Marie Fortier vivre une séparation ou un divorce

Vivre une séparation ou un divorce avec des enfants en bas âge

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Vivre en soi une séparation ou un divorce est un défi à surmonter pour un couple, imaginez lorsqu’il y a un ou plusieurs jeunes enfants à considérer dans l’équation.

Les jeunes enfants sont à la merci de leur environnement pour la découverte du monde qui les entoure, vivre des expériences afin de développer divers apprentissages qu’ils ont à faire, autant dans la sphère physique que psychologique, affective et sociale. Les parents sont, par leur rôle, les personnes les plus significatives au départ pour les accompagner au fur et à mesure du temps, et ce, pour assurer leur sécurité, leur stabilité et leur développement. C’est pourquoi on dit qu’un enfant en très bas âge est un être dépendant de ses expériences!

On peut affirmer sans se tromper, qu’un divorce ou une séparation de couple peut impacter directement sur le développement de l’enfant et plus particulièrement, pour un enfant de moins de 4 ans, puisqu’il est très sensible au climat et à l’environnement dans lequel il évolue dans cette jeune enfance.

Atténuer les conséquences possibles chez les jeunes enfants passera inévitablement par une reconnaissance parentale que leur nourrisson n’est pas en mesure de comprendre ce qui arrive à ses parents, et qu’ils doivent tout de même répondre à ses besoins dans une ambiance qui lui permettra de continuer d’évoluer dans son développement tant physique, psychologique qu’affectif.

Les statistiques de séparations et divorces au sein des couples

Ce n’est pas une surprise pour personne de constater une augmentation marquée des taux de séparations et divorces dans les dernières décennies au niveau mondial, et la période périnatale n’y échappe pas. Dans les pays industrialisés, ce taux a plus que doublé.

Ce que l’on observe particulièrement dans les dernières années réside dans le fait que les séparations arrivent souvent plus tôt, et peuvent se répéter par la suite dans des relations subséquentes, des familles reconstituées.

Il est évident que la pandémie de la COVID-19 n’a pas du tout amélioré ces statistiques plutôt sombres, bien au contraire. Hé oui! Avec le confinement imposé, on remarque jusqu’à présent une tendance croissante et bien réelle, du nombre des demandes de séparation depuis le début de la crise, et ce, encore plus chez les familles comptant des enfants en bas âge. L’augmentation du stress liée à la gestion du travail, à la perte de revenu, à la dynamique dans le couple préexistante, à la vie de tous les jours avec de jeunes enfants met à rude épreuve les couples et crée de la frustration et de l’irritabilité à la longue.

Vivre une séparation ou un divorce engendre à coup sûr des ajustements des plus importants pour une famille. Celle-ci engendrera aussi des changements marquants pour les jeunes enfants, vivant au cœur de ce bouleversement. Souvent les parents eux-mêmes sont souffrants et déstabilisés devant l’inconnu, l’incertitude quant à leur avenir et ils sont souvent moins en mesure d’offrir l’écoute et le réconfort habituel. Les nourrissons, de leur côté, sont très sensibles à leur environnement duquel ils doivent développer leur confiance, et la séparation de leur parent vient toucher directement le cadre de vie sécurisant et stable dont il pouvait jouir jusque-là.

Les éléments importants lors d’une séparation ou d’un divorce

Il y a plusieurs facteurs qui peuvent survenir lors d’une séparation. Certains peuvent aider, alors que d’autres auront tendance à nuire au vécu des enfants qui vivent cette dure réalité. Il est certain que si les parents se portent néanmoins assez bien dans la situation et réussissent à fonctionner quotidiennement selon leurs habitudes, cela aide énormément l’enfant dans tout le processus.

Voici trois éléments qui peuvent affecter d’une façon significative les jeunes enfants dans leur bien-être, et que les parents peuvent avoir un certain contrôle pour minimiser l’impact négatif possible:

  1. Le niveau d’hostilité entre les parents, la façon de gérer les conflits et d’éviter la violence.
  2. Le maintien du niveau des compétences et des pratiques parentales.
  3. Garder une relation parent-enfant chaleureuse et affectueuse.

