Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire?

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Pour connaître les caractéristiques du lactose en lien avec les allergies, voir le billet précédent Allergie ou intolérance au lactose.

 

Allergie à un aliment

L’on parle d’allergie alimentaire quand il y a une réponse immunitaire inadéquate et excessive suite au contact (en le mangeant) avec une composante d’un aliment (davantage les protéines), et qui se répète par la suite à chaque fois que le l’aliment est consommé.

Quand un bébé manifeste une allergie à un aliment, c’est que son système immunitaire (défense de l’organisme que l’on identifie par les IgE-médiée) est mis en jeu. Il s’active pour combattre un envahisseur indésirable contenu dans cet aliment et provoque une réaction d’intensité modérée à sévère à chaque fois que l’aliment est ingéré. Au début, chez un jeune bébé, la réaction peut être progressive lors d’un contact répété à l’allergène. Les signes viendront ensuite plus automatiquement après un certain temps. On peut identifier aussi une allergie mixte qui met en présence des signes supplémentaires cliniques comme : une réaction cutanée (ex: eczéma), une œsophagite ou une gastrite (inflammation qui touche l’œsophage et/ou l’estomac en réaction à l’absorption de l’allergène). 

L’allergie au lait est sans aucun doute la plus fréquente chez le bébé puisque la protéine du lait est la première donnée à un nouveau-né et touche 2.5% des nourrissons.

Dans le cas d’une allergie au lait, on peut observer l’apparition des symptômes en quelques minutes à 2 heures et la réaction dure quelques heures ou moins.

Puisqu’il y a libération d’anticorps dans la circulation sanguine lorsqu’il y a une allergie, on peut diagnostiquer les allergies plus importantes, appelées à IgE médié, via une prise de sang, un test cutané (test Pick ou avec un timbre) et aussi par un test de provocation orale. Pour le test de provocation orale, on le fait souvent directement à l’hôpital, sous surveillance de l’équipe médicale afin de réagir rapidement après l’ingestion de l’aliment allergène et de documenter la réaction de l’enfant dans un milieu contrôlé.

Quand on parle d’allergie grave à un aliment avec une réaction de type anaphylactique (hypersensibilité immédiate), la réaction peut être presque automatique, dans les minutes ou les deux heures qui suivent habituellement l’ingestion et parfois au contact de l’aliment. L’évolution reste toujours imprévisible. Les réactions peuvent être de nature gastro-intestinale, bouche, voies respiratoires, système cardiovasculaire, système nerveux central, yeux et aussi au niveau cutané dans 80 à 90% des cas. Elles peuvent être très sévères et mettre la vie en danger de l’enfant. L’évitement et l’auto-injecteur d’épinéphrine sont le traitement selon l’âge de l’enfant.

Intolérance à un aliment

L’intolérance, (appelé aussi allergie de type IgE non médié ou sans médiation) fait davantage appel à des malaises ou symptômes gastro-intestinaux qui surviennent après l’ingestion de certains aliments avec une intensité variable (inconforts, diarrhée, constipation, irritabilité, mucus). Ces réactions sont à la hausse chez les bébés et demeurent embêtantes, puisqu’il n’y a pas de test pour diagnostiquer l’intolérance. La plupart du temps, ce sont l’intensité des symptômes digestifs qui nous ramènent à cette conclusion même si le système cutané et respiratoire peut aussi être impliqué. Pour le très jeune enfant, l’intolérance aux protéines du lait de vache est sans aucun doute la plus fréquente puisque c’est la première protéine étrangère introduite dans l’alimentation d’un nouveau-né.

Une intolérance ne provoque en rien le système immunitaire du bébé, comme le fait une allergie franche. Donc pas de choc anaphylactique. Mais, l’intolérance peut provoquer une réaction inflammatoire au niveau intestinal dans les heures et même les jours qui suivent l’exposition et aussi créer des malaises au bébé.

Une intolérance peut toucher seulement le gros intestin (côlon distal), situation qui arrive souvent dans les 4 à 6 premières semaines de vie chez le bébé. Celle-ci est considérée comme la forme la moins grave d’intolérance. On peut voir chez un certain nombre d’enfants une intolérance qui va continuer de progresser vers le petit intestin, et dans la pire des situations, toucher tout le système digestif, de l’œsophage à l’anus. Dans le cadre d’une intolérance, le bébé n’a pas de problème de croissance, prend du poids adéquatement et se porte bien en général.

