs et de textures;
  • permets de sentir la nourriture avant de la manger;
  • permets la motricité et la coordination pour son développement physique (progression rapide de la motricité fine);
  • peut aider la confiance en soi (attitude positive face à la découverte alimentaire);
  • peut contribuer au développement des muscles de la mastication et aider la digestion;
  • donner un sentiment d’indépendance;
  • organisation familiale pour les repas plus faciles (tous mangent la même chose);
  • peut diminuer les coûts d’achat de nourritures spécifiques au bébé;
  • peut réduire l’obésité (rythme dicté par l’enfant, respect de la satiété);
  • avoir moins d’aversion aux différentes textures;
  • peut aider au développement de l’autonomie de l’enfant.

Pour pratiquer l’alimentation autonome du nourrisson avec des morceaux, il faut tenir compte des signes physiques qui montrent que bébé est prêt (voir le billet sur l’alimentation de bébé).

La DME se pratique après 6 mois seulement et le bébé doit être en mesure de rester assis sans aide dans sa chaise lors du repas avec la famille. Le bébé doit être né à terme et en santé avec un développement harmonieux. Le bébé doit aussi être en mesure de tourner la tête de gauche à droite et de haut en bas et finalement, il peut de lui-même porter des aliments à sa bouche. Les parents pourront alors donner des morceaux de chaque groupe alimentaire, afin de s’assurer qu’il mange de tout et remplisse ses besoins nutritionnels. Pour se faire, l’enfant doit être en mesure de prendre la nourriture et de la porter à sa bouche.

Ce que disent les recherches sur la DME

Le peu d’études faites encore sur ce sujet laisse encore beaucoup de place à l’interprétation et à de l’inconnu. Les études déjà effectuées l’on souvent été avec de petites cohortes de bébés et ne donnent pas d’informations claires sur le moment de débuter ce concept, les avantages réels, les façons de pratiquer la DME en toute sécurité et les inconvénients potentiels de ce genre d’alimentation.

Selon les recherches effectuées, il semble que dans les familles qui pratiquent la DME, les parents sont souvent plus scolarisés et les femmes allaitent plus longtemps aussi leur bébé. Il manque définitivement de connaissances et de recherches sur le sujet actuellement dans les écrits scientifiques pour conseiller cette alimentation de façon générale à tous avec tous les détails qui s’y rattachent en prévention.

Les risques à l’alimentation autonome du nourrisson

Les risques à l’alimentation autonome du nourrisson sont à prendre en compte lors de la décision du mode d’alimentation.

Fondés ou pas encore, à documenter dans l’avenir

  • Retard dans les courbes de croissance (poids et taille);
  • Risque d’étouffement:
  • Manque de sources de fer (peut provoquer l’anémie), zinc et de folates (B-12). Les céréales enrichies de fer ne se consomment pas avec les mains et elles sont moins données aux bébés dans ce type d’alimentation. Santé Canada recommande d’inclure à chaque repas des sources de fer;
  • Les fruits et légumes sont souvent les premiers aliments introduits dans la DME, ce qui augmente les risques d’anémie chez le bébé;
  • La qualité de la nourriture est moindre puisque les parents mangent plus d’aliments avec sel, sucre et gras;
  • Augmentation du gag reflex (réflexe nauséeux) et risque d’étouffement (modification du réflexe pharyngé durant la première année de vie des nourrissons) mais en respectant les précautions en tout temps cela diminue ce risque.

Les conclusions de l’étude BLISS nous laissent à l’idée que leur proposition pourrait être idéale puisqu’en combinant à la fois les morceaux et la purée à la cuillère, on pourrait éviter plusieurs inconvénients potentiels de la DME au sens simple de la pratique. Avec certains aliments qui ne sont pas solides comme les céréales de bébés enrichies de fer et le yogourt (a aussi du fer en supplément), on s’assure de combler certains besoins. On peut également laisser la cuillère au bébé pour qu’il manipule par lui‑même.

Par contre, selon la mise à jour en 2022, il n’est pas indiqué de pratiquer la DME avec un bébé qui fait beaucoup d’eczéma au visage, puisque la peau ainsi lésée pourrait augmenter l’impact des allergènes.