Dans l’établissement d’une nouvelle réalité, tout est en mouvance et à redéfinir. Pour un nourrisson, les routines familiales sécurisantes sont des repères très importants pour maintenir un certain degré d’équilibre pour lui: sa chambre, son lit, ses jouets et s’il y a des animaux familiers dans la maisonnée aussi.

Un nourrisson n’est pas en mesure de comprendre la notion de temps. Si un objet rassurant ou une personne réconfortante disparaît et reste invisible plusieurs jours, cette personne n’existera plus pour lui, ce qui pourrait bien évidemment lui causer de la tension et du stress. Non seulement le jeune bébé peut être coupé d’un de ses parents pour un temps donné, mais aussi malgré son jeune âge, il peut être un témoin de querelles entre ses parents, qui le rendra encore plus insécure.

Les études scientifiques sur les conséquences possibles d’une séparation impliquant des nourrissons sont beaucoup moins documentées et étoffées que pour des enfants plus âgés.

Signes à reconnaître chez le jeune enfant

Le développement de chaque enfant est complexe et personnel, mais pour des nourrissons, ils ne peuvent pas s’exprimer au-delà de leurs capacités. Ils sont ainsi plus vulnérables en cette période de grande croissance, autant au niveau physique, cognitif, du langage, socialement et aussi émotionnellement.

Puisqu’ils sont des êtres très sensibles à leur environnement, on peut noter certaines manifestations cliniques nous faisant croire que les changements vécus dans le noyau familial se reflètent dans des réactions, des comportements du quotidien comme: des pleurs inopinés par exemple, de l’agitation, de l’agressivité, avoir un sommeil perturbé, manger moins, faire une poussée d’eczéma, avoir des vomissements et même, faire un peu de fièvre lors de changement de routine. À la longue, certains enfants plus sensibles pourraient s’isoler, montrer des signes de passivité et de dépression. La littérature nous mentionne qu’un enfant de 5 ou 6 ans pourrait éventuellement mieux comprendre le contexte de changement. C’est pourquoi il est primordial de prendre l’âge et le degré de maturité de l’enfant en considération lorsque vient le moment où les parents doivent prendre des décisions par rapport au temps parental accordé respectivement ainsi qu’à la possibilité d’envisager une alternance entre les résidences.

Les besoins d’un enfant en bas âge à considérer lors d’une séparation

Brazelton et Greenspan sont deux médecins professeurs en pédiatrie reconnus dans le domaine du développement psychologique infantile et ils ont dressé la liste des 7 besoins fondamentaux de l’enfant, indispensables à son développement psychologique.

1 – Le besoin de relations chaleureuses et stables

Un bébé est un être de relation! C’est par des interactions diverses qu’il réussit à entrer en contact avec les personnes qui l’entourent. Un très jeune enfant peut regarder quelqu’un, le fixer ou faire diverses mimiques et cela crée à la longue des échanges avec les personnes qui prennent soin de lui, auquel il s’attache graduellement. C’est ainsi que le processus d’attachement se développe et ce lien particulier qui l’unit à un adulte significatif génère, par le fait même, un sentiment de sécurité dans son intérieur.

Pour un très jeune enfant, la figure d’attachement se traduit souvent par la personne qui prend soin de lui le plus souvent avec chaleur et bienveillance, à l’occurrence, souvent la mère. Toutefois, les pères aussi peuvent occuper cette position privilégiée auprès de l’enfant ou une mère adoptive ou une personne significative autre qui a des contacts réguliers et répétés avec le petit qui permet de développer ce lien particulier entre eux.

2 – Le besoin de protection physique, de sécurité et de régulation.

Les jeunes enfants sont souvent déstabilisés devant des changements importants dans leur environnement. Un déménagement ou un divorce par exemple, un changement de garderie, l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur… tous ces évènements viennent perturber leur routine au quotidien.