Elle ne se détecte pas dans le sang, ni par des tests faits sur la peau du jeune enfant puisqu’il n’y a pas d’anticorps en circulation dans le cas d’une intolérance. C’est pourquoi, on tentera de trouver l’aliment qui semble créer des réactions indésirables et on tentera de l’enlever de l’alimentation de la mère qui allaite, par une diète d’éviction ou d’exclusion pendant 2 à 4 semaines pour voir s’il y a amélioration du côté du poupon. Si le bébé boit de la préparation commerciale, il faudra ajuster la formule avec des protéines partiellement ou fortement hydrolysées pour aider la digestion et l’absorption par le bébé et ce, pour 2 à 4 semaines à la base.  Ensuite, très important de réévaluer la situation chez le bébé, car selon les mises à jour récentes du FMOQ 2024 sur le sujet, celles-ci montrent qu’il est préférable de réintroduire la formule de lait commercial qui contient du lactose au plus tard 3 mois après le changement, car le lactose est une source importante de calories pour la croissance du bébé et aide à absorber le calcium et le fer. De plus, le lactose aide à nourrir les bonnes bactéries de l’intestin (le microbiote) ce qui peut jouer positivement au final sur le développement neurologique et le système immunitaire pour mieux protéger le bébé des infections. C’est un peu pour imiter le lait maternel qui contient beaucoup de lactose qui contribue à la santé du bébé.

Pour la mère allaitante, inutile d’enlever trop de choses à la fois et priver la mère d’aliments sans conséquence pour son bébé. Pour cette dernière, on débutera par supprimer le lait puisque la protéine du lait est l’allergène le plus fréquent. Par la suite, on verra à éliminer (au besoin seulement) le soya puis les œufs, et si nécessaire (dans de très rares cas) on ajoutera l’éviction du blé, du maïs et du bœuf.

Si le symptôme chez le bébé est seulement des pleurs, des coliques ou une irritabilité, il n’est pas recommandé de faire un régime d’éviction ou d’opter pour une formule de lait hydrolysée, car il n’y a aucune donnée probante qui nous dit que cela améliore la situation outre le temps et la maturité (FMOQ 2024).

Si la réaction du bébé aux protéines de lait de vache est plutôt légère (que des inconforts sont présents, sans autre symptôme sévère), le simple fait de diminuer les sources de lait au quotidien chez la mère qui allaite améliore la situation, et ce, surtout si la maman consommait beaucoup trop de portions de produits laitiers dans une journée (3 à 4 recommandées).

Si la réaction du bébé aux protéines de lait de vache est plutôt sévère (vomissements, sang dans les selles, diarrhée sévère, dermatite, difficulté respiratoire ou urticaire généralisé), le régime d’exclusion pour la mère sera plus strict et demandera d’éliminer toutes sources de lait, même les traces dans plusieurs produits vendus et consommés dans notre alimentation de tous les jours soit : céréales, pains, soupes, sauces, friandises, vinaigrettes, etc.

On commence presque tout le temps par enlever toutes les sources de protéines de lait de vache (lait, crème, fromage, yogourt), puisque c’est l’allergène le plus répandu au Canada. Si on ne constate aucun changement, il faut revoir quel autre aliment peut causer des réactions au bébé et s’en abstenir encore pendant au moins 7 à 10 jours, puisqu’il faut habituellement 3 à 6 jours pour éliminer complètement les protéines de lait de vache dans le lait maternel.

Pour réintroduire progressivement des traces de protéines bovines via des produits laitiers dans l’alimentation de la mère qui allaite, et qui fait le régime d’éviction depuis au moins 3 mois, idéalement, il faut attendre que le bébé soit âgé de plus de 6 mois pour tenter la réintroduction de l’allergène, et ce, seulement s’il n’y a aucun symptôme important depuis 3 semaines. Si les symptômes reviennent lors de la tentative, on attendra à nouveau 3 à 4 semaines avant de tenter une nouvelle réintroduction (12 mois si le bébé est vraiment très fragile ou né prématurément).

À savoir qu’il n’est jamais conseillé de restreindre une nouvelle maman allaitante dans son alimentation à titre préventif, même s’il y a un vécu d’ intolérances ou d’allergies dans la fratrie. En évitant un aliment, on met encore plus à risque l’enfant à travers le temps.

Voici un outil pratique bien utile pour toutes les mamans aux prises avec un régime d’éviction, fait par Allergie Québec.