Photo - alimentation autonome du nourrisson (baby led weaning) Bien entendu, il faut éviter les morceaux trop gros pour les risques d’étouffement du bébé. Même si les aliments sont présentés petits, bébé peut avoir le réflexe de haut-le- cœur (gag reflex). Ce n’est pas un étouffement mais c’est davantage en lien avec la maturité du système nerveux et à une réaction face à une mauvaise mastication d’un aliment qui se retrouve trop vite dans l’arrière‑gorge. Il faut rester alerte et offrir des aliments sécuritaires qui n’entravent pas sa mastication et sa déglutition. C’est pourquoi, on dit qu’il est préférable :

  • d’éviter les aliments durs (morceau de pomme même si souvent suggéré dans les forums sur le web, gommes, bonbons, crudités, fruits séchés, vitamines à croquer ), ronds ou collants (mie de pain, guimauves);
  • que les aliments durs soient blanchis avant de les présenter au bébé. Si on prend une carotte entière par exemple, elle doit être chauffée suffisamment pour que le parent qui en prend une bouchée puisse se l’écraser dans son palais facilement;
  • de ne pas oublier les aliments riches en fer. Dans la viandes et volailles cuites à la mijoteuse en languette ou boulettes, le poisson poché ou en croquettes maison, du tofu en bâtonnets ou en tartinade, les légumineuses comme l’houmous, les oeufs en omelette ou cuits durs coupés et autres aliments enrichis avec des céréales de bébé avec fer comme des crêpes, gaufres et galettes. On donne souvent de l’avocat, des bananes, patates et brocoli, mais rien là-dedans n’apporte du fer au bébé, pourquoi ne pas rouler une banane dans les céréales de bébé par exemple, ainsi le bébé aura du fer et mangera par lui-même;
  • que l’aliment dépasse en bas et en haut de la main du bébé lorsqu’il l’agrippe, sous forme de languettes ou lanières;
  • que le bébé soit bien assis sur sa chaise;
  • que le bébé soit toujours sous surveillance et éviter les distractions;
  • de ne jamais mettre de la nourriture en morceau dans la bouche du bébé, il faut le laisser faire;
  • il faut y aller de façon progressive en respectant les habiletés du bébé qui se développent avec le temps. Vers 7-8 mois, il sera capable de prendre en pince à trois doigts l’aliment. Vers 9 mois, la pince à deux doigts c’est pourquoi, l’intégration des petits morceaux de la grosseur d’un dé comme un bleuet écrasé. Vers 12 mois, on observe que sa mastication est plus performante ce qui permet d’offrir des solides plus croquants comme des céréales sèches.
  • de varier les aliments fréquemment pour avoir tous les groupes alimentaires et des textures différentes;
  • d’être prêt pour faire la méthode de dégagement des voies respiratoires en cas d’étouffement.

Les inconvénients possibles à la pratique de la DME

Quand on pratique l’alimentation autonome de son bébé, il faut être patient et vigilant puisque les repas durent souvent 50 % plus long. Le bébé peut jouer avec la nourriture, écraser les aliments dans ses mains ou les jeter par terre et au final, on se demande s’il a bien mangé de tout et s’il a pris ou non suffisamment de nutriments pour son développement.

En conclusion, il est certain que d’autres recherches, expérimentations viendront sur la DME et nous mettrons à jour ces écrits au fur et à mesure des développements scientifiques pour votre connaissance. La plupart des professionnels en santé montrent une ouverture d’esprit vis-à-vis l’alimentation autonome du nourrisson mais avec certaines réserves qui sont propres aux inconvénients que cette méthode peut avoir à moyen et long terme sur le bébé. Seul l’avenir nous donnera des données supplémentaires qui permettront de mieux connaître ce concept et l’étude BLISS en cours pourra certainement amener un éclairage à notre savoir limité actuel.

Nous espérons que ce billet vous éclairera sur cette pratique.

Besoin de plus d’informations? Nous vous invitons à visionner la vidéo sur L’alimentation autonome du nourrisson ou la DME tournée avec Catherine Cusson, ergothérapeute.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

Mise à jour janvier 2023.

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