Les nourrissons ont besoin de rituels, d’une vie la plus stable possible en famille et au niveau social et c’est ainsi que vient le sentiment de sécurité dans son environnement.

3 – Le besoin d’expériences adaptées aux différences individuelles.

On le dit souvent, chaque enfant est unique et dispose de son propre bagage tant au niveau émotionnel que relationnel, mais aussi au niveau de ses apprentissages et ce, selon son âge et sa maturité.

C’est pourquoi l’approche doit être individualisée et spécifique à l’enfant. Ce qui fonctionne pour un enfant peut être complètement désastreux pour un autre, et ce, même pour deux enfants de la même famille.

4 – Le besoin d’expériences adaptées au développement.

À chaque âge ses besoins.

Dès le 3e et ce jusqu’au 4e mois, le nourrisson apprend à se sentir sécurisé selon les expériences extérieures qu’il vit.

Entre 4 et 6 mois, c’est plutôt le développement de la sécurité intérieure qui lui permettra d’entrer en relation de confiance avec des personnes de son environnement.

Dans la tranche d’âge de 6 à 18 mois, c’est le développement du langage, des mots, de l’organisation de la pensée. Jouer, échanger, faire des activités qui évoluent avec le temps, selon ses apprentissages.

5 – Le besoin de limites, de structures, et d’attentes.

L’apprentissage d’un nourrisson dans son environnement de vie passe inévitablement par un encadrement doux, répété et patient. Les balises bien établies, enseignées de façon cohérente et avec une douce fermeté, font en sorte de conforter le jeune enfant à connaître les limites qui le rendent au final, plus sécure.

6 – Le besoin d’une communauté stable et de son soutien, de sa culture.

Il y a des personnes qui entourent un nourrisson qui peuvent contribuer à développer chez lui un sentiment d’appartenance, qu’il se sente aimé, intégré, accepté selon sa langue, sa culture, etc. Que ce soit à la maison, en famille élargie, à la garderie et plus tard à l’école, tous ces milieux sont aussi une source de développement personnel émotionnel important dans l’évolution d’un jeune enfant.

7 – La protection de notre avenir.

Avec l’éclatement des familles d’aujourd’hui, il faut rester soucieux vis-à-vis de l’enfant qui est, sans le vouloir, au cœur de la tourmente afin d’éviter les carences affectives, un manque de réponses à ses besoins essentiels qui pourraient avoir des conséquences majeures dans son devenir.

Les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain, notre société à venir!

Comment envisager le temps parental?

Les parents qui se séparent sont souvent préoccupés par comment va s’organiser la présence parentale auprès de leur enfant. Le terme temps parental est maintenant utilisé pour remplacer l’ancienne appellation de la garde des enfants après une séparation physique du milieu familial.

Certaines mères craignent le traumatisme potentiel de leur absence auprès de leur(s) enfant(s) et nombreux sont les pères qui ont peur de perdre le contact avec leur enfant en bas âge. C’est tout à fait normal de ressentir ses émotions. Chacun à leur façon vit des sentiments divers qui sont parfois difficiles à gérer individuellement et à concilier lors de discussions pour déterminer le temps parental à accorder respectivement auprès de leur enfant.

La réforme de la loi récente (mars 2021) sur les séparations et divorces énumère certains critères pour mieux évaluer la situation de chaque famille avant de déterminer le temps parental à accorder à chaque parent. Parmi eux, l’âge de l’enfant, ses liens affectifs, l’historique des soins qui lui sont accordés et aussi la présence de violence dans le milieu.

La nouvelle loi ne considère plus le temps parental 50/50 aux deux parents automatiquement. Il faut maintenant faire une analyse de la situation personnelle de chaque enfant impliqué dans l’éclatement de la famille.

Selon les études les plus documentées sur le sujet, il semble évident que ce n’est qu’après l’âge de 2 ou 3 ans que l’on peut envisager une séparation physique la nuit avec la personne avec qui il a développé le lien d’attachement le plus sécurisant, et ce, si la situation le permet.