Au pays, on remarque souvent des allergies croisées comme le lait de chèvre et mouton à 90%, le soya à 10 à 15%, le bœuf à 10%, et d’autres plus rares, l’avoine, l’œuf, les autres grains (orge, mais et blé), un légume (ex : avocat), autres viandes et les poissons sont les allergènes possibles au pays en ordre d’importance.  En Australie, le riz est le plus grand allergène et aux États-Unis, c’est le soya

Dans le cas de réactions plus graves, souvent il est conseillé de voir une nutritionniste spécialisée en pédiatrie et même un allergologue au besoin.

Journal d’alimentation

C’est une bonne idée de tenir un journal d’alimentation pour mieux s’y retrouver lors des suivis avec la nutritionniste, le médecin ou l’allergologue. Si un bébé réagit à un allergène, il se peut qu’il soit plus sensible à réagir à d’autres sources de nutriments avec un potentiel allergène, comme une céréale différente par exemple (autre grain, réagit).

C’est pourquoi lorsqu’on introduit les solides chez un bébé qui a manifesté des intolérances ou allergies dans ses premiers mois de vie, on suggère d’introduire plus lentement de nouveaux aliments, sans les retarder. On commence par les légumes et les fruits qui ont moins de risque de réaction puis on ajoute la viande (jamais avant 6 mois de vie) et les céréales plus tard. C’est bien d’avoir un suivi à ce niveau avec la nutritionniste pour voir l’évolution de la situation, avoir un suivi de croissance du bébé dans le temps avec l’ajout de différents aliments et ses réactions. Les parents ont besoin d’être guidés pour savoir quand réintroduire les protéines de lait dans l’alimentation de leur bébé et cela peut aller facilement à l’âge de 9 ou 12 mois.

Au départ, lorsque la réaction du bébé à un allergène était légère et que la condition du bébé s’est vraiment améliorée avec un régime d’éviction de la mère qui allaite, on tentera plus tard, après que le bébé ait 6 mois de vie, de réintroduire l’aliment allergène dans l’alimentation de la mère (comme des traces de protéines de lait). On voudra constater si les réactions réapparaîtront ou pas chez le bébé.

Ça ressemble à une provocation orale. On voit si l’enfant, malgré le fait qu’il a maturé au niveau de son tube digestif rendu à 9 mois, demeure ou pas fragile vis-à-vis la protéine du lait de vache. Si la réaction revient, on cesse à nouveau l’aliment et on peut réintroduire l’allergène après une période de 3 semaines sans symptômes chez le bébé. Si la réaction était sévère chez le bébé, on attendra après 1 an et même plus selon le cas, avec les indications de l’allergologue. On ira de façon très progressive.  Dans l’échelle de réintroduction des protéines du lait, on peut débuter par des traces de lait dans une recette qui sera cuite, comme dans des muffins ou des biscuits par exemple. Ensuite, une recette avec plus de lait comme dans les crêpes, les omelettes et progressivement, si toujours aucun symptôme chez le bébé allaité, on pourra passer au fromage sur la pizza pour finir par le lait à boire ou avec une portion de yogourt, de crème glacée ou de fromage.

Lors de l’introduction de certains aliments et allergènes, il est possible qu’un enfant réagisse de façon plus intense et développe le syndrome d’entérocolite (SEIPA). Celui-ci est induit par des protéines alimentaires et dans les faits, ce syndrome fait référence à une inflammation de la muqueuse de l’intestin grêle et du gros intestin (le côlon) et quand le système réagit à un aliment, dans ce cas c’est une réaction du système immunitaire de l’enfant qui intervient.Lors de ce syndrome, les vomissements et/ou la diarrhée surviennent souvent 2 à 3 heures après l’ingestion de l’aliment concerné et peuvent entraîner une déshydratation grave et des complications pour l’enfant. Les produits laitiers et le soya sont les deux allergènes associés le plus au SEIPA. Un suivi sporadique avec un allergologue et une nutritionniste sont à propos et chez la plupart des enfants, ce syndrome disparaît spontanément avant l’âge scolaire.

Pour les bébés qui reçoivent des formules de lait commercial et réagissent à celles-ci, il faut documenter toute l’histoire médicale du bébé et voir ensuite à suggérer un lait plus facile à digérer au besoin.

Il y a 5 % des nourrissons qui manifestent des réactions allergènes comparativement à 3 à 4 % chez l’adulte. Bon nombre des allergies alimentaires diagnostiquées avant l’âge de 3 ans s’estomperont avec le temps.

Mise à jour de l’article : avril 2024.

Pour poursuivre la lecture, allez au billet suivant Origines des allergies alimentaires.

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