Il n’y a pas de recette miracle pour personne malheureusement, ni de modèle parfait qui convienne à toutes les familles. Lorsque les deux parents sont aptes et compétents à exercer leur rôle actif auprès de leurs enfants, il y a des scénarios envisageables pour éviter de déstabiliser le plus possible le jeune bébé. C’est pourquoi, dans le contexte où un nourrisson est impliqué, avec ses besoins particuliers et ses limitations développementales, les juges peuvent opter, aux bénéfices de l’enfant, pour une solution temporaire progressive pour l’habituer tranquillement à la séparation, afin d’arriver éventuellement à une garde partagée. Cette vision favorise la garde exclusive au parent avec qui le nourrisson a développé le plus son lien d’attachement en accordant à l’autre parent des droits d’accès pouvant être très larges, voire même à tous les jours selon les réalités de chacun. Ces contacts répétés font en sorte que le parent qui habite ailleurs soit au fait des routines de sommeil, d’alimentation de son enfant au fur et à mesure du temps afin de favoriser les transitions au moment où viendra le temps de prendre l’enfant pour de plus longues périodes. Certains parents font le choix de s’échanger la maison familiale à tour de rôle et laisser le jeune enfant tout le temps dans son environnement familier et sécurisant.

Ce qui est clair dans le développement harmonieux d’un jeune bébé, c’est que l’enfant garde des contacts fréquents avec ses deux parents, puisque la notion de temps, de mémoire et d’image mentale du parent absent est limitée. Ces rencontres répétées favorisent la connaissance de l’un et de l’autre, permettent de créer une intimité entre eux et aident l’enfant à se sentir à l’aise et conforté dans une relation équilibrée avec ses deux parents.

Trucs pratiques pour aider l’adaptation d’un jeune enfant lors d’une séparation

Voici quelques trucs pour faciliter l’adaptation chez l’enfant:

  1. Des parents coopératifs qui tentent de minimiser le plus possible l’exposition de l’enfant à leurs conflits. Se montrer sécurisant auprès de l’enfant lors des transitions de temps parental et travailler en équipe pour répondre aux besoins de leurs enfants.
  2. Avoir un environnement familial stable et organisé. Des horaires plus stables et routiniers au départ pour favoriser un sentiment de sécurité. Minimiser le plus possible les changements dans d’autres sphères du quotidien.
  3. Établir un lien étroit avec la fratrie et les membres élargis de la famille.
  4. Dire aux enfants fréquemment que vous les aimez, de façon chaleureuse, avec des mots faciles et des manifestations d’affection répétées.
  5. Être parent, c’est aussi mettre des limites claires et cohérentes à son enfant, selon son âge, puisqu’il a besoin de limites pour se sentir en sécurité et protégé.
  6. Rester à l’écoute de l’enfant, de ses réactions, de ses émotions et de ses changements de comportements qui sont une façon de vous communiquer leur vécu.
  7. Idéalement, attendre que les enfants s’habituent aux changements associés à la séparation avant de les inclure dans une nouvelle relation amoureuse.
  8. Les parents doivent rester ouverts à modifier avec le temps, la présence parentale auprès de l’enfant qui grandit et vieillit, et présentent des besoins différents. Rien n’est coulé dans le béton et c’est normal de revoir le plan de match après un certain temps afin de s’assurer que le maximum est fait pour développer le plein potentiel de l’enfant.

En conclusion, il est évident que l’éclatement d’une famille est une épreuve difficile pour tous les membres concernés. Il demeure essentiel que les parents bénéficient de l’appui de divers services et programmes disponibles afin de réduire les impacts négatifs, tant sur eux-mêmes que sur leurs enfants, pour mieux traverser cette transition.

Il convient également de rappeler qu’une séparation ou un divorce n’altère en rien les droits et les responsabilités des parents envers leurs enfants. Un parent reste un parent, même si le couple n’existe plus. En mettant les besoins des enfants au cœur des priorités, cela favorise considérablement l’adaptation de toutes les personnes impliquées.

Marie Fortier
La spécialiste des bébés